Politique du logement : à qui sont destinées les nouvelles constructions ?

Revue de presse · 8 fév. 2008 à 09:40

Politique du logement

La crise de logement touche de plein fouet la classe moyenne et les classes populaires. Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait affirmé vouloir "une France de propriétaires". Cet été, des mesures d'allégement fiscal ont été prises pour aider ceux qui achetaient un logement pour la première fois. En début d'année, le droit opposable au logement est entré en vigueur. Mais c'est insuffisant.
La politique du logement est à la pierre angulaire de la crise sociale du pays : problème d'urbanisme qui explique en partie la ghettoïsation des banlieues, crise du pouvoir d'achat avec une hausse continue du foncier et des loyers, creusement des inégalités sociales avec une forte augmentation du nombre de mal-logés.
Pourtant, la France n'a jamais autant construit de logements : 430 000 nouveaux logements en 2007. Mais ces constructions ne sont pas forcément destinées à ceux qui en ont le plus besoin...

Revue de presse du vendredi 08 février 2008

- Capital : Politique du logement : et si l'Etat avait tout faux ?
- Le Monde : Bercy veut dégager 1 milliard d'euros pour le logement social
- Libération : Banlieues : le plan galère de Fadela Amara
- L'Express : Boutin exclue d'une réunion à l'Elysée

De nouvelles constructions destinées aux plus aisés

En 2007, 435 000 logements ont été construits. Les chantiers n'ont jamais été aussi nombreux. Pourtant, le rythme des nouvelles constructions reste encore insuffisant pour répondre à la demande d'autant plus que ces nouvelles constructions sont surtout destinées aux plus aisés. Selon les dernières statistiques établies sur la période 2001-2006, le nombre d'accédants à la propriété a augmenté de 12%, mais le nombre d'accédants modestes (moins de 3 smic par mois par foyer) a diminué dans le même temps de 16%. Parallèlement à cela, les prix des loyers ont littéralement explosé ces dernières années. Résultat, le nombre de mal-logés n'a jamais été aussi important, on en compte aujourd'hui environ 600 000.

On construit plus de bureaux que de logements

Face à la pénurie de logements, les élus locaux évoquent régulièrement la saturation et le manque de foncier pour pouvoir construire. En réalité, si dans certaines agglomérations, l'extension du paysage périurbain est à son maximum, ce n'est pas la principale raison qui explique la pénurie de logements. Les élus locaux ont aussi une lourde responsabilité dans le type de constructions choisies : en 2006, 70 000 hectares ont été utilisés pour construire des logements, et 215 000 hectares ont été utilisés pour construire des bureaux et des centres commerciaux. La logique est politique et économique : les élus locaux préfèrent attirer des activités commerciales, créatrices d'emplois et sources d'entrées fiscales supplémentaires plutôt que des logements sociaux, rarement perçus d'un bon oeil par les habitants des quartiers résidentiels.

L'Etat, un acteur central dans la politique du logement

Pour tenter d'inverser la tendance, seul l'Etat peut intervenir dans deux directions : l'investissement et l'imposition d'un certain nombre de règles aux élus locaux. En matière de politique du logement, c'est à l'Etat que revient à faire l'essentiel de l'effort financier soit en finançant des politique de rénovation, de réhabilitation, soit en incitant à la construction grâce à une fiscalité adaptée et incitative.
Par ailleurs, l'Etat doit veiller à ce que la loi sur le renouvellement urbain (SRU) soit appliquée par l'ensemble des communes. D'ici à 2020, toutes les agglomérations devront avoir au moins 20% de logements sociaux. Jusqu'à présent, les villes préféraient payer une amende plutôt que de construire des logements sociaux. Or, la construction de ce type d'habitations apparaît indispensable pour répondre à une demande qui a explosé ces dernières années.


Face à la hausse des prix du foncier et des loyers, la seule réponse efficace que peut apporter le gouvernement est d'augmenter l'offre. Mais pour y parvenir, l'Etat doit consentir à un réel effort financier. Dans un contexte de déficit budgétaire, une hiérarchie des priorités doit être établie et la politique du logement doit figurer au premier rang.

*** Liens

- Qu'est-ce que le droit au logement opposable ?
- Crise des banlieues : l'inefficacité des politiques de la ville
- Plan Banlieue de Fadela Amara : 600 000 euros pour l'annoncer
- Logement : les cafouillages de Sarkozy et du gouvernement
- Les mal-logés embarrassent Christine Boutin
- Qui sont les personnalités politiques logées en HLM ?
- Les affaires de logement révélées par le Canard Enchaîné (1995-2007)
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