Libération, portrait d'un journal de gauche

Enquête · 13 nov. 2007 à 23:14

Journal "Libération"

"Sarkozy sur la mauvaise voie" titrait ce matin le journal Libération, à la veille des grèves des cheminots. Depuis la victoire de Nicolas Sarkozy en mai dernier, Libération a pris la place de premier journal d'opposition au président de la République. Accordant davantage de place à la politique, le journal a bénéficié de la richesse de l'actualité de 2007 pour redresser ses ventes.
Après la crise financière de ces deux dernières années, Libération sort progressivement la tête de l'eau. De nombreux journalistes historiques ont quitté la rédaction, à commencer par Serge July. Les effectifs sont passés de 330 à 200 personnes. Sous la direction de Laurent Joffrin, Libération a renouvelé sa formule par petite touche et lancé une nouvelle maquette le 15 octobre dernier.

Les coulisses du journal

L'architecture atypique du siège de Libération

Libération est située au 11 rue Béranger, dans le 3ème arrondissement de Paris. Depuis 1986, le journal occupe un bâtiment assez atypique pour une rédaction de journalistes puisqu'il s'agit d'un ancien parking. Les places de parking des premiers étages ont été conservées, et les étages supérieurs ont été aménagés pour accueillir la rédaction. Pour accéder aux différentes salles de rédaction, il n'y a donc pas d'escalier mais un couloir en colimaçon qui monte progressivement dans les étages.

Des effectifs plus réduits pour 40 pages quotidiennes

Libération compte aujourd'hui 200 salariés, dont 130 appartenant à ce qu'on appelle la "rédaction écrivante", éditeurs, photographes, maquettistes ne participant pas directement à l'écriture d'articles bien qu'ayant le statut de journalistes. En deux années, l'effectif est passé de 330 à 200 personnes. Une nouvelle organisation a donc été nécessaire pour maintenir la qualité du journal. Aujourd'hui, la rédaction est composée de plusieurs services : "International, Société et politique, Culture" etc. Chaque service compte une trentaine de journalistes. La rédaction web, composée de 7 journalistes, est à part. Toutes les semaines, le chef de service réunit les journalistes pour faire le tour d'horizon de sujets potentiels à traiter dans le journal.

La fabrication du journal

Les journalistes commencent leur journée vers 10 heures. La conférence de rédaction réunit les chefs de service sous la présidence du PDG, Laurent Joffrin, et du directeur délégué de la rédaction, Didier Pourquery. Les premières minutes de la conférence sont consacrées aux commentaires sur l'édition du jour, puis vient la préparation de l'édition suivante.
Pendant près de 45 minutes, le "menu" du journal du lendemain est débattu. Chaque chef de service fait ses propositions, un débat s'engage entre les journalistes sur les différents angles d'approche des sujets et leur place dans le journal. Pendant toute la journée, entre 10h et 19h, les articles sont rédigés et soumis à la relecture. Seuls les journalistes du service International peuvent rendre leur papier un peu plus tard que les autres, jusqu'à 21h30 dernier délais. Le journal est alors imprimé la nuit pour pouvoir être diffusé dès le lever du jour.

La spécificité d'un quotidien : la réactivité

En moyenne, un journaliste rédige environ 4 articles par semaine. Mais tout dépend de l'actualité et du temps consacré à l'enquête : un "Grand angle" peut nécessiter trois jours de travail. De même, selon l'actualité, les services sont plus ou moins sollicités. Pendant la guerre d'Irak en 2003, le service international pouvait fournir jusqu'à 8 articles par jour. Souvent les journalistes travaillent dans l'urgence.

Un journal engagé à gauche

Libération est un quotidien de gauche qui prend régulièrement pour cible Nicolas Sarkozy. A la différence des autres quotidiens, Libération ne s'interdit pas les titres de Une ironiques : "Sarkozy sur la mauvaise voie", "French Kiss" ou encore "Le gang des potiches".

Unes de Libération


Libé, en chiffres

- 130 journalistes
- 200 000 exemplaires diffusés
- 40 pages quotidiennes
- Salaire moyen des personnels : 3000 euros (journalistes), 5000 euros (chefs de service), 7000 euros (directeur de la rédaction)

*** Liens

www.liberation.fr

- Sarkozy et les médias : l'information neutralisée par la communication politique
- Le casse-tête du temps de parole du président
- Le divorce de Sarkozy dans la presse
- La presse face à la politique people

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Quiz : Quel était le titre de Une de Libération au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 ?

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