Livres politiques · 13 mai 2008 à 22:36
Les détracteurs de Jean-Michel Aphatie le disent sarkozyste, sans doute pour ses convictions en matière économique et son obsession de la nécessité de résorber le déficit. A chacune de ses prises de position, Jean-Michel Aphatie rappelle que les difficultés actuelles sont liées à la dette publique. Pour autant, réduire Jean-Michel Aphatie à cette image serait erroné. L'éditorialiste de RTL a un passé de militant socialiste. Et depuis 1988, il vote blanc.
Parce que les journalistes politiques font partie intégrante de la vie politique, Politique.net propose un portrait du journaliste politique le plus médiatique du moment dans une série en cinq volets : de ses débuts à Politis en passant par RTL, retour sur le parcours atypique d'un journaliste politique qui n'hésite pas à afficher ses convictions.
Série 2/5 : Aphatie, militant socialiste
Jean-Michel Aphatie a baigné très jeune dans la politique : dans le café de ses parents, les habitués étaient habitués à débattre des questions de l'Etat. En 1982, alors qu'il entre en faculté de droit, il décide d'adhérer au Parti socialiste « pour apprendre à vivre ». Il admire les grandes figures de gauche comme Blum et Jaurès, mais méprise les communistes tout comme la notion de « classe ouvrière ». Puisqu'il est à présent socialiste, on lui propose de se présenter aux élections municipales dans son village natal, Viodos.
En prenant la carte du Parti, il ne réalise pas encore les implications de tout militant et plus encore « le sectarisme propre à la gauche qui s'approprie volontiers le « peuple », et tous les bons sentiments qui vont avec ».
De même, si les militants sont voués à une même cause, celle du Parti, selon Jean-Michel Aphatie, ils sont surtout en quête de réseaux amicaux et de reconnaissance sociale. Le militantisme leur permet ainsi de mettre en avant leur personne plus que les intérêts proprement politiques.
Son engagement en politique lui permet également de découvrir les arcanes d'un parti. Etudiant en droit à Pau, il fait partie de la section socialiste de l'Université. Lors des réunions, il apprend, à ses dépens, à soutenir des arguments dans un débat et à convaincre ses interlocuteurs.
S'il partage un certain nombre de valeurs socialistes, en revanche, il ne supporte pas leur vision utopique de la gestion de la France. Dès 1981, il décide de soutenir le président Mitterrand, pourtant, il est radicalement opposé à ses idées concernant l'économie. Il se rapproche au contraire des idées de Michel Rocard, idées plus libérales et selon lui plus réalistes. Jean- Michel Aphatie donne plusieurs exemples. Ainsi, lors de sa campagne présidentielle, François Mitterrand avait promis de nationaliser les grands groupes industriels français. Or, à cette époque, la France connaît une crise financière importante ; un tel projet serait terrible pour l'économie du pays. La gauche se divise sur la question. Michel Rocard, opposé à cette idée, propose une alternative : l'Etat achète 51% du capital des sociétés concernées afin d'en avoir le contrôle sans pour autant ruiner le contribuable. Ce n'est pas ce que fera Mitterrand.
Autre exemple : le ministre des Finances, Jacques Delors fait de l'inflation une priorité. Il veut mettre en place un plan de rigueur mais François Mitterrand s'y oppose fermement. Il demande alors au Premier ministre, Pierre Mauroy, de sortir le franc du système monétaire européen. Celui-ci refuse et propose sa démission qui est refusée. Face aux résistances venues de toutes parts, le Président est obligé de céder et de faire appliquer une politique de rigueur, contraire aux engagements qu'il a pris avec les Français.
Parce que François Mitterrand et les socialistes n'ont jamais expliqué leur revirement politique commandé par les réalités économiques, Jean-Michel Aphatie s'est éloigné du militantisme : « Quand il m'est apparu évident que ce monde-là vivait dans le mensonge et quand j'ai compris qu'il n'avait pas suffisamment de courage pour en sortir, j'ai su que ce monde-là ne serait pas le mien ».
Depuis, Jean-Michel Aphatie a la dent dure contre le Parti socialiste. Il n'a de cesse de critiquer en particulier Lionel Jospin et dans une moindre mesure la vision romantique des socialistes en ce qui concerne l'économie. Il quitté le parti et affirme voter blanc depuis 1988 à chaque élection, exception faite pour le référendum sur la Constitution européenne.
Portrait de Jean-Michel Aphatie : son parcours, ses convictions
1. Quand le garçon de café devient journaliste
2. Aphatie ou les désillusions du militantisme socialiste
3. Quand Jean-Michel Aphatie fustige le mensonge en politique
4. Quand Aphatie règle ses comptes avec Lionel Jospin
5. Les causes du désaveu des politiques, selon Jean-Michel Aphatie
> Jean-Michel Aphatie, Liberté, égalité, réalité, Stock, 2006
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