Barack Obama aurait-il pu gagner en France ?

Présidentielle américaine · 4 nov. 2008 à 23:50

Barack Obama a l'Elysée

La France souhaitait majoritairement la victoire de Barack Obama. Pourtant, le pays se montre encore frileux quant à la présence d'élus noirs ou maghrébins au parlement. La France est très en retard du point de la représentation de la diversité : les Etats-Unis comptent 43 députés noirs à la Chambre des représentants. La France métropolitaine n'en compte qu'une seule : George Pau-Langevin.


Si les électeurs semblent prêts à un certain changement concernant la représentation des minorités, les partis demeurent encore conservateurs.

Une classe politique française peu diversifiée

En France (hors les départements d'Outre-mer), les élus de couleur sont rares. Pour le moment, quatre sénatrices sont d'origine maghrébine et une députée de Guadeloupe, précisément, est noire. Au gouvernement, Nicolas Sarkozy a tenu à ce que trois femmes issues des minorités visibles soient représentées : Rama Yade, Rachida Dati et Fadela Amara.
Par le passé, un noir, Gaston Monnerville, présida le Sénat pendant 22 ans entre 1946 et 1968. Il occupa également divers postes à très hautes responsabilités comme président du Conseil général du Lot pendant 19 ans et sénateur du département. De même, Kofi Yamgnane, qui possède la double nationalité franco-togolaise a été secrétaire d'État pour l'Intégration auprès du ministre des Affaires sociales de 1991 à 1993 et député socialiste du Finistère de 1997 à 2002.
Alors que ces expériences auraient pu lancer une nouvelle dynamique en offrant aux partis une plus grande diversité, elles demeurèrent quasi orphelines. Seuls quelques cas isolés parviennent à faire une carrière politique digne de ce nom.

Des responsables issus de l'immigration, élus dans les villes

Force est de constater que les élus issus de l'immigration sont non seulement rares mais surtout qu'ils sont élus dans des régions à forte population immigrée. Dans les départements d'Outre-mer, les politiques noirs sont légion. En métropole, ils sont nettement minoritaires. Hormis la sénatrice Bariza Khiari, élue dans le 16ème arrondissement de Paris, les autres se retrouvent dans des villes déjà fortement ouvertes à la diversité. Samia Ghali a été élue sénatrice à Marseille, Alima Boumediene-Thierry, sénatrice du Val d'Oise. Quant à l'unique députée noire, hors métropole, elle a été élue dans le 20ème arrondissement de Paris avec un écrasante majorité : 62,70% des suffrages.

La discrimination positive aux Etats-Unis

Il semblerait donc que la solution, puisque les électeurs se sentent prêts à ce changement et les partis réservés et conservateurs, soit le recours à la discrimination positive afin d'avoir une plus grande diversité. C'est ce qui se passe notamment aux Etats-Unis : les minorités visibles sont davantage représentées au sein de la société américaine grâce à la mise en place de quotas. Ainsi, depuis 40 ans aux Etats-Unis, on a imposé un système de représentation des minorités. Le président du CRAN milite d'ailleurs pour qu'en France, on instaure pendant 5 ans, 20% de diversité.

La discrimination positive serait-elle envisageable en France ?

Sur ce sujet, les avis divergent. Certains s'y opposent sous prétexte qu'il n'y a pas besoin d'une loi pour faire accepter l'élection de personnes issues des minorités visibles. D'autres au contraire sont persuadées qu'il faut appliquer en France le modèle américain avec une politique de quotas. La députée George Pau-Langevin ne souhaite pas obligatoirement une loi mais un débat, une véritable avancée du droit des minorités en politique. Le maire adjoint PS Louis-Mohamed Seye de Fontenay-sous-Bois a d'ailleurs créé une structure « Equité » située rue de Solferino pour promouvoir les candidatures de la diversité avant les élections.


Il semblerait qu'aujourd'hui en France le monde politique n'est pas encore prêt à accepter la diversité. Les partis restent conservateurs. Certaines municipalités ou régions se montrent plus ouvertes que d'autres mais dans l'ensemble, la classe politique ne correspond pas à la diversité de la France... jusqu'à quand ?

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