Quand Dominique de Villepin s'en prend à la presse, jugée trop complaisante à l'égard du pouvoir

Vidéos · 4 juin 2008 à 22:53

Villepin et la presse

Depuis plusieurs années, l'association "Dauphine Discussion Debat" organise des débats avec des responsables politiques de premier plan. Le 6 mai dernier, c'est l'ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, qui était l'invité. Si l'essentiel de son intervention a plutôt porté sur la politique internationale, il a pu s'exprimer sur le contexte politique actuel et revenir sur la campagne présidentielle.


En réponse à notre question sur les difficultés de la majorité actuelles liées au thème du pouvoir d'achat, Dominique de Villepin a expliqué que le président de la République avait suscité des attentes démesurées en choisissant la rupture comme thème de campagne. Trop de promesses ont été faites alors que la campagne présidentielle aurait dû être selon lui un moment privilégié pour expliquer aux Français la réalité économique et les réformes indispensables pour le pays. A la fin de sa réponse, l'ancien Premier ministre finit par s'en prendre à la presse, qui aurait favorisé Nicolas Sarkozy en l'imposant comme le candidat incontournable.


Vidéo 3/3 : Quand la presse impériale est plus libre que celle d'aujourd'hui...


Dans cette longue diatribe contre la presse, Dominique de Villepin emploie des mots très forts. Quand la presse choisit un candidat, quand les grands groupes de médias sont détenus par des industriels qui sont "partie prenante du jeu politique" (sous-entendu, qui soutiennent Nicolas Sarkozy), la démocratie est en quelque sorte "prise en otage". Il dénonce "l'esprit de cour, [qui serait une] véritable vérole" pour la démocratie.

Dominique de Villepin va même plus loin en expliquant que parfois, il a l'impression de lire des bulletins officiels quand il consulte la presse : "Dans certains cas, l'époque impériale paraissait plus libre que parfois la lecture des quotidiens nationaux (...). La presse de l'entre-deux guerres est infiniment plus venimeuse, plus courageuse que la presse d'aujourd'hui" a-t-il déclaré.

Face à la soi-disant "transparence" revendiquée par Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin aimerait que la presse enquête davantage car "en politique, la transparence est toujours le maquillage de quelque chose. La transparence, c'est montrer ce que l'on veut bien montrer (...) mais à charge pour le journaliste d'être suffisamment curieux pour regarder ce qu'il y a derrière le rideau et ce qui intéresse les citoyens, c'est de comprendre les mécanismes complexes de la décision politique".

Il termine sa charge contre la presse en ironisant sur la pauvreté des articles : "En général, je lis la presse dans ma voiture, heureusement que mes trajets se sont raccourcis parce qu'au bout de 5min, il n'y a plus rien à lire, on manque de nourriture..."

*** Liens

Dominique de Villepin à l'Université Paris-Dauphine
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