Pollution de l'air dans les écoles : l'étrange décision de Ségolène Royal

Enquête · 4 jan. 2016 à 12:30 · Commentaires 0

Cour d'école - pollution

On parle souvent de la pollution de l'air en ville, notamment aux abords des axes routiers. Mais plusieurs études ont mesuré la pollution de l'air... dans les écoles. En avril 2015, Charlie Hebdo a relayé l'étude européenne Sinfonie qui a mesuré l'air de 114 écoles dans 23 pays européens. L'information est passée relativement inaperçue. Et pourtant, les chiffres sont impressionnants : "85% des écoliers respirent à l'année un air où les particules fines PM 2,5 - les plus dangereuses - dépassent les limites fixées par l'OMS. 50% sont exposés à des doses de radon - un gaz radioactif - supérieures aux recommandations de l'OMS", explique Charlie Hebdo. Même chose pour le benzène ou le formaldéhyde, substances cancérogènes. En 2012, une étude mesurant la qualité de l'air dans 108 écoles de six villes françaises avait déjà démontré que 30% des élèves étaient exposés "à des niveaux des principaux polluants atmosphériques supérieurs" aux recommandations de l'OMS.

Pas vraiment étonnant : si l'air des villes est pollué, il n'y a pas de raison que l'air à l'intérieur des écoles soit épargné. Mais visiblement, même le dire, est gênant. En 2011, le gouvernement Fillon avait publié un décret obligeant les municipalités à mesurer la qualité de l'air de certains lieux publics, notamment les écoles et les crèches. Objectif ? Détecter notamment les niveaux de benzène ou formaldéhyde. Mais en octobre 2014, la ministre de l'écologie, Ségolène Royal prend une décision insensée : cette obligation de mesure est annulée et reportée au 1er janvier 2018. A la place, Royal propose la publication d'un "guide de bonnes pratiques" pour améliorer la qualité de l'air.

L'air intérieur est plus pollué que l'air extérieur

Un guide de bonnes pratiques, au lieu de mesurer la pollution de l'air des écoles ? Selon Charlie Hebdo, Royal a cédé face aux lobbies des maires qui ne voulaient pas d'indicateur précisant la pollution de l'air dans leurs écoles. Pourquoi ? Parce qu'une fois les (mauvais) chiffres connus, on attendrait d'eux qu'ils prennent des mesures. Or, de telles mesures nécessiteraient une politique qui dépasse bien évidemment les compétences d'un maire.

Comme l'explique l'hebdomadaire, "tous les connaisseurs du dossier savent parfaitement que l'air intérieur, celui que nous respirons, est souvent plus pollué que l'air extérieur". Or, que faire ? "Il faudrait à l'évidence obliger l'industrie à revoir ses process, à cesser de fabriquer des colles, des moquettes, des peintures, des bois, des tissus, des plastiques, des jouets, des cosmétiques, des déodorants, des solvants, des détergents dont il est établi qu'ils sont toxiques pour les êtres vivants". En clair, plutôt que de changer de modèle de production pour améliorer la qualité de l'air dans les écoles, les responsables politiques préfèrent ne pas la mesurer... avant 2018. Et en 2018, rien ne dit que la mesure ne sera pas encore repoussée.


*** Source
- Fabrice Nicolino, "Ecoles : du radon et du benzène au programme", Charlie Hebdo, 08.04.2015

Ecoles Benzene Charlie Hebdo



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