Quelles sont les causes du krach boursier mondial ?

Eco + Net · 7 oct. 2008 à 22:35

Krach Boursier

Personne n'avait imaginé que la crise financière serait d'une telle ampleur. Et plus aucun expert n'ose s'aventurer à annoncer une prochaine sortie de crise. Hier, un vent de panique a soufflé sur les places boursières. A Paris, le CAC 40 (cotation des 40 plus grandes entreprises françaises) a perdu 9,04 % en une séance. Francfort a de son côté terminé sur une baisse de 7,07 %, Londres était à - 7,85 % et Amsterdam à - 9,14 %. A Moscou, les deux bourses ont été fermées à deux reprises, et l'indice RTS a clôturé sur une chute record de 19,1 %. A Tokyo, la bourse a perdu -4,25%. Au Brésil, la bourse de Sao Paulo, première place d'Amérique latine, a fini en baisse de 5,43 % après avoir plongé jusqu'à - 15,06 % en cours de séance.


Comment expliquer ce vent de panique ? Les marchés boursiers sont-ils devenus fous ? Ou ne sont-ils que le reflet de la crise économique mondiale ?

1. Les fondamentaux de l'économie sont mauvais

Contrairement à l'idée reçue, les bulles spéculatives et les krachs boursiers sont extrêmement rares. Malgré le caractère irrationnel de la crise, la bourse reste donc un très bon baromètre de l'économie réelle. Or, tous les voyants de l'économie mondiale sont dans le rouge : la crise immobilière aux Etats-Unis est très grave, plusieurs millions de personnes se sont retrouvées à la rue, le ralentissement de l'activité économique est tout aussi préoccupant. La récession touche les principaux pays occidentaux. Le chômage remonte aux Etats-Unis. A WallStreet, la débâcle financière devrait entraîner la suppression de près de 100 000 emplois dans la finance.
En Europe, la situation n'est pas meilleure. Le secteur automobile commence déjà à montrer des signes de faiblesse sous le double choc de la baisse de la demande et de la pénurie de crédit. Les entreprises vont être touchées par la crise en raison de leurs difficultés à financer leurs investissements par le crédit. C'est donc bien la crise économique et le pessimisme ambiant qui expliquent la chute soudaine des valeurs boursières.

2. Les réponses des Etats-Unis et de l'Europe sont brouillonnes

Le plan Paulson, après plusieurs jours d'hésitation, a été adopté aux Etats-Unis : le gouvernement va dépenser 700 milliards de dollars afin de sauver le système financier. Mais la complexité de ce plan, applicable dans seulement quelques semaines, et le doute sur son efficacité alimentent la méfiance des opérateurs boursiers. Certains économistes considèrent que ce plan est insuffisant. Des estimations du FMI évaluent les produits financiers toxiques (instables) que le gouvernement américain veut racheter aux banques à près de 2000 milliards de dollars. D'autres analystes considèrent plutôt que ce plan ne garantit rien et que le contribuable va payer au prix fort cette crise.
Du côté de l'Europe, le message est tout aussi brouillé. Dans l'urgence, les Européens privilégient des solutions nationales et alimentent un climat de défiance des investisseurs. Par exemple, le gouvernement irlandais, en annonçant un plan de garantie totale des dépôts des banques irlandaises, a provoqué un vent de panique sur les places boursières : selon les opérateurs, si l'Irlande a fait cette annonce, c'est que la situation doit être plus grave que ce qui est annoncé. En partant en ordre dispersé, les Européens participent à la confusion générale : plus le remède est spectaculaire, plus les investisseurs pensent qu'elle cache une situation encore plus alarmante, sinon les gouvernements ne prendraient pas de telle mesure.

3. Les investisseurs ont quitté le navire, il ne reste plus que les spéculateurs

Hier, les places boursières ont connu un lundi noir. Beaucoup d'investisseurs ont capitulé, ceux qui résistaient depuis des mois à vendre leur action ont craqué en ce lundi noir et vendu leurs positions pour prendre leur bénéfice. Cette vente massive a entraîné le krach boursier mondial.
Aujourd'hui, il n'y a plus beaucoup d'investisseurs sur les marchés financiers. La plupart des investisseurs ont déjà vendu leurs actions. Ceux qui restent sur le marché sont les fonds spéculatifs, les "hedge funds", qui font des allers-retours sur une même journée et sur une même heure ce qui explique la très grande volatilité des cours. Il suffit d'une bonne ou mauvaise nouvelle pour que ça reparte à la hausse ou à la baisse. Les marchés boursiers sont dans l'opacité la plus totale, il n'y a plus aucune visibilité. Les investisseurs de long terme ont déserté, ils attendent en ayant converti leurs investissements boursiers en placement de toutes sortes, notamment monétaires, moins rémunérateurs mais beaucoup plus sûrs actuellement. Les fonds spéculatifs, qui sont restés sur le marché, sont donc les principaux responsables de la volatilité des cours.



Avec ce krach boursier, des entreprises ont vu leur valeur boursière s'effondrer alors que leur situation économique n'est pas si catastrophique. Il y a donc parfois une totale déconnexion entre les valeurs boursières et la réalité économique des entreprises. De fait, certains investisseurs sont déjà revenus sur le marché pour acheter des entreprises à bon prix. Le milliardaire américain Warren Buffet a investi près de 13 milliards de dollars en quelques jours dans la banque d'affaires Goldman Sachs, la General Electric et Constellation Electric. La crise financière va donc aboutir à une recomposition du système bancaire et financier, avec la multiplication de fusions et de rachats des plus faibles. Reste à savoir dans combien de temps les places boursières vont retrouver une certaine stabilité. Personne ne le sait.



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