Danielle Mitterrand, portrait d’une Première dame de France engagée

Enquête · 5 mai 2009 à 22:50

Danielle Mitterrand

Danielle Mitterrand est la première des First ladies à prendre véritablement des initiatives et à affirmer ses convictions quitte à ne pas être sur la même ligne politique que celle du Président.


Cécilia Sarkozy a été la Première dame de France la plus éphémère de l'histoire. Carla Bruni cherche encore sa place à l'Elysée mais participe à toutes les visites officielles du Président de la République. La constitution n'indique aucun statut particulier pour l'épouse du chef de l'Etat et la famille de celui-ci. Pourtant, le conjoint du président de la République est automatiquement sur le devant de la scène. C'est donc à la "première dame de France" de trouver le rôle qu'elle souhaite jouer en fonction de ses envies et de sa personnalité. Portraits de ses femmes de Président.

Série 5/8 : La femme de François Mitterrand

Premières dames de France



Danielle Gouze est née le 29 octobre 1924 à Verdun dans la Meuse. Elle est la fille d'enseignants : son père, franc-maçon, de gauche, est principal de collège à Villefranche-sur-Saone et sa mère est institutrice. Tous deux sont militants de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Pendant l'Occupation nazie, Antoine Gouze refuse de donner les noms des élèves et professeurs juifs au gouvernement de Vichy. Il est renvoyé. Suivant les traces de ses parents, Danielle Gouze, après avoir passé son baccalauréat à Annecy, s'engage dans la Résistance comme agent de liaison.

En février 1944, sa soeur Christine, elle aussi résistante, reçoit chez elle François Mitterrand, alias le « capitaine Morland ». Il aperçoit sur son piano le portrait d'une jeune fille qu'il trouve à son goût : c'est Danielle Gouze. Les présentations sont faites et huit mois plus tard, le mariage est scellé, à la mairie puis à l'Église Saint-Séverin à Paris. De cette union naissent trois fils : Pascal (né en 1945 et mort à 2 mois), Jean-Christophe (né en 1947) et Gilbert (né en 1949).

Dès la libération, François Mitterrand se consacre à sa carrière politique. Il est élu député de la Nièvre en 1946, puis conseiller général. Son épouse qui ne veut pas rester inactive lui propose de devenir sa collaboratrice mais il refuse estimant qu'il ne faut pas mélanger la vie privée et le travail. Danielle Mitterrand doit donc se contenter d'élever ses enfants dans l'ombre de son mari. Pourtant, au vu de son tempérament de militante et de son éducation, elle s'engage dans différents combats tiers-mondistes, voyage dans différents pays où les droits de l'homme ne sont pas respectés.

Quand François Mitterrand est élu Président de la République, le couple s'installe à l'Elysée. Aussitôt, la nouvelle première dame de France espère pouvoir travailler aux côtés de son mari, avoir un rôle à jouer mais dans un premier temps, elle doit se contenter de répondre aux courriers de doléance. Quelque temps plus tard, elle essaie de mettre en place une association humanitaire « Cause commune », mais ne parvient pas à la développer. Toutefois, en 1986, elle en crée une autre, « France Libertés » encore active aujourd'hui, qui se donne pour objectif de défendre les êtres opprimés, en lançant des actions de sensibilisation et en finançant des actions mises en oeuvre par les habitants eux-mêmes.
Dans ce rôle de présidente d'une association aussi politique, Danielle Mitterrand met son époux dans des situations diplomatiques délicates. Ainsi, en 1989, elle prend position en faveur des Tibétains contre les Chinois : elle reçoit le Dalaï-Lama pour lui remettre le « prix de la mémoire » au grand dam de l'ambassadeur de Chine. De même, elle mène plusieurs actions contre l'apartheid en Afrique du Sud et reçoit Winnie Mandela pour les états généraux des droits de l'homme. Quand Nelson Mandela est libéré de prison, sa première visite en France revient à Danielle Mitterrand. Tout au long des deux septennats de François Mitterrand, elle ne change pas d'attitude. Elle laisse à son époux la realpolitik et les compromis diplomatiques, elle continue de voyager à travers le monde et à prendre position pour telle ou telle cause (les indépendantistes Sahraouis au sud de l'Algérie, les Kurdes, les paysans sans terre du Brésil...).

Malgré les problèmes diplomatiques que suscitent les combats de Danielle Mitterrand, le Président les soutient financièrement. Des proches contribuent également au développement de la fondation « France Libertés » comme Pierre Bergé ou Yves Saint-Laurent. Mais à la mort de François Mitterrand, les revenus se sont réduits si bien que Danielle Mitterrand a organisé en janvier 2008 une vente aux enchères des objets ayant appartenu au Président.

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