Biographie de Nicolas Hulot.
C'est peut-être influencé par son père que Nicolas Hulot, né le 30 avril 1955, décide de sillonner le monde et faire découvrir des contrées inconnues au grand public. En effet, Philippe Hulot était un aventurier, chercheur d'or au Venezuela puis chef d'entreprise dans la confiserie à Paris. C'est ainsi qu'il séduit Monique Moulun, fille de bonne famille, catholique pratiquante. Mais touche à tout, après s'être lassé de la confiserie, il décide de quitter Paris pour s'installer à Nice pour ouvrir un centre français de vente de plantes. C'est un échec. Monique et Philippe Hulot se séparent. La mère et ses trois enfants retrouvent le 16ème arrondissement de Paris. Le père décède des suites d'un cancer. Quatre ans plus tard, c'est le fils aîné de la fratrie, Gonzague, qui se suicide. Nicolas Hulot perd ainsi son père à 15 ans et son frère à 19 ans.
Abandonnant rapidement ses études de médecine, Nicolas Hulot commence par exercer divers petits boulots. Il est notamment plagiste, moniteur de voile, serveur. Engagé par le fondateur de l'agence Spira, Göksin Sipahioglu, il devient photographe. A travers Paris, il est chargé de traquer les événements qui feront l'actualité. Il est notamment chargé de suivre l'affaire Empain : le très fortuné homme d'affaire belge, Edouard-Jean Empain est pris en otage. Mais, quand le baron est enfin libéré par la police, le 26 mars 1978, Hulot rate la photo. Quelques mois plus tard, il est sur la piste de Jacques Mesrine. Cette fois, il ne prend pas volontairement le cliché de la mort de l'ennemi public n°1.
Entretemps, Hulot fait du photoreportage en Afrique du Sud avec le navigateur Eric Tabarly. Ensuite, il se rend au Guatemala pour photographier le pays après le tremblement de terre en 1976. L'année suivante, il est en Rhodésie pour rendre compte de la guerre d'indépendance.
En 1978, grâce à Patrice Blanc-Francard, il est engagé sur France Inter en tant que journaliste. Il anime une chronique, « La Poignée dans le coin », en tant que animateur-reporter couvrant des événements moto. Il se veut alors acteur d'aventures de ses reportages diffusés sur les ondes en direct.
C'est en 1987 que démarre l'émission télévisée qui le rend populaire : « Ushuaïa, le magazine de l'extrême » sur TF1. Pendant vingt-deux ans, il réalise et anime cette émission qui le montre en action, au coeur de paysages spectaculaires.
En mars 2005, il propose une nouvelle chaîne, appartenant au groupe TF1 : Ushuaïa TV. L'année suivante, il crée le magazine Ushuaïa. La marque se développe ensuite en produits dérivés autour des cosmétiques, des véhicules (Peugeot Partner)...
Dès 1990, Nicolas Hulot crée la Fondation Ushuaïa rebaptisée en janvier 1995 la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l'homme. Cette ONG se fixe trois objectifs : « informer le public de l'état écologique de la planète, convaincre le plus grand nombre de la nécessité de changer ses comportements, inciter les pouvoirs publics à intégrer l'impératif écologique dans les politiques publiques. » Mais de nombreuses attaques contre Nicolas Hulot se portent sur ses partenaires puisqu'il s'agit d'une quinzaine de sociétés comme EDF, l'Oréal, TF1, Atol... Hubert Taieb, le directeur général adjoint de TF1 Entreprises explique ce recours au mécénat : « L'émission "Ushuaïa nature" est coûteuse à fabriquer [1 million d'euros par épisode]. Il n'est pas anormal que l'on cherche à rentabiliser un investissement aussi lourd. »
Dès le départ, Nicolas Hulot se veut conseiller des politiques qu'ils soient de droite comme de gauche. Il est notamment consulté pour donner son point de vue sur la réforme de la Constitution de mars 2005. Grâce à lui, est incluse une charte de l'environnement.
En novembre 2006, il s'adresse à tous les candidats à la présidentielle pour leur soumettre son Pacte écologique. Ce projet permet ainsi de mettre l'écologie parmi les priorités de la campagne électorale. Le Pacte est signé par cinq candidats sur douze : Dominique Voynet (Les Verts), Ségolène Royal (PS), Nicolas Sarkozy (UMP), François Bayrou (MoDem) et Marie-George Buffet (PCF). Plus de 700 000 citoyens soutiennent également ce Pacte écologique.
Durant quelques semaines, la médiatisation de Nicolas Hulot est à son comble si bien que des rumeurs laissent entendre qu'il serait candidat pour la présidentielle. Le 22 janvier 2007, au cours d'une conférence de presse au Palais de la découverte, il déclare officiellement qu'il ne se présentera pas à l'élection présidentielle et ne soutiendra aucun des candidats.
Finalement, quand Nicolas Sarkozy est élu président de la République, celui-ci est obligé de tenir ses engagements en matière environnementale. Il fait donc appel à Nicolas Hulot en personne pour annoncer la nomination, en mai 2007 d'Alain Juppé au ministère de l'Environnement. Le « conseiller » en profite pour placer Ghislain Gomart, un ancien de sa Fondation, au cabinet ministériel de Juppé. Alors qu'on lui reproche sa proximité avec le pouvoir, Hulot quitte, en mars 2010, le groupe de travail après l'annonce de l'abandon de la taxe carbone, cette taxe ayant été imaginée par deux experts de sa Fondation, Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean.
