Jean-François Copé et Laurence Ferrari : face à face musclé sur le cumul des mandats

Télévision · 12 mai 2008 à 21:52

Copé et Ferrari

Dimanche, Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, était l'invité de Laurence Ferrari dans l'émission politique, Dimanche +, sur Canal +. Et l'échange entre la journaliste et le rapporteur de la commission sur la suppression de la publicité pour les télévisions publiques a été assez vif lorsque Laurence Ferrari a abordé la question du cumul des mandats. Rappelons que Jean-François Copé maîtrise parfaitement le sujet puisqu'il cumule actuellement 5 fonctions : député de Seine-et-Marne, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, maire de Meaux, président de la communauté d'agglomération, et avocat à temps partiel dans un cabinet d'affaires réputé à Paris.
Ce rappel a visiblement déplu à Jean-François Copé.


*** En raison d'un accord entre Canal + et Dailymotion, la vidéo ne peut être mise en ligne. Voici donc une transcription de ce passage de l'interview :




A propos de la révision de la Constitution, Laurence Ferrari a lancé un sujet sur la question du cumul des mandats...

Copé : "Si je peux me permettre, j'ai assez mal pris la formule pour lancer le reportage, mais je sais que vous faîtes un métier difficile, qui a consisté à dire : Petits arrangements entre amis".

Ferrari : "On n'est jamais mieux servi que par soi-même en même temps".

Copé : "D'abord, vérifiez que vous ne vous l'êtes jamais appliqué à vous-même ce petit principe, et puis deuxièmement, vous faites partie des gens qui aimez cumuler aussi. Vous avez bien raison, j'admire votre carrière, Laurence. Vous êtes une remarquable journaliste entrepreneuse et vous faites cela très bien. Bravo, mais vérifions les uns et les autres, quand on en parle, que l'on se l'applique bien à soi-même".

Ferrari : "Mais je ne suis pas élue du peuple, en même temps".

Copé : "Et alors, So what, quelle est la difficulté ?"

Ferrari : "Tout est la différence..."

Dimanche +



Copé : "Je ne vois pas pourquoi... Je suis partisan de la limitation à deux mandats, un mandat local et un mandat national et croyez-moi, c'est aussi une bonne manière de servir la démocratie, vous n'imaginez pas comme c'est utile quand on est élu à l'échelon national d'avoir les pieds sur terre quand on est maire et pour ce qui concerne mon activité professionnelle, effectivement je suis avocat, je ne suis pas le premier à l'être. Beaucoup de parlementaires de droite et de gauche le sont. Moi j'ai eu le droit à un petit traitement un peu personnalisé il y a quelques mois".

Ferrari : "Vous êtes victime d'un acharnement spécifique, c'est ça ?"

Copé: "Non, vous savez je le prends bien, car comme vous savez, je suis de droite, et à droite, on a l'habitude de ne pas avoir le même traitement. (...) Noel Mamère vient de devenir avocat. Si je ne vous en parlais pas, vous ne m'en parleriez pas".

Ferrari : "C'était dans le sujet. On a en effet bien vu des images de Noël Mamère. (...) Cela doit vous déranger quand même si j'en juge votre réaction".

Copé : "Je l'avais sur le coeur depuis longtemps et je suis content de vous le dire à vous".

Copé sur Canal +



L'échange est intéressant à plus d'un titre. D'abord parce que Copé s'exprime sur un sujet qui a fait grincer des dents au sein même des rangs de l'UMP. Mis en difficulté, Copé s'est empressé de répliquer en prenant le cas personnel de la journaliste, manière de casser le rapport interviewé/intervieweur. S'ensuit une critique sur la différence de traitement médiatique entre la droite et la gauche avec un faux argument, selon lequel le cumul de Noël Mamère est passé inaperçu, alors qu'il figure bien dans le reportage. Et lorsque la journaliste enfonce le clou en insistant sur l'embarras de son interlocuteur, Jean-François Copé sort de l'argumentation rationnelle et conclue sur l'émotion "Je l'avais sur le coeur et je suis content de vous le dire". Jean-François Copé, ou l'art d'utiliser toutes les ruses rhétoriques pour tenter de se sortir d'une difficulté.

*** Liens

- Jean-François Copé, la caricature du cumul des mandats
- Après Copé, Royal et Villepin, Noël Mamère devient avocat à son tour
- Les Premiers ministres se reconvertissent dans la banque et les cabinets d'avocat

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