Enquête · 17 août 2017 à 17:43 · 0
Après 22 commissions rogatoires internationales et trois ans et demi d'enquête, le parquet national financier a demandé le renvoi en correctionnel du couple Balkany notamment pour "blanchiment de fraude fiscale aggravée", "corruption passive" et "prise illégale d'intérêts". Dans son réquisitoire, consulté par Libération, le parquet national financier estime qu'au moins 13 millions d'euros ont été dissimulés au fisc entre 2007 et 2014.
Certes, Patrick Balkany et sa femme ont tous deux bénéficié d'un important héritage. Mais le parquet note que "l'accroissement du patrimoine des deux époux et leur train de vie ne peut s'expliquer aux regards de leurs seuls revenus déclarés à l'administration fiscale".
Le train de vie justement. On connaissait l'existence des belles villas (voir cet article). Mais les témoignages de commerçants et d'anciens salariés du couple permettent de mesurer l'ampleur des sommes. L'argent liquide coulait à flot.
Une ancienne employée a ainsi expliqué qu'elle était systématiquement payée en liquide. "Je ne sais pas d'où provenaient ces espèces, a raconté aux enquêteurs cette ancienne employée du couple selon des propos rapportés par Libération. M. Patrick Balkany arrivait au moulin avec son attaché-case et sortait une enveloppe marron assez épaisse qu'il emmenait directement dans son coffre au premier étage. J'ai le souvenir d'avoir, par curiosité, compté une liasse de billets qui était sur le bureau de leur chambre. Il y avait 8 000 euros. C'était son argent de poche. Il avait même régulièrement des espèces dans les poches de son peignoir".
Des commerçants, notamment la directrice d'un supermarché ou la responsable d'un pressing, ont affirmé que le couple Balkany payait tout en liquide et cherchait à échanger leurs billets de 500 euros. Selon Libération, "la responsable du pressing a évalué les dépenses mensuelles du couple entre 4 000 et 5 000 euros, au rythme de six costumes par semaine. Dans la poche de l'un d'entre eux, elle a même eu la surprise de découvrir un jour sept billets de 500 euros".
Le procès du couple Balkany ne devrait pas se tenir avant fin 2018. "Le temps que le dossier repasse devant la cour d'appel puis devant la Cour de cassation, l'affaire ne sera pas définitivement tranchée avant 2020", assure même Le Canard enchaîné. En attendant, tous les biens immobiliers du couple ont été confisqués.
*** Sources
- Emmanuel Fansten, "Balkany, l'heure des comptes", Libération, 27.07.2017
- Hervé Liffran, "Levallois, les voilà", Le Canard enchaîné n°5049, 02.08.2017
- S. Piel, "La villa, le moulin et le riad au coeur du réquisitoire", Le Monde, 01.08.2017
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