Révision constitutionnelle : des députés sous pression

Revue de presse · 21 juil. 2008 à 18:42

Congrès du parlement

Les parlementaires, réunis aujourd'hui en congrès, s'apprêtent à voter la modification de la Constitution de la Ve République. Pour être adopté, le nouveau texte doit être approuvé par près de 3/5ème des députés et sénateurs. Depuis des semaines, le gouvernement et le président de la République négocient en coulisse avec les indécis pour les inciter à voter oui. De nombreux députés de la majorité, sous couvert d'anonymat pour ne pas entrer en conflit ouvert avec Nicolas Sarkozy, raconte dans la presse les pressions dont ils ont fait l'objet afin qu'ils votent pour ce texte. Et cela marche, puisque de nombreux villepinistes et autres députés de droite, hostiles au nouveau texte de la Constitution, se sont résolus à le voter.

Revue de presse du lundi 21 juillet 2008

- Le Monde : Révision constitutionnelle : un vote sous pression
- Libération : Révision constitutionnelle : Sarkozy à l'heure des comptes
- 20 minutes : Réforme des institutions : pressions sur les récalcitrants
- Le Figaro : En un an, l'espoir d'un consensus s'est évanoui

Des pressions dénoncées par des députés

De nombreux députés de droite, hostiles au texte, dénoncent les pressions dont ils font l'objet depuis des semaines. Ainsi, Philippe de Villiers explique au Figaro que depuis qu'il est député, il n'avait jamais vu de tels procédés. Et à priori, cela marche plutôt bien. Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, et François Fillon, sont à la manoeuvre pour convaincre les irréductibles de voter le texte. Et quand les réticences sont toujours là, Nicolas Sarkozy en personne n'hésite pas à prendre son téléphone. En week-end à Marrakech il y a encore 24 heures, il a continué à téléphoner aux uns et autres, pour tenter d'arracher un vote positif, avec un certain succès : samedi, les villepinistes Hervé Mariton et Georges Tron, hostiles à la réforme, ont fini par céder. Avant eux, Bernard Debré, frère de Jean-Louis Debré, avait lui aussi changé d'avis.

Des promesses de postes, de budgets, ou comment "acheter" une voix

Mais quelles pressions peut exercer l'Elysée sur ces députés ? Pour certains, des postes ont été promis. Au quotidien 20minutes, une députée villiériste, raconte qu'elle a reçu plusieurs appels de l'Elysée au cours desquels on lui demandait ce qu'elle voulait. Si une mission sur la famille lui faisait plaisir, on lui annonçait qu'on pouvait trouver un arrangement sur les conditions financières.
Pour d'autres, on promet de débloquer des budgets pour la circonscription ou la commune : financement d'infrastructures, promesses de subventions. Généralement, ce type de promesses s'adresse plutôt à des députés divers-gauche.

Les menaces autour de la révision de la carte électorale

Enfin, quand toutes ces démarches n'aboutissent pas, le pouvoir se ferait alors plus menaçant, l'arme absolue étant la révision de la carte électorale. Le découpage des circonscriptions des députés doit être revu dans quelques mois pour adapter la carte électorale aux évolutions démographiques. Chaque territoire doit être représenté au parlement en proportion équivalente. Cette carte n'a pas été revue depuis la fin des années 1980. Le secrétaire d'Etat, Alain Marleix, est donc chargée de revoir le découpage. Mais si cette révision est légitime, elle constitue aussi un moyen de pression efficace sur les élus : ainsi, si un député de droite refuse de voter la réforme des institutions, il risque de voir sa circonscription révisée en sa défaveur. Il suffit pour cela d'inclure une ou deux communes classées à gauche dans sa circonscription pour que sa réélection soit menacée.




Au-delà du contenu de la révision, c'est donc la méthode pour obtenir un vote favorable qui étonne. Tout est fait pour arracher un vote positif pour permettre à Nicolas Sarkozy de mettre à son bilan le plus grand changement constitutionnel depuis près de 40 ans.



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Constitution révisée

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