Après ses deux échecs aux législatives, Jean-Pierre Chevènement espère trouver refuge au Sénat

breve · 12 sep. 2008 à 20:35

Chevènement au Sénat

Et revoilà Jean-Pierre Chevènement. A 69 ans, l'ancien ministre de Lionel Jospin, surnommé le "miraculé de la République" après être sorti de huit jours de coma en 1998, tente de faire un énième retour sur la scène politique. En 2002, celui qui était considéré comme le "troisième homme" avait subi un cuisant échec au premier tour de la présidentielle. Lionel Jospin l'avait accusé d'être le principal responsable de la dispersion de la gauche et de l'accession du Front National au deuxième tour.
Jean-Pierre Chevènement avait payé son échec au prix fort : un mois après, il avait perdu son siège de député du territoire de Belfort. Entre 2002 et 2007, il avait été mis au ban de la gauche. Lors des législatives de 2007, il n'avait pas réussi à reconquérir son siège de député. Ce deuxième échec l'avait conduit à renoncer à se présenter aux municipales de Belfort, de peur de terminer sa carrière politique sur une ultime défaite.


Sa non-candidature aux municipales laissait présager de son retrait progressif de la vie publique. C'était sans compter sur l'appétit de pouvoir qui caractérise les responsables politiques et leur incapacité à envisager la retraite. Pendant la campagne présidentielle, il s'était rapproché de Ségolène Royal. A l'approche du congrès du PS, il espère faire revenir son parti (le Mouvement Républicain et Citoyen) dans le giron socialiste en suggérant la création d'une grande confédération regroupant toutes les composantes de la gauche.


Jean-Pierre Chevènement a donc décidé de revenir. Redevenu président du MRC en juin 2007, et échaudé par deux échecs consécutifs au suffrage universel direct, il a fait le choix de se présenter aux Sénatoriales. L'élection est moins risquée car seuls les grands électeurs (conseillers municipaux, conseillers généraux et régionaux, députés) votent. A Belfort, ville administrée par Jean-Pierre Chevènement pendant 25 ans, il y a 65 grands électeurs. Le président du MRC pense obtenir leur faveur face au candidat socialiste dissident. Il a donc toutes les chances de terminer sa carrière politique au Sénat.


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> Paragraphe "Opinion"
L'élection de Jean-Pierre Chevènement à un poste de sénateur serait un triple signe négatif envoyé aux citoyens et ternirait un peu plus l'image de la classe politique. Cela montrerait d'abord l'incapacité de la classe politique à se renouveler. L'image caricaturale du Sénat, assemblée de responsables politiques retraités venant compléter leur pension de retraite, serait confortée.
En outre, après deux échecs au suffrage universel direct, l'élection de Jean-Pierre Chevènement au suffrage universel indirect soulignerait avec une certaine acuité "l'anomalie démocratique" du mode de scrutin des sénatoriales.
Enfin, Jean-Pierre Chevènement n'est pas exempt de tout reproche du point de vue de la morale politique. Lorsqu'a éclaté l'affaire du HLM du directeur de cabinet de Christine Boutin, le grand public a découvert que de nombreux hauts fonctionnaires et des personnalités politiques bénéficiaient de logements HLM de grand standing, à des prix très en dessous du marché. Non seulement Jean-Pierre Chevènement faisait partie de ceux-là, mais il possédait même deux HLM : l'un à Paris, l'autre à Belfort. Depuis la polémique, il a rendu son HLM de Belfort mais occupe toujours celui de Paris. C'est un traitement de faveur difficilement compréhensible pour le citoyen lambda à l'égard d'un responsable politique qui n'est pas forcément dans le besoin.

*** Liens

- Sénatoriales : mode d'emploi d'une élection oubliée
- Présidence du Sénat : l'autre élection
- A quoi sert le Sénat ?

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Politique.net : Qui sont les personnalités politiques logées en HLM ?

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