Pour masquer le vrai coût du nucléaire, EDF veut reporter le démantèlement de ses vieilles centrales au 22ème siècle

Revue de presse · 17 juin 2016 à 16:37 · Commentaires 0

Centrales nucléaires

C'est bien connu : l'énergie nucléaire est la moins chère. C'est l'argument massue avancé par les pro-nucléaires pour discréditer, par exemple, les énergies renouvelables. Sauf que le coût du démantèlement des vieilles centrales nucléaires est systématiquement minoré, voire ignoré, dans le calcul du coût de production de l'énergie nucléaire.

La preuve ? EDF, qui devait commencer à démanteler les centrales arrêtées, est sur le point de demander un report conséquent, comme l'a expliqué Mediapart. "Revenant sur toutes les dispositions légales et de sécurité prises, EDF envisage désormais d'étaler la déconstruction de ses centrales fermées sur plusieurs décennies voire jusqu'au début du XXIIe siècle, explique le site d'information. Les arrière-pensées d'EDF sont à peine voilées : tout se met en place, avec ce décalage, pour qu'à terme le groupe transfère toutes les charges de la fin de la vie des centrales et du nucléaire à quelque structure de défaisance, et en fasse assumer le coût par la collectivité".

Six centrales devaient être démantelées d'ici 2045

C'est l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui a révélé l'information dans un communiqué début juin. La loi oblige EDF à démanteler dans les meilleurs délais les centrales de première génération, celles qui fonctionnent à l'uranium naturel graphite-gaz (UNGC). Une technique abandonnée... dans les années 1960. "Six centrales sont concernées. Trois sont implantées sur le site de Chinon (Indre-et-Loire), deux à Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), une au Bugey (Ain)", précise Mediapart. Le démantèlement de ces centrales devait être terminé en 2045. Pour des raisons techniques, EDF estime aujourd'hui que la première centrale ne pourra être démantelée qu'en 2060 et que le processus de démantèlement des autres centrales pourrait s'achever au 22ème siècle.

EDF sous-estime le coût du démantèlement

Ces reports, pour des raisons techniques, cache une autre motivation : reporter le coût du démantèlement. Officiellement, EDF a provisionné 23,4 milliards d'euros pour financer ces démantèlements. Or, "un rapport de la Commission européenne, publié début 2016, chiffre le coût de fin de vie des centrales françaises (déconstruction et gestion des déchets) à 74 milliards d'euros", rappelle Mediapart. En clair, le coût de production de l'électricité est sous-évalué car le coût du démantèlement des vieilles centrales est sous-évalué. Une sous-évaluation qui permet aux politiques qui défendent la filière nucléaire de répéter, sans cesse, qu'il s'agit de l'énergie la moins chère.


*** Source
- Martine Orange, "EDF veut reporter le démantèlement de ses centrales", Mediapart, 05.06.2016

Report du démantèlement des centrales



_____________________________________________________

Ferme des 1000 vaches

>> L'arnaque du biogaz : l'Etat subventionne des fermes qui produisent encore plus de CO2

Espaces protégées

>> La destruction d'espaces protégés : un business qui rapporte grâce au Grenelle de l'environnement

Loi Littoral

>> Et si on bétonnait les bords de mer ? Des élus veulent assouplir la loi Littoral

Commentaires