Ce qui ne figure pas dans le Grenelle de l’environnement

Le Canard enchaîné · 24 oct. 2007 à 20:12

Les limites du Grenelle

Demain à l'Elysée sera remis le rapport final synthétisant les mesures envisagées dans le cadre du Grenelle de l'Environnement. L'objectif est de définir les objectifs et les moyens utilisés pour une politique de développement durable. Les prix Nobel de la Paix, Al Gore et Wangari Maathai, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso devraient faire un discours. Après plusieurs mois de travail, tous les acteurs du Grenelle doivent synthétiser leur propositions.
Mais selon le Canard Enchaîné, dans son édition du mercredi 24 octobre 2007, de nombreuses mesures ont été écartées à cause des différents lobbys, notamment ceux des syndicats agricoles et des transports. Explications.

Des mesures révolutionnaires passées à la moulinette

L'objectif du Grenelle de l'Environnement est de proposer une politique de développement durable. Au cours des deux derniers mois, syndicats, associations, gouvernements et associations ont débattu sur l'avenir de l'écologie. Pourtant, selon le Canard Enchaîné, l'essentiel ne sera pas envisagé dans le rapport final. Les lobbies ont réussi à empêcher toute action de grande envergure. En effet, l'argent et les intérêts politiques risquent de primer au détriment de l'écologie.

Des mesures retirées : réduction de la vitesse, limitation des pesticides, taxe carbone

Pour commencer, les parlementaires UMP ont refusé l'une des propositions visant à réduire la vitesse sur l'autoroute de 10km/h. En revanche, on pense donner à l'avenir des malus aux voitures les plus polluantes. Avec la hausse actuelle de l'euro, le prix du baril de pétrole est en baisse alors que les experts ont démontré que la lutte contre le réchauffement de la planète passait par une baisse de la consommation d'énergie du pétrole. Or, si les prix à la pompe baissent, les automobilistes risquent de ne pas être vigilants.
En ce qui concerne l'agriculture, une loi devrait être votée au printemps sur un meilleur contrôle des OGM ; en revanche, aucun objectif chiffré ne sera proposé pour réduire l'utilisation des pesticides.
De même, la proposition de Nicolas Hulot sur la mise en place d'une taxe carbone a été refusée parce qu'elle coûte de l'argent et risquerait de faire perdre des voix aux élus municipaux. Enfin, le débat sur l'utilisation du nucléaire a entièrement été occulté, à la demande expresse de Nicolas Sarkozy qui en a fait un thème non négociable.

Des cadeaux fiscaux pour pollueurs non supprimés

Les experts savent que si l'énergie coûte plus chère, les gens en consommeront moins et donc la pollution sera réduite. Pour le moment, on ne se sent pas prêt à de telles perspectives. Pire, l'Etat ferait « cadeau » de 4 milliards d'euros à certains pollueurs en exonérant d'impôts certaines matières comme le kérosène ou le fioul utilisé comme carburant dans l'agriculture et le BTP. Les taxis par exemple sont remboursés de la Tipp (taxe sur l'essence). En 2003, une directive européenne avait interdit cette exonération mais les taxis en bénéficient toujours en 2007.

*** Liens

L'écologie politique
- Pourquoi parle-t-on de "Grenelle de l'environnement" ?
- Grenelle de l'environnement : le rôle central des ONG
- OGM, développement durable, le gouvernement reflechit
- Nicolas Sarkozy a recyclé Jean-Louis Borloo
- Daniel Cohn-Bendit veut renouveler l'écologie politique
- Les Verts, une espèce en voie de disparition

_____________________________________________________
Quiz : Quels sont les 5 candidats à la présidentielle qui ont signé le pacte écologique de Nicolas Hulot ?

Commentaires