2007, l'élection présidentielle de l'opinion

Télévision · 27 avr. 2007 à 20:34

Giacometti sur France 5

Pendant toute la semaine, Yves Calvi a multiplié les numéros spéciaux de C dans l'air sur la présidentielle pour analyser les résultats du premier tour. Au cours de l'émission du lundi 23 avril intitulée "La danse du centre", Pierre Giacometti, directeur de l'institut de sondages IPSOS a affirmé que 2007 était l'élection présidentielle de l'opinion. Explications.

L'opinion a sélectionné Nicolas Sarkozy

Depuis 2002, Nicolas Sarkozy est sur le devant de la scène en tant que ministre de l'Intérieur. A plusieurs reprises, il aurait pu chuter dans les sondages, l'opinion aurait pu le sanctionner au moment des émeutes de 2005, mais sa cote de popularité est toujours restée à un niveau relativement élevé. Nicolas Sarkozy n'aurait jamais pu être candidat à l'élection présidentielle s'il avait été un ministre de l'Intérieur impopulaire et si les militants de l'UMP ne l'avaient pas soutenu.

Ségolène Royal a gagné la campagne interne au PS grâce à l'opinion

L'opinion a également sélectionné Ségolène Royal. En cumulant de bons sondages pendant l'année 2006 qui a précédé la campagne interne au parti socialiste, l'opinion a en quelque sorte donné procuration aux militants PS pour désigner Ségolène Royal. Celle-ci est apparue comme la seule pouvant battre Nicolas Sarkozy, les militants PS ont donc suivi l'opinion.

2002, des candidats qui n'ont pas été choisis par l'opinion

En 2002, la situation avait été très différente. Jacques Chirac et Lionel Jospin étaient candidats par leur statut, car ils étaient président et premier ministre sortants. L'opinion publique n'avait pas eu son mot à dire dans la sélection de ces candidats. Résultats : un taux d'abstention très élevé et un candidat d'extrême droite présent au second tour de l'élection comme pour signaler l'exaspération d'une partie des électeurs.

2007 : l'avènement de la démocratie d'opinion

Cette campagne présidentielle marque l'avènement de la démocratie d'opinion. On a même accusé les principaux candidats d'être populistes. Finalement, ils ont eu raison d'être en phase avec les attentes de l'opinion puisque le taux de participation à cette élection a atteint un des plus hauts niveaux depuis 1965. C'est parce que l'opinion a imposé ses candidats que la participation a été aussi forte.

Les conséquences de la démocratie d'opinion dans l'exercice du pouvoir

Les citoyens se sont tellement plaints des promesses non tenues, de l'éloignement des hommes politiques par rapport à leurs préoccupations que les candidats ont tenté de jouer le jeu de la sincérité au cours de cette élection.
Mais l'opinion les attend aux tournants. La politique va désormais se dérouler sous le contrôle de l'opinion. Les dirigeants politiques vont devoir respecter la parole donnée, faire beaucoup de pédagogie pour expliquer les réformes aux citoyens.
A cet égard, il est intéressant de voir que les médias ont intégré le rôle central de l'opinion dans leur dispositif. Outre la place accrue du citoyen dans les émissions politiques, on peut aussi noter que les journalistes insistent davantage dans leur questionnement sur la faisabilité des mesures proposées par les candidats. A l'émission A vous de juger, les principaux candidats devaient même jusqu'à signer un contrat moral à la fin de l'émission pour promettre d'appliquer les mesures concrètes qu'ils venaient de proposer. Nul doute que les images ressortiront s'ils ne tiennent pas leurs promesses.

*** Liens

La campagne de 2007
- 2007, la campagne zapping : pourquoi aucun thème ne s'est imposé ?
- Le rôle des instituts de sondage dans la campagne électorale
- Sondages : les marges d'erreur et les méthodes de redressement
- Les tests politiques en ligne pour vous aider à choisir

Sur le web
- C dans l'air sur le site de France 5

Commentaires