Le MoDem de Bayrou est-il vraiment l'arbitre des municipales ?

Municipales 2008 · 15 mar. 2008 à 15:23

Le MoDem et les Municipales

Cette semaine, le MoDem s'est retrouvé au centre des tractations du second tour des élections municipales. Dans les villes où les scores entre le PS et l'UMP ont été très serrés, la mobilisation des abstentionnistes et le report de voix des électeurs du MoDem seront décisifs. Au cours de ces négociations, le MoDem a suivi une stratégie à géométrie variable selon les communes. Dans certaines villes, le MoDem a passé des alliances avec le PS, dans d'autres, avec l'UMP, et même avec les communistes à Aubagne. Cette stratégie est à double tranchant : elle illustre l'indépendance du mouvement, si chère à François Bayrou, mais donne également l'impression d'une absence de ligne politique cohérente. Pourtant, François Bayrou a réussi à installer dans les médias le MoDem en tant qu'arbitre des municipales. Mais est-ce vraiment le cas ?

Des voix centristes très convoitées et des alliances à géométrie variable

Pendant toute la semaine, les candidats du deuxième tour ont lancé des appels aux électeurs du MoDem. Les candidats en difficulté ont tout fait pour tenter de s'allier avec le MoDem de Bayrou. Mais les stratégies d'alliance diffèrent selon les villes : à Marseille, le MoDem a fusionné ses listes avec celles du PS, à Toulouse, le MoDem s'est rallié au maire sortant issu des rangs de l'UMP. A Pau, François Bayrou n'a cherché a négocié ni avec le PS, ni avec l'UMP. Ces trois lignes politiques que l'on retrouve dans de nombreuses villes, sont censées refléter la liberté et l'indépendance du mouvement. Mais faute de cohérence politique, cette stratégie désoriente les électeurs du MoDem.

Une situation paradoxale : un acteur incontournable malgré une contre-performance nationale

Dans de nombreuses villes, le MoDem va donc jouer le rôle d'arbitre. Dans les villes où le MoDem a dépassé la barre des 10%, le candidat centriste peut se maintenir. C'est le cas par exemple à Quimper ou à Aix-en-Provence. Deuxième configuration : si le candidat MoDem a obtenu entre 5% et 10%, il peut fusionner sa liste avec une autre liste présente au second tour. Enfin, avec moins de 5%, aucune négociation n'est possible, les électeurs du MoDem sont libres de suivre d'éventuelles consignes de vote. Par conséquent, le MoDem dispose de nombreux atouts pour négocier : la fusion ou la menace du maintien. A Marseille ou à Toulouse, le MoDem fera l'élection.
Mais paradoxalement, si dans quelques villes, les voix du MoDem vont faire la différence, à l'échelle nationale, le parti de François Bayrou réalise moins de 4% des voix dans les villes de plus de 3500 habitants. Ce faible score indique la fragilité du parti et le risque de sa marginalisation.

Le MoDem, un arbitre en trompe-l'oeil

En 2007, François Bayrou avait été présenté comme l'arbitre du second tour de la présidentielle. En 2008, le MoDem veut également endosser ce rôle d'arbitre. Mais, ce rôle est très largement surfait et alimenté par la personnalité médiatique de François Bayrou.
Les statistiques du MoDem reflètent les fragilités de ce nouveau parti. Ainsi, le MoDem n'a présenté que 340 listes autonomes, seul 1/3 des maires UDF élus en 2001 se sont représentés sous l'étiquette "MoDem". Au deuxième tour, il ne peut se maintenir que dans 37 villes de plus de 30 000 habitants.
En raison de cette offre électorale au rabais, le MoDem ne peut donc jouer le rôle d'arbitre que dans une dizaine de villes pour le second tour. Par ailleurs, le rôle d'arbitre suppose que le MoDem contrôle et choisit ses alliances stratégiques. Or, la plupart du temps, ce sont les élus locaux en fonction d'un contexte particulier qui choisissent leurs alliances. Chacun décide sur place comme il l'entend et comme il le peut, l'opportunisme étant souvent la règle. Enfin, une fois l'alliance passée, rien n'indique que les électeurs du MoDem vont suivre leurs candidats et approuvés des stratégies dont la cohérence politique échappe parfois.


Le tour de force de François Bayrou est donc d'avoir réussi à faire du MoDem, du moins dans les médias, l'hypothétique arbitre du second tour des municipales alors que le parti sort affaibli de ces élections. Plus spectateur qu'arbitre, le MoDem n'est pas forcément la clé du scrutin. Dans des villes comme Toulouse, Marseille, Strasbourg, la mobilisation des abstentionnistes s'avérera plus décisif.

*** Liens

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