La face cachée de l'accord PS-Europe Ecologie : les verts l'auraient accepté car ils seraient au bord de la faillite financière

Revue de presse · 23 nov. 2011 à 22:37

Alliance PS Europe Ecologie - Le Canard enchaîné

Elle était prête à "n'avoir aucun député" plutôt que de "renier ses convictions" sur le nucléaire. Et finalement, elle a renié ses convictions. Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts a donc scellé l'accord avec le PS en vue des législatives de 2012... bien que la sortie du nucléaire et surtout l'abandon de l'EPR de Flammanville ne figurent pas dans le texte final. Se sentant visiblement en position de force, le PS a même tenté de retirer un accord sur le retraitement des déchets radioactifs (avant de réintégrer le paragraphe sur le Mox après un psychodrame de 24 heures).

Ces concessions accordées par les écologies au PS n'ont pas été du goût d'Eva Joly, la candidate écologiste à la présidentielle, écartée des négociations entre François Hollande et Cécile Duflot. Signes de ce désaccord : elle a annulé la semaine dernière toutes les interviews qui étaient prévues et elle a peiné aujourd'hui à reconnaître qu'elle appellerait à voter Hollande au second tour. Deux sérieuses alertes donc, qui montrent à quel point il est difficile pour Eva Joly de défendre une alliance alors qu'elle était elle-même sur une position ferme en exigeant notamment l'abandon de l'EPR de Flamanville.


Face à ces tensions internes à EELV, une question s'impose : pourquoi les écologistes ont-ils si facilement lâché le morceau face au PS ? C'est Marianne2.fr et Le Canard enchaîné qui auraient trouvé la réponse : des raisons financières ! Au bord de la faillite, Europe Ecologie se devait de signer un accord avec le PS pour espérer obtenir un maximum de voix aux législatives, élection clé dans le financement de la vie politique.

La banque d'Europe Ecologie a exigé un plan de rigueur

Selon Marianne2.fr, l'alerte sur les finances d'Europe Ecologie date de juin dernier quand le trésorier d'EELV a jeté l'éponge après avoir constaté que le parti était en situation de cessation de paiement. A EELV, les finances sont dans le rouge : les salaires de juin n'auraient pas été payés à temps, ceux de juillet non plus d'après Marianne2.fr (une version contestée depuis par EELV dans un communiqué).
Selon le site de l'hebdomadaire, le Crédit coopératif aurait temporairement gelé le versement d'un prêt de 1,5 millions d'euros. "Devant la gravité de la situation, le Crédit Coopératif a exigé... de la rigueur, explique Marianne2. Il a obtenu trois hypothèques sur les locaux de la fédération du Nord Pas-de-Calais et sur ceux de l'Ile-de-France, puis a imposé que les régions contribuent à renflouer les finances nationales en avançant 40 000 euros". Mais cela n'a pas été suffisant. "La faillite menace même si un plan d'apurement des dettes n'est pas mis en place d'urgence", aurait déclaré Eva Sas, la nouvelle trésorière nationale lors d'un conseil fédéral à la mi-septembre.

Un accord législatif indispensable pour renflouer les caisses ?

Seule solution pour que les Verts sortent de cette impasse financière : un accord législatif avec le PS. "Sachant que l'Etat accorde 1,70 euro par voix empochée aux législatives [sans compter un bonus par député effectivement élu], la trésorière des écolos, Eva Sas, a fait ses comptes, explique Le Canard qui semble maintenir ces informations malgré le démenti publié par EELV après l'article de Marianne2. Dans un document interne "Motion d'urgence finances", elle écrit que les Verts doivent recueillir au minimum 1,5 million de voix en juin prochain, grâce à un score moyen de 6% dans les 577 circonscriptions s'ils font cavalier seul. Mais l'idéal pour la trésorière serait d'obtenir 1,8 million de voix, car cela permettrait d'honorer les échéances bancaires, tout en dégageant 1,3 million d'euros par an. Ce dernier suppose pour les écolos, un score moyen de 35% dans 80 circonscriptions. Ce qui passe obligatoirement par un accord avec le Parti Socialiste", explique l'hebdomadaire. A l'arrivée, si le PS a été moins généreux (65 circonscriptions ont été réservées à EELV), "l'accord devrait leur garantir un groupe parlementaire et des fins de mois moins difficiles". "On n'échappe pas au verdict du tiroir-caisse", ironise Le Canard.


*** Sources
- Jean-Claude Jaillette, "La face cachée de l'accord Hollande-Duflot", Marianne2.fr, 18 novembre 2011
- "Les dessous et les grous sous de l'accord Verts-PS", Le Canard enchaîné n°4752, 23 novembre 2011, page 2

Canard enchainé et Marianne




>> Financement des partis : les comptes fantaisistes des Verts

Financement des Verts



>> Rouler écologique : quand les députés réservent des voitures pour faire 700 mètres

Voiture écolo



>> La France, le pays le plus écologique d'Europe ? L'intox de Borloo

Borloo écolo



>> Couche d'ozone et effet de serre : Sarkozy ne sait pas faire la différence

Sarkozy et la couche d'Ozone

_____________________________________________________
DANS LA SERIE FACE CACHEE...
- La face cachée des heures sup : comment le gouvernement comptait faire des économies
- La face cachée du plan Espoir Banlieue : 34 millions d'euros dépensés pour seulement 1 160 jeunes
- La face cachée de la taxe du RSA, ou comment l'Etat avait récupéré 1 milliard d'euros en 2009

Commentaires