Revue de presse · 2 déc. 2008 à 18:37
Le paysage politique compte désormais deux nouveaux partis. Samedi 29 novembre 2008, Jean-Marie Bockel et Jean-Luc Mélenchon ont lancé respectivement la "Gauche Moderne" et le "Parti de gauche". L'un se positionne au centre-gauche, l'autre à la gauche de la gauche, tous deux espèrent attirer les déçus du Parti Socialiste. Hasard du calendrier, ces deux partis ont tenu leur congrès fondateur le même jour. Retour sur la création de deux partis aux conceptions opposées mais qui se revendiquent pourtant tous deux de gauche.
- Métro : La Gauche Moderne joue sur l'ambiguïté
- Libération : Jean-Marie Bockel reçoit la droite à bras ouverts
- NouvelObs : Jean-Luc Mélenchon lance son Parti de gauche
A l'origine, "Gauche moderne" était un club créé par Jean-Marie Bockel lorsqu'il était encore membre du Parti Socialiste. L'année dernière, ce club s'était transformé en parti politique suite à l'entrée du maire de Mulhouse dans le gouvernement de François Fillon. Mais formellement, son congrès fondateur ne s'est tenu que le week-end dernier à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine. Parmi les personnalités politiques présentes au congrès, il y avait notamment Jean Sarkozy, conseiller général des Hauts-de-Seine, et François Fillon. Le Premier ministre en a profité pour taper un peu sur la gauche, au lendemain du congrès de Reims du Parti Socialiste. Il a ironisé sur les divisions du PS et l'absence de programme du principal parti d'opposition qui "n'a que pour seul ressort, pour seul projet l'antisarkozysme" selon François Fillon. En créant "Gauche moderne", le secrétaire d'Etat aux anciens combattants espère attirer à lui les "Sarkozystes de gauche", ceux qui votent à gauche mais qui souhaitent des réformes en profondeur en dépassant le clivage gauche/droite. C'est une manière de donner du sens politique à un ralliement tactique.
Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste, a lui aussi lancé son propre parti. Après avoir claqué la porte du Parti Socialise au lendemain de la victoire de la motion de Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon a lancé le projet d'un nouveau parti politique en compagnie d'un autre transfuge du PS, Marc Dolez, député du Nord.
Le coup était prémédité. Depuis le référendum sur la constitution européenne en 2005, Jean-Luc Mélenchon, qui avait fait une campagne active pour le Non et contre son parti, était à la marge du PS. Dénonçant la victoire de la social-démocratie au Parti Socialiste, le sénateur de l'Essonne défend des idées très ancrées à gauche. Il espère attirer à lui les déçus du PS qui ne se reconnaissent plus dans un parti qui glisse progressivement vers le centre. Le "Parti de gauche", lancé il y a moins d'un mois, a donc tenu son congrès fondateur ce week-end dans un gymnase de l'Ile-Saint-Denis en Seine-Saint-Denis. Etaient notamment présent Oskar Lafontaine, président fondateur de Die Linke (nouveau parti de gauche en Allemagne, concurrent du PS allemand), ainsi que des communistes et des militants de la LCR, venus assister en spectateur à la création d'un parti qui se place à la gauche du PS.
Dans un régime marqué par le bipartisme (UMP/PS), quel peut être l'avenir de ces deux formations politiques ? La Gauche moderne, qui existe depuis près d'un an, ne compte que 1000 adhérents et 150 élus municipaux. Parti allié de l'UMP, il ne doit son existence que grâce à la bienveillance du parti de Nicolas Sarkozy. Si "Gauche moderne" formalise l'ouverture à gauche pratiquée par le président de la République dans son gouvernement, il n'est pas sûr qu'il occupe un réel espace politique. Les difficultés avec lesquelles Jean-Marie Bockel s'est fait réélire maire de Mulhouse montrent l'incompréhension des électeurs face au concept de "Sarkozysme de gauche", idée très vague qui cache mal un ralliement de circonstance opéré par une personnalité mise au ban du Parti Socialiste. "Gauche moderne", "Nouveau Centre", ces partis plus modérés que le parti majoritaire sont entièrement dépendant de l'UMP. Faute d'une réelle consistance idéologique, le parti de Jean-Marie Bockel n'est pas certain de survivre après son départ du gouvernement.
Quant au Parti de gauche, il se situe entre le Parti Socialiste et le Nouveau Parti Anticapitaliste de Besancenot. Très à gauche, le Parti de gauche prétend vouloir gouverner à la différence du parti d'Olivier Besancenot, qui se place uniquement sur le terrain de la contestation. Mais avec le NPA, le Parti Communiste et Lutte Ouvrière, le Parti de gauche vient fragmenter un peu plus la gauche de la gauche. Même si Mélenchon compte construire un front uni avec les communistes et l'Extrême gauche pour les Européennes de 2009 en surfant sur le Non au référendum de 2005, l'avenir du Parti de gauche est très incertain à l'issue de ces élections. Un rapprochement avec le PC de Marie George Buffet ou le NPA d'Olivier Besancenot n'est pas à exclure.
Finalement, ces deux groupuscules politiques reflètent les deux aspects de la crise du Parti Socialiste. Le principal parti d'opposition est écartelé entre un courant à gauche qui dénonce les positions trop centristes du PS (Parti de gauche), et un courant de centre-gauche (proche des Radicaux de gauche) qui s'agace de voir l'immobilisme d'un parti devenu incapable de prendre le pouvoir faute d'une réelle rénovation idéologique (Gauche moderne). Dans les deux cas, ces partis risquent la marginalisation à moyen terme, comme le MRC de Jean-Pierre Chevènement ou le MNR de Bruno Mégret.
- Mais où est donc passée la gauche ?
- Comment la gauche peut-elle s'opposer au gouvernement ?
- Quelles sont les idées du Parti Radical de Gauche ?
- Les divisions de l'extrême gauche et la percée d'Olivier Besancenot
- Gauche moderne : Jean-Marie Bockel n'a pas encore recyclé son site web
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