Bertrand le magnifique, le livre à charge contre le maire de Paris

Municipales 2008 · 22 jan. 2008 à 19:59

Livre sur Bertrand Delanoë

Bertrand Delanoë apparaît, sans conteste, le candidat favori aux élections municipales, loin devant Françoise de Panafieu. Ses diverses manifestations, telles La Nuit blanche, Paris plage et dernièrement Vélib', font de lui un maire moderne, soucieux des problèmes écologiques, désireux de promouvoir l'art et la culture. A son arrivée à Paris, il a voulu rompre avec la gestion de ses successeurs. Ainsi, au cours de ses sept années de mandat, il s'est efforcé de montrer une image politique positive et innovante si bien que, en plus d'être plébiscité par les Parisiens, il est pressenti comme le futur leader du PS voire comme le candidat potentiel à l'élection présidentielle de 2012. Pourtant, le portrait à charge du journaliste, Yvan Stefanovitch, « Bertrand le magnifique», noircit quelque peu ce parfait tableau.

Un maire fort dépensier ?

Selon l'enquête menée par Yvan Stefanovitch, contrairement à ce que Bertrand Delanoë a laissé entendre en arrivant à la mairie de Paris, la gestion des comptes ne s'est guère améliorée. On se souvient que le maire avait dénoncé les sommes astronomiques dépensées par ses prédécesseurs en frais de bouche, mais il semblerait que Bertrand Delanoë n'a pas été moins gourmand même s'il a investi dans d'autres domaines l'argent public. D'après le journaliste, les chiffres avancés par la mairie de Paris ne correspondent pas à la réalité. En effet, entre 2001 et 2006, les dépenses auraient augmenté de 31,2% passant de 3,899 à 5,117 milliards d'euros. Pour Yvan Stefanovitch, il y a plusieurs raisons qui sont à l'origine de cette augmentation significative. D'abord, Bertrand Delanoë aurait créé 5 806 postes de fonctionnaires, d'où une augmentation de la masse salariale de 14,9%. Le journaliste n'analyse pas cette création de postes avec bienveillance. Au contraire : les employés seraient en sureffectif.

Les dépenses de communication auraient explosé

Bertrand Delanoë semble avoir explosé le budget consacré à la communication (DGIC) de 164% au cours des sept dernières années. Alors qu'en 2001, le budget s'élevait à 3,87 millions d'euros, en 2006, il est passé à 10,2 millions d'euros, la masse salariale de ce service ayant gonflé de 164%. Cet argent sert à payer les personnes s'occupant de sa communication. Yvan Stefanovitch montre dans le même temps que le budget réservé à l'Action sociale, de l'Enfance et de la Santé n'a augmenté que de 17 %, laissant ainsi entendre que Bertrand Delanoë s'intéresse plus à son image qu'aux actions menées par la mairie.
D'ailleurs, le livre aborde le grand coup médiatique de l'été : l'installation des vélib à Paris. Selon le journaliste, cette action est un gâchis financier puisqu'elle ne tirera qu'un très mince bénéfice alors que l'entreprise qui a financé les vélos en échange de panneaux publicitaires pour les dix ans à venir devrait s'enrichir de façon conséquente. D'après le journaliste, Paris subirait un manque à gagner de 56,9 millions d'euros par an. L'affaire serait donc peu intéressante d'un point de vue financier mais excellente d'un point de vue médiatique.

Un écolo ?

Depuis qu'il est arrivé à la Mairie de Paris, Bertrand Delanoë a à coeur de s'occuper des problèmes d'environnement. Il a donc fait appel en 2006 à une association, Airparif pour lui demander de surveiller la qualité de l'air en Ile-de-France. D'après les chiffres donnés en décembre 2006, les gaz à effet de serre auraient baissé de 9%. Or, deux études universitaires auraient démontré au contraire que cette pollution aurait augmenté à cause des embouteillages de plus en plus nombreux. Les détracteurs de Delanoë invoquent la multiplication des bus et autres transports en commun au détriment des voitures circulant moins facilement.
Le journaliste prend parti pour les universitaires montrant que les arguments de Delanoë pour réduire la place des voitures dans la capitale ne fait qu'aggraver le problème de la pollution.



«Bertrand le magnifique» d'Yvan Stefanovitch est donc un portrait à charge contre le maire de Paris. De nombreux domaines sont abordés sans concession comme le refus de participer au Fonds de solidarité de la région Ile-de-France (FSRIF); la gestion du 18ème arrondissement, où Delanoë est élu depuis 1977 ; le problème des HLM ; l'entretien des espaces verts...

Le livre montre une autre image, beaucoup moins consensuelle, du maire de Paris. On peut tout de même reprocher l'enquête systématiquement à charge, tout comme l'absence de contre-enquête de la part des médias qui, en période de crise de la presse, rechignent de plus en plus en souvent à rémunérer des journalistes d'investigation. Un traitement plus mesuré, et mieux argumenté aurait sans doute apporté plus de poids aux propos du livre.



Yvan Stefanovitch, Bertrand le magnifique, Collection Enquête, éditions Flammarion, 360 pages.

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