Les petits candidats : à qui prennent-ils des voix ?

Télévision · 28 mar. 2007 à 14:23

Portrait des petits candidats

Lundi 19 mars, la liste officielle des douze candidats à l'élection présidentielle est annoncée par Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel. Tandis que Royal, Sarkozy, Le Pen, Buffet et Bayrou n'ont eu aucune difficulté pour obtenir leurs cinq cents parrainages, les autres, jusqu'au dernier moment, n'étaient pas sûrs de pouvoir se présenter parce qu'ils n'ont pas d'étiquettes politiques (José Bové par exemple) ou ont peu d'élus. Depuis que la liste officielle des candidats est publiée au Journal Officiel, on est entré dans une phase « intermédiaire » où selon les règles du CSA, « les temps de parole des candidats devront être rigoureusement équivalents, respectant la règle de l'égalité ». C'est le moment pour les petits candidats (qui obtiennent moins de 3% des suffrages dans les sondages) de se faire entendre. Lundi 19 mars, C dans l'air proposait une émission intitulée : « A qui prennent-ils des voix ? ».

José Bové, le cinquième candidat anti-libéral

Jusqu'au dernier moment, José Bové n'était pas certain de pouvoir participer à l'élection présidentielle, et ce jusqu'à l'annonce officielle de la validation de ses parrainages. De fait, sa candidature pose problème parce qu'il peut gagner des voix au détriment des candidats d'extrême gauche, des écologistes et des socialistes. S'il parvient à obtenir un score honorable, il pourra créer, comme il le souhaite, un parti et se présenter aux élections législatives. Contrairement aux idées reçues, José Bové, antimilitariste, certes, a fait son service militaire en tant qu'objecteur de conscience. Il est donc en règle sur le plan militaire. Néanmoins, s'il apparaît aux yeux des Français comme un homme sympathique parce que rebelle, les électeurs ne conçoivent pas de voter pour un détracteur de l'ordre civil, ancien prisonnier et multirécidiviste.

Ecologie et nature : Dominique Voynet et Frédéric Nihous

En ce qui concerne la candidate des Verts, elle ne parvient pas à se faire entendre. Elle pensait qu'elle obtiendrait davantage d'intentions de vote dès lors que Nicolas Hulot s'est retiré de l'élection. Mais, depuis que la plupart des candidats ont signé le pacte écologique, ce thème est partout et Dominique Voynet ne semble donc plus avoir de légitimité. Elle plafonne donc dans les sondages à environ 1% des intentions de vote. De plus, elle n'a pas d'autorité ni de soutien réel dans son parti. Les électeurs considèrent que Les Verts sont compétents sur le plan local mais pas national. Enfin, ayant participé au gouvernement de Jospin, en tant que ministre de l'écologie, Voynet n'a pas su convaincre et son bilan a déçu.
De son côté, Frédéric Nihous (Chasse, pêche, nature et traditions) rassemble plus d'électeurs que les autres candidats. Il compte récupérer les écologistes déçus par les Verts ou les défenseurs de la chasse.

La clé du scrutin : le vote anti-sarkozy

Tandis qu'en 2002, Besancenot n'était crédité qu'à 1% des suffrages, il a finalement obtenu 5% des voix. Arlette Laguiller au contraire qui avait de bons scores dans les sondages a obtenu le même résultat que le candidat LCR. Par conséquent, il est difficile de faire des pronostics, les candidats peuvent obtenir des résultats honorables grâce à leur entrée en campagne et à la répartition égale des temps de parole.
Selon Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos, il faut distinguer pour qui l'on souhaite voter et qui l'on souhaite avoir comme président de la République. Ainsi, trois stratégies de vote sont envisageables si l'on est un électeur anti-Sarkozy : soit on vote pour le candidat que l'on préfère, sans se soucier du second tour ; soit on vote pour Ségolène Royal dès le premier tour parce que le traumatisme de 2002 est encore vivace et que l'on souhaite que la gauche participe au second tour. Soit, on vote pour Bayrou, parce que l'on pense qu'il a plus de chance que la candidate PS de contrer Sarkozy.
De même, les électeurs veulent-ils faire un vote utile dès le premier tour en choisissant l'un des principaux candidats parce qu'ils considèrent que les petits candidats se servent des élections comme une tribune publicitaire, ou bien considèrent-ils au contraire que ces candidats sont importants dans le paysage politique parce qu'ils ont des propositions innovantes dont on doit tenir compte ?

L'émiettement des voix de gauche : un risque pour Ségolène Royal

Pour cette élection présidentielle, six candidats de gauche se présentent, ce qui est une mauvaise nouvelle pour le PS. Néanmoins, deux scénarios sont possibles : soit les petits candidats de gauche augmentent dans les sondages au détriment de Royal et par voie de conséquence favorisent Bayrou ; soit, ils ont une visibilité médiatique limitée et la candidate socialiste arrive à s'imposer dans la campagne comme la figure ultra-dominante de la gauche. En 1974 déjà, douze candidats s'étaient présentés, trois ont obtenu 90% des suffrages : Chaban-Delmas, Mitterrand et Giscard d'Estaing. Le premier des petits candidats, Jean Royer, a obtenu 3%, les autres se sont partagés les miettes. En 2007, pour le moment, quatre candidats sont certains de faire un score honorable (Sarkozy, Royal, Le Pen et Bayrou), les autres restent dans le flou.

Des électeurs indécis

En 2002, trois jours avant le premier tour des élections, 39% des électeurs restaient encore indécis. Il faut néanmoins distinguer trois catégories : les véritables « indécis » qui ne représentent qu'une frange très marginale de la population. Ils ne savent vraiment pas pour qui voter et se décideront pour la gauche ou la droite au dernier moment. Ensuite, il y a ceux qui hésitent et ceux qui ont fait un choix mais veulent se montrer prudents considérant que leur décision n'est pas encore définitive.

Il n'est désormais plus question de parler de grands et de petits candidats. Christophe Barbier (directeur de L'Express) montre en effet qu'il faut distinguer ceux qui ont un projet de société et les monothématiques qui ne défendent qu'une idée, un secteur (par exemple Frédéric Nihous pour les chasseurs).

*** Liens

Présidentielle 2007
- Election présidentielle de 2007 : mode d'emploi
- Résumé de la semaine politique

Articles de Politique.net
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Sur le web
- C dans l'air sur le site de France 5

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