En 2009, Nicolas Hulot expérimente un nouveau média pour défendre ses opinions écologiques : le cinéma. Sort ainsi en salle le 7 octobre « Le syndrome du Titanic », documentaire sur les risques environnementaux. L'ancien animateur choisit de reprendre la formule d'Ushuaïa, en se mettant en scène et en commentant les images en voix off. Dès l'avant-première, qui a lieu à l'auditorium du Louvre, les écologistes critiquent ce film noir et pessimiste qui ne donne pas une image positive du monde et offre peu d'espoir. Pour Yves Cochet, il s'agit d' « un acte de contrition, un film d'introspection de catholique auto-flagellant ». Les spectateurs, par la suite, ne sont pas plus convaincus et boudent le documentaire.
Nicolas Hulot annonce le 13 avril 2011 à Sevran sa candidature à l'élection présidentielle sous l'étiquette Europe Ecologie-Les Verts, entrant en concurrence avec Eva Joly, elle aussi candidate. Alors qu'il n'avait nulle envie d'appartenir à un parti pendant la campagne pour la présidentielle de 2007, en 2011, il décide de rejoindre le parti écologique et explique qu'il souhaite véritablement s'engager dans la campagne. Il justifie ainsi sa candidature : « depuis 35 ans, je parcours le monde et je l'ai vu changer. J'ai exploré ses beautés, j'ai partagé ses bonheurs. En même temps, j'ai mesuré l'aggravation simultanée des inégalités et des destructions de la nature. L'humanité est devenue la proie d'une épidémie de crises qui accable le plus grand nombre. Les équilibres sociaux chancellent, ceux du climat et du vivant s'effondrent. [...] Un autre monde est non seulement possible, il est nécessaire. La créativité humaine ne fait pas défaut. Fixons lui des priorités sans confondre progrès et performance. [...] J'ai pour ma part franchi un cap. Jusqu'ici je crois que mon mode d'engagement a été utile. En conscience, j'estime qu'il doit passer maintenant à une autre étape. J'ai donc décidé d'être candidat à l'élection présidentielle et de mettre au service du changement le capital de confiance que j'ai pu accumuler auprès des Françaises et des Français. »
Plébiscite attendue pour Eva Joly, la primaire écologiste prend désormais tout son sens avec la candidature de Nicolas Hulot. Ce qui explique la prudence de certains ténors du parti, à commencer par Daniel Cohn-Bendit. Même si celui-ci soutient la candidature d'Eva Joly pour les primaires, il se montre prudent et prévient les deux prétendants écologistes à la présidentielle : « Je défends les primaires parce qu'ils en ont besoin tous les deux. Eva Joly doit s'affirmer autrement que comme une juge intraitable. On ne fait pas de la politique en disant « C'est scandaleux ». Nicolas Hulot est un candidat qui doit se positionner contre ceux qui sont aux manettes aujourd'hui, rappeler que son discours n'est pas celui de Borloo. Si Hulot est candidat, il ne pourra pas gagner la primaire s'il dit « Le second tour, je m'en fous. »
La candidature de Hulot ne fait pas l'unanimité auprès des écologistes. Certains lui reprochent notamment d'avoir eu recours, pour sa fondation, à des mécènes tels que TF1, EDF ou l'Oréal ou bien d'avoir été animateur de télévision, d'autres de ne pas prendre position clairement contre le nucléaire. Dans sa déclaration, Hulot ne dit pas un mot sur le sujet, l'une des priorités du parti écologique. Il admet ses hésitations dans une interview pour Terra Eco : « J'ai toujours été plus modéré que les antinucléaires primaires. J'ai eu du mal et j'ai encore du mal à me faire un avis sur comment on va se passer du nucléaire sans amplifier immédiatement les émissions de gaz à effet de serre et sans se mettre dans un péril énergétique. » Puis face à la polémique après la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima (au Japon) survenue le 11 mars 2011, il se dédit et affirme qu'il faut sortir du nucléaire. Sa déclaration ne convainc pas une partie des écologistes, persuadés que le candidat à la présidentielle est opportuniste et embrasse toutes les idées susceptibles de lui rapporter des voix. Dernière difficulté à surmonter pour la campagne à venir : se positionner sur des sujets de société. Si l'engagement écologiste d'Hulot n'est pas à démontrer, il doit encore faire ses preuves sur tous les autres sujets qui agitent la vie politique et font une campagne présidentielle.
*** Sources
- Site officiel de Nicolas Hulot
- « La première vie de Nicolas Hulot », L'Express, le 13 décembre 2006.
- Guillemette Faure, « Nicolas Hulot, prêt pour 2011 ? », Les Inrocks, 20 mars 2011.
- Laure Equy, « Présidentielle: Hulot se jette à l'eau », Libération, 13 avril 2011.
- Elodie Auffray et Laure Equy, « Nucléaire: Hulot peine à sortir du flou », Libération, 15 avril 2011.
- M. Deslandes et S. Verney-Caillat, « 2012 : Hulot, un candidat qui n'a rien à dire ? », Rue89, 29 avril 2011.