Qu'est-ce que l'Union pour la Méditerranée ?

Questions d'actualité · 15 juil. 2008 à 23:10

Union Pour la Méditerranée

Dimanche 13 juillet 2008, s'est tenu à Paris le sommet fondateur de l'Union pour la Méditerranée. 43 chefs d'Etats et de gouvernements ont été invités par Nicolas Sarkozy pour lancer la construction d'une nouvelle union, suggérée par le président de la République il y a un an. Après les réticences de certains pays européens (comme l'Allemagne) et les compromis consentis par Nicolas Sarkozy (inscrire cette union dans une démarche européenne), l'Union pour la Méditerranée est en marche.


Mais qu'est-ce que l'UPM ? Quels sont les objectifs de cette nouvelle Union ?

Aux origines de l'Union Pour la Méditerranée

Au départ, il s'agit d'une idée de campagne du candidat Sarkozy pendant la présidentielle de 2007. Trois raisons principales expliquent le lancement surprise d'un projet d'union avec les pays méditerranéens. Il s'agit d'abord pour Nicolas Sarkozy de porter un projet novateur, de dimension internationale, qui doit lui permettre d'asseoir sa stature d'homme d'Etat. En suggérant la création d'une nouvelle Union, il tient là un projet historique. Ensuite, la création d'une Union Pour la Méditerranée est un moyen de définitivement écarter la Turquie de l'Union Européenne. Enfin, renforcer la coopération avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée peut améliorer les relations commerciales entre les deux rives, et faciliter la recherche de solutions à des problèmes plus politiques, comme l'immigration clandestine.
Pour ces trois raisons, Nicolas Sarkozy a donc évoqué dans son discours de victoire du 6 mai 2007 la nécessité d'un "trait d'union entre l'Europe et l'Afrique". Cinq mois plus tard, le 23 octobre 2007, Nicolas Sarkozy présentait à Tanger son projet d'Union pour la Méditerranée.

Union Pour la Méditerranée : une Union de 44 pays liée à l'UE

Pour faire accepter ce projet, Nicolas Sarkozy a dû faire des concessions. Il a dû associer l'ensemble des pays de l'Union (même ceux qui ne font pas partie de l'espace méditerranéen) et il a dû inscrire cette nouvelle Union dans le cadre de la politique européenne. En effet, depuis 1995, l'Union Européenne coopère officiellement avec une douzaine de pays riverains de la Méditerranée. Appelé "processus de Barcelone", ce lien a montré ses limites, les projets de coopération étant au point mort. Malgré tout, Nicolas Sarkozy a accepté d'inscrire son projet dans le cadre européen de ce qui a déjà été fait depuis près de 13 ans. Officiellement, il s'agit donc d'entamer une nouvelle étape du processus de Barcelone initié en 1995.
L'Union Pour la Méditerranée regroupe donc 44 pays d'Europe et de Méditerranée : du Groenland (Danemark) au désert de Jordanie, en passant par la Mauritanie ou Israël, l'UPM est un projet d'une envergure sans précédent.

Un sommet historique à Paris

Le sommet de Paris est historique car il a réuni 43 chefs d'Etat et de gouvernement, à l'exception du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui voit dans ce projet une volonté de l'Europe de renforcer sa domination sur le monde arabe. Tous les autres chefs d'Etat ont accepté l'invitation. Aucune photographie officielle n'a eu lieu pour ménager les susceptibilités de chacun et éviter tout incident : par exemple, le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, était présent, tout comme le dirigeant syrien, Bachar el-Assad, alors que les deux pays sont formellement toujours en guerre depuis 1948.
Réunir des dirigeants rivaux constitue donc le premier tour de force de Nicolas Sarkozy. Ce sommet historique pose les bases d'un dialogue de paix dans une région où les multiples conflits pèsent considérablement sur le développement de chacun de ces pays.

Une Union de projets

Pour lancer l'Union Pour la Méditerranée, Nicolas Sarkozy s'est inspiré de l'histoire de la construction européenne en partant de projet concret. Il veut d'abord mettre en place une union de projets, la question des financements de ces projets ne venant qu'après. En procédant de cette manière, il évite les écueils dans lesquels l'Union Européenne est tombée ces dernières années : empilement des institutions, établissement des règles de fonctionnement administratif complexe, perte de vue des objectifs concrets de l'Union de la part des citoyens européens.
Le lancement de l'UPM s'est donc fait autour de quelques projets concrets proposés par les européens : dépolluer la Méditerranée, encourager le transport maritime pour soulager les axes routiers des côtes, développer la production solaire d'électricité ou encore renforcer la coopération civile entre les pays en cas de catastrophes naturelles par exemple.
D'un point de vue plus politique, l'objectif de l'UPM est d'encourager le dialogue entre des Etats rivaux afin d'instaurer un espace de paix durable.

Le scepticisme de la rive sud

Malgré ces avancées, le projet de l'UPM suscite tout de même un certain scepticisme de la part des pays de la rive sud. La Turquie se méfie par exemple d'une Union qui pourrait servir de prétexte pour l'écarter définitivement de l'Union Européenne. Si le Maroc et la Tunisie soutiennent ardemment cette Union en espérant jouer un rôle clé dans la région, d'autres pays craignent que l'Europe impose ses vues à des pays en retard économiquement. Les premiers projets de l'UPM font d'ailleurs débat : de nombreux gouvernements des pays de la rive sud soulignent qu'ils auraient davantage besoin d'emplois ou de visas pour leurs travailleurs émigrés plutôt que de projet à vocation écologique. L'une des craintes des pays de la rive sud est de participer à une Union déséquilibrée dont les projets seraient avant tout favorables aux pays de la rive nord.



Si la méfiance des pays de la rive sud est légitime, le projet de l'Union Pour la Méditerranée marque un tournant historique dans les relations entre les pays européens et les pays du monde arabe. L'UPM est un véritable espoir de paix avec la création d'un espace de dialogue entre des pays qui se sont souvent faits la guerre. La présence des dirigeants de la Syrie et d'Israël à Paris pour ce sommet fondateur était un premier signe tangible de l'utilité de cette nouvelle Union.

*** Liens

- Aux origines de l'UPM : le voyage au Maroc de Nicolas Sarkozy
- Turquie : qui doit décider de son adhésion à l'Union Européenne ?
- Qu'est-ce que la "Françafrique" ?
- Libye : les coulisses de la libération des infirmières bulgares en juillet 2007

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