Comptes du FN : des millions d’euros de dettes et un siège invendu

breve · 23 fév. 2009 à 22:50

Endettement du Front National

Depuis les élections de 2007, le Front national connaît des difficultés financières sans précédant. Mercredi 11 février 2009, la cour d'appel de Versailles l'a condamné à payer à Fernand Le Rachinel 6,3 millions de dettes, 600 000 euros d'intérêts et les frais de justice. Pour renflouer les caisses, le parti n'a qu'une solution : vendre son siège au plus offrant. Mais la vente se fait tarder.


Parce que la politique ne se résume pas à l'UMP et au Parti Socialiste, nous avons décidé de créer une nouvelle chronique intitulée « En marge de la Une ». Nous y aborderons l'actualité des autres partis politiques.

En marge de la Une

Des millions d'euros de dettes : le gouffre des législatives 2007

Depuis l'échec de l'élection présidentielle de 2007, le Front national a d'importants problèmes financiers. Avec seulement 10% des suffrages, Jean-Marie Le Pen a réalisé son plus mauvais score depuis plus de 20 ans. Pire, l'échec des législatives a mis en péril ses comptes. Afin de pouvoir faire campagne pour les élections législatives, Jean-Marie Le Pen a tenté d'obtenir un prêt bancaire mais pas un établissement n'a accepté de prêter la moindre somme. L'imprimeur et compagnon de route du chef du parti, Fernand Le Rachinel, a accepté d'hypothéquer ses biens immobiliers pour prêter près de 8 millions d'euros au FN.
Malgré cette somme, la campagne des législatives s'avère catastrophique pour le parti : contrairement à ce qu'ils espéraient, 360 candidats ne sont pas parvenus à obtenir les 5% de suffrages minimum pour être remboursés de leurs frais par l'Etat. Et compte tenu de ce faible score, la part de subventions accordées au titre du financement public des partis politiques a fortement diminué : elle est passée pour le Front National de 4,6 millions d'euros à 1,8 million d'euros par an.
Très vite, le Front national s'est retrouvé acculé, croulant sous les dettes et quand Fernand Le Rachinel est venu demander ses remboursements afin de palier ses propres dettes, le parti a refusé prétextant des « surfacturations ». Après avoir tenté un arrangement à l'amiable, l'imprimeur a porté plainte. Au départ, le Tribunal de grande instance de Nanterre a nommé un expert pour déterminer divers points litigieux comme les « surfacturations ». A la Cour d'appel de Versailles, le tribunal a finalement donné raison à Fernand Le Rachinel le 11 février 2009. Le Front national est donc condamné à lui payer 6,3 millions d'euros de dettes majorées, 600 000 euros d'intérêts et ses frais de justice.

Un "paquebot" toujours pas vendu

Parce que le Front national traverse des difficultés financières sans précédent, il doit trouver des solutions rapides. Au printemps 2008, le parti a mis en vente son siège historique, Le Paquebot, immense bâtiment de 5 000 m², situé à Saint-Cloud le long de la Seine. Il a transféré ainsi ses locaux dans la ville communiste de Nanterre, dans un site plus réduit, de 2 000 m². Si le FN ne trouve pas acquéreur très rapidement, la Société générale prévoit de jouer l'hypothèque sur le bâtiment. Le problème, en cette période de crise financière, réside dans le prix : le Paquebot est estimé à 15 millions d'euros.
Au départ, le FN espérait pouvoir vendre le Paquebot à des Chinois qui n'ont finalement pas honoré leur promesse de vente. Ensuite, d'autres acquéreurs se sont présentés. Il semblerait que des maisons de retraite soient intéressées par le lieu. Mais le parti attend encore : aucune proposition de vente ne dépasserait les 10 millions d'euros, soit cinq millions de moins que la somme attendue.
Il semblerait que ce soit Fernand Le Rachinel qui arrive à tirer son épingle du jeu puisqu'il détient des parts de la SCI Clergerie-Hugo, propriétaire du siège du FN ce qui signifie que si une vente se fait, il doit y avoir obligatoirement l'autorisation de l'imprimeur. De même, celui-ci peut revendre ses parts, c'est-à-dire une partie du Paquebot sans demander l'avis du parti.


Depuis sa création, le Front National n'a jamais connu une telle crise à la fois politique (Nicolas Sarkozy a siphonné une grande partie de son électorat), financière (un fort taux d'endettement) et aussi stratégique : au cours des deux dernières années, il a subi différents départs des cadres qui s'opposent à la montée en puissance de Marine Le Pen.

*** Liens

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