Comment expliquer la forte popularité de Nicolas Sarkozy ?

Zapping radio · 30 août 2007 à 22:33

La popularité de Nicolas Sarkozy

La popularité du nouveau chef de l'Etat est extrêmement forte. Selon le dernier sondage TNS/Sofres, Nicolas Sarkozy est crédité de 64% d'opinions favorables. Le pouvoir exécutif bénéficie d'un véritable Etat de grâce. Mais comment expliquer cette forte popularité de Nicolas Sarkozy ? Olivier Duhamel, chroniqueur à France Culture, a avancé 5 raisons qui expliquent l'étonnante popularité d'un chef d'Etat, présent en permanence dans les médias depuis 5 ans, sans avoir fait les frais d'une usure médiatique dans l'opinion.

1. L'Etat de grâce

Toute élection procure une forte légitimité populaire au vainqueur. Nicolas Sarkozy a gagné l'élection présidentielle avec une large avance, il bénéficie donc de ce qu'on appelle un "Etat de grâce", c'est-à-dire d'un soutien majoritaire de la population. Tous les présidents de la République ont bénéficié de cet Etat de grâce. Mais ce premier pilier de la popularité est très éphémère. L'Etat de grâce ne dure jamais très longtemps, aux premières difficultés économiques et sociales, la popularité du pouvoir exécutif décline.

2. L'omniprésence médiatique

Depuis 2002, Nicolas Sarkozy n'a pas changé une stratégie politique et médiatique gagnante. Il s'arrange toujours pour attirer les médias à lui, soit par des déplacements médiatiques, soit en s'emparant de thèmes porteurs. Nicolas Sarkozy est un expert de la communication et sait parfaitement utiliser les médias. La popularité rime d'abord avec la visibilité.

3. L'hyperactivité

Depuis qu'il a été élu, Nicolas Sarkozy a fait preuve d'un activisme politique impressionnant. Entre la relance de la construction européenne, la libération des infirmières bulgares, le pilotage des premières lois sur l'université, la fiscalité ou les peines planchers, le président de la République s'occupe de tout. Cette hyperactivité constitue la spécificité de Nicolas Sarkozy. Déjà, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, ses collègues au gouvernement se plaignaient du fait qu'il empiétait régulièrement leur domaine de compétence. C'est notamment lui qui avait réussi à débloquer la situation en 2003 avec les enseignants pour que le bac ait bien lieu.

4. L'ouverture politique

En allant chercher des personnalités de gauche emblématiques, Nicolas Sarkozy veut couvrir tous les champs politiques à lui seul. Il a ainsi convaincu Bernard Kouchner, homme politique de gauche très populaire, à entrer au gouvernement, tout comme Jean-Pierre Jouyet, un ami de trente ans de François Hollande. Les entrées au gouvernement du président d'Emmaüs, de la présidente de l'association "ni pute, ni soumise" constituent également des coups politiques réussis.
Enfin, la création de multiples commissions auxquelles participent Jack Lang, Jacques Attali (ancien conseiller de Mitterrand), Michel Rocard, achève une stratégie d'ouverture qui s'avère payante. Utiliser des personnalités du camp d'en face apporte mécaniquement de nouveaux soutiens dans l'opinion.

5. Le culte de la proximité

Apparaître proche du peuple et à l'écoute des préoccupations de la population constitue le dernier ressort de sa personnalité. La rupture politique de Nicolas Sarkozy se situe également dans le rapport entre le peuple et un président qui ne se retranche plus à l'Elysée. Le nouveau chef de l'Etat a aboli la distance qu'entretenaient ses prédécesseurs. Il y a moins de solennité dans son attitude, et sa présence médiatique permanente contraste avec la discrétion de Jacques Chirac et François Mitterrand qui s'exprimaient peu pour donner davantage de poids à la parole présidentielle. Autre temps, autres moeurs, son omniprésence médiatique en fait un personnage plus proche du peuple. Cet été, Nicolas Sarkozy a multiplié les sorties à chaque fait divers pour mettre en scène son émotion et cultiver ainsi une certaine proximité, donner plus de vie au pouvoir.

Ce sont donc bien ces cinq facteurs qui expliquent la forte popularité du nouveau président de la République. Toute la question est maintenant de savoir pendant combien de temps Nicolas Sarkozy peut-il rester aussi populaire.



*** Source
- Chronique d'Olivier Duhamel sur France Culture, jeudi 30 Août 2007

*** Liens

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