L'Elysée et le gouvernement veillent désormais sur la toile

Internet et blogs · 30 mar. 2008 à 23:40

Blogosphère politique

Ces dernières semaines, plusieurs décisions importantes ont montré que le pouvoir exécutif n'entendait plus négliger Internet. Alors que jusqu'à présent, la toile avait été perçue avant tout comme un outil de marketing pour promouvoir la politique gouvernementale (NSTV, voeux en ligne, forum de discussions sur les nouvelles réformes, tableau de bord des promesses, etc.), l'Elysée a pris conscience de l'impact d'Internet sur l'image du pouvoir.


En l'espace de quelques jours, un "monsieur Internet" a été nommé à l'Elysée et Eric Besson a pris le portefeuille ministériel de l'économie numérique. Internet est désormais considéré comme un média à part entière.

Pouvoir & internet : l'impact sur l'opinion du buzz des vidéos en ligne

Depuis la campagne présidentielle, les vidéos en ligne sur Internet sont devenues la crainte des responsables politiques : propos prononcés en aparté, discours dans un local de campagne, commentaires censés être "off", les responsables politiques sont sans cesse filmés par des journalistes, des blogueurs ou de simples militants. Ces images sont ensuite mises en ligne sur les sites de partage de vidéo comme Youtube ou Dailymotion et circulent très rapidement sur la toile. Ce contenu est dit "viral" pour sa rapidité de diffusion. Une vidéo peut être visionnée plus d'une dizaine de milliers de fois. On parle alors de buzz.
Ces dernières semaines, Nicolas Sarkozy a été la vedette de plusieurs vidéos visionnées par plus de 100 000 internautes. Il y a eu celle sur le salon de l'agriculture où le président de la République avait lâché "Casse-toi alors, pauvre con" à un visiteur qui refusait de lui serrer la main, ou celle de son altercation avec des marins pêcheurs du Guilvinec. A chaque fois, ces vidéos nuisent à l'image du président au point que Nicolas Sarkozy a décidé d'être plus vigilant.

Nicolas Princen, chargé de mission au service internet de l'Elysée

Lors du remaniement de l'équipe de l'Elysée, qui a vu notamment le départ du porte-parole, David Martinon, une annonce a surpris les observateurs : la nomination d'un conseiller en charge exclusivement de la veille internet. Lundi 17 mars, Nicolas Princen, jeune militant UMP de 24 ans, a été nommé "chargé de mission au service internet", auprès de Franck Louvrier, conseiller pour la presse et la communication. Ce diplômé d'HEC et de l'Ecole Normale Supérieure avait déjà travaillé pour Nicolas Sarkozy pour le site de campagne du candidat en 2007. A l'époque, il s'était présenté dans une vidéo mise en ligne sur la NSTV :


Nicolas Princen est désormais chargé de suivre tout ce qui circule sur la toile au sujet du président de la République : blogs, sites d'information, vidéos. A la revue de presse des médias traditionnels, le chef de l'Etat pourra donc lire aussi un résumé de ce qui se dit sur Internet. L'annonce de la création de ce tout nouveau poste a été mal accueillie dans la blogosphère. Les blogueurs politiques seraient-ils désormais sous la surveillance du pouvoir ? Si une veille des sites internet est possible, le contrôle de ce qui se publie sur la toile apparaît difficile. Eviter la diffusion virale d'une vidéo relève d'une mission impossible. L'hébergeur français Dailymotion n'hésite pas à retirer une vidéo à la demande de celui qui détient les droits ou de celui qui est visé par cette vidéo. Mais la même démarche s'avère plus compliquée sur le premier site de partage vidéo, Youtube, pour une raison simple : l'hébergeur est... américain. Penser pouvoir contrôler le web apparaît donc illusoire.


Finalement, cette nomination montre surtout que le pouvoir exécutif prend désormais au sérieux le développement de ce nouveau média et de son impact sur l'opinion.

*** Liens

Internet & Politique
- Sarkozy, la rumeur, et Internet
- Elysee.fr, le clone de Sarkozy.fr
- Le coût de la communication du président : 150 000 euros le site de l'Elysée

Vidéos buzz
- "Casse-toi alors, pauvre con !"
- Le stylo roumain du président
- Anne Roumanoff et la droite cassoulet
- Quand Jean Sarkozy soutenait "à mort" David Martinon

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