Crise au FN : Jean-Marie Le Pen rejoue la provocation et prolonge son bail à la tête du parti

breve · 9 fév. 2009 à 21:09

Le Pen provoque

Le Front national est en très mauvaise posture. Depuis une quinzaine de jours, les démissions des membres du parti se succèdent. La dernière en date est celle de l'écrivain polémiste, Alain Soral, le 2 février dernier. Tous les partants dénoncent la mainmise du parti par Marine Le Pen. La succession de Jean-Marie Le Pen, âgé déjà de 80 ans, semble compromise. Aussi, contrairement à ce qu'il avait prévu, le président du FN ne cédera pas sa place pour les élections régionales. Et pour survivre dans le paysage politique, il n'hésite pas à faire de nouvelles provocations racistes.


Parce que la politique ne se résume pas à l'UMP et au Parti Socialiste, nous avons décidé de créer une nouvelle chronique intitulée « En marge de la Une ». Nous y aborderons chaque jour l'actualité des autres partis politiques.

En marge de la Une

Une retraite repoussée à 2011

En septembre 2008, dans un entretien accordé à Valeurs Actuelles, Jean-Marie Le Pen annoncait officiellement la fin de sa carrière politique, quant à sa succession, il affichait sa préférence pour sa fille. Il prévoyait donc de prendre sa retraite en 2010 lors du prochain Congrès du Front national. Toutefois, face à la guerre qui fait rage au sein du parti et qui oppose Marine Le Pen à Carl Lang, chef de file des traditionalistes, le président du Front national préfère s'occuper lui-même des prochaines élections européennes et régionales. Jean-Marie Le Pen envisagerait même de bouleverser le calendrier de sa succession et d'organiser au printemps 2011 seulement le prochain congrès du Front national ce qui devrait lui donner le temps de donner plus de crédit à sa fille et de faire cesser les querelles au sein du parti.

Provoquer pour survivre

Dimanche 8 février, Jean-Marie Le Pen s'est rendu à Marseille pour annoncer sa candidature comme tête de liste du FN aux prochaines élections régionales de 2010 en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Aux précédentes élections de 2004, il avait été déclaré inéligible faute d'inscription aux rôles des contributions directes à Nice. Cette fois, il compte prendre sa revanche, avertissant que ces élections, ainsi que les européennes, seront les dernières. Parallèlement aux régionales, il se présente comme tête de liste dans la région Sud-Est aux européennes.
Toutefois, Jean-Marie Le Pen sait qu'il est en perte de vitesse. Et à chaque fois qu'il s'est retrouvé acculé, le président du FN a joué la provocation. Le 4 février 2009, il a été condamné par la Cour de cassation, qui a rejeté son pourvoi, à 10.000 euros d'amende pour provocation à la discrimination raciale, pour des propos sur les musulmans de France tenus en avril 2004 au journal d'extrême droite Rivarol. En avril 2004, déjà, il avait été condamné pour une interview au quotidien Le Monde du 19 avril 2003, dans laquelle il avait déclaré: « le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont ».
Moins d'une semaine après sa dernière condamnation, Jean-Marie Le Pen a donc récidivé à Marseille en réitérant le même genre de propos racistes : « Il y a 300 000 musulmans à Marseille, le jour où ils seront 800 000, le maire ne s'appellera plus Gaudin mais peut-être Ben Gaudin. (...) L'immigration de masse tend à prendre l'allure d'une véritable colonisation ».


Jean-Marie Le Pen au plus bas dans les sondages et connaissant différentes difficultés (guerre de succession, problèmes de budget et de trésorerie...) ne semble avoir qu'une méthode pour exister médiatiquement : la provocation et l'appel à la haine raciale.

*** Liens

- Où sont passés les électeurs du Front National ?
- Fraude fiscale : Jean-Marie Le Pen contourne l'ISF
- Les démissions se multiplient au sein du Front National
- Crise financière et problèmes de succession au Front National
- Mathématiquement, Le Pen ne pouvait pas être au second tour de la présidentielle 2007

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Décryptage : Le Pen dans le texte : retour sur un reportage, 10 ans après

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