Inutilité du port du masque : un mensonge pour masquer la pénurie

Fact-checking · 17 avr. 2020 à 15:57 · Commentaires 0

Marina Carrere d'Encausse

Au fur et à mesure que le bilan humain s'alourdit, la parole se libère. Invitée sur Europe 1 mercredi 1er avril, la présentatrice des émissions "Allô Docteurs" et du "Magazine de la santé" sur France 5, Marina Carrère d'Encausse, a reconnu que l'Etat avait menti “sciemment” en expliquant que le port du masque était inutile pour des personnes qui n'étaient pas malades. Un mensonge lié à la pénurie de masques et à la volonté de garder le peu de stocks pour les personnels médicaux.

Voici le script de cette émission du 1er avril 2020 :

Philippe Vandel : “On nous a expliqué pendant des semaines que les masques et les tests ne servaient à rien et maintenant, on en commande en urgence. Je me demande pourquoi on commande en urgence des choses qui ne servent à rien”.

Marina Carrère d'Encausse : “Là, faut être un petit peu honnête. C'est vrai qu'on progresse dans la connaissance du virus et dans sa transmission, ça c'est certain. Mais c'est vrai qu'au début, aussi, on a quand même dit que ça ne servait à rien parce qu'on n'en avait pas assez. Faut quand même être assez clair.”

Philippe Vandel : “Ah, ça me fait tellement plaisir d'entendre cette phrase, vous ne pouvez pas savoir”.

Marina Carrère d'Encausse : “Non, mais créer une panique générale en disant mettez des masques alors qu'il n'y en a pas, c'est quand même délicat comme formule. Alors, on ne connaissait pas aussi exactement la transmission. Mais il n'empêche que ça aurait été mieux effectivement que tout le monde puisse être masqué”.

(...)

Philippe Vandel : “Est-ce que les journalistes sont là pour rassurer ou pour informer ? Parce qu'il peut arriver que des informations ne soient pas rassurantes. Quel pli prendre ?”

Marina Carrère d'Encausse : “A partir du moment où on informe avec le plus de justesse scientifique possible, et donc qu'on ne raconte pas d'histoire, déjà, on rassure. Je suis assez convaincu de ça, la vérité rassure”.

Philippe Vandel : “Pardonnez-moi de vous interrompre. Justement, la vérité rassure... mais quand on ne la donne pas... Vous disiez vous-même qu'on avait fait croire que les masques ne servaient pas à grand chose parce qu'on était en pénurie de masque. Donc là, on a rassuré en donnant une fausse information puisqu'on voit bien que les masques servent à quelque chose, on ne commande pas 1 milliard d'un objet qui ne sert à rien...”

Marina Carrère d'Encausse : “Bien sûr. Ce que je veux dire, c'est qu'à l'époque, on a priorisé. Comme effectivement, on n'avait pas assez de masques, là-dessus on ne peut pas dire le contraire, on a tout fait pour les réserver à ceux qui en avaient le plus besoin, c'est-à-dire le personnel soignant. Donc effectivement, [il ne fallait pas] que la population se rue dans les pharmacies pour acheter des masques pour que tout ce qui existait comme stock puisse être réservé à ceux qui en avaient le plus besoin pour ne pas propager cette épidémie et pour se protéger. Donc c'était, comment dire, c'était un mensonge qui était difficile...”

Philippe Vandel : “On a menti sciemment en gros... On a menti sciemment...”

Marina Carrère d'Encausse : “Sciemment mais parce qu'il n'y avait pas tellement d'autres solutions et c'était pour une bonne cause puisque c'était pour le personnel soignant, c'était pour protéger en l'occurrence la population et le personnel soignant. Est-ce que là, il aurait fallu dire exactement la vérité ? Dans ce cas-là, le personnel soignant aurait eu encore moins de masques. Donc moi, je trouve que ce genre de mensonges peut tout à fait être compris et s'excuser”.


*** Source
- “Culture Médias”, Europe 1, 01.04.2020

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