L'Union européenne subventionne la "pétro-tomate" : 13,6 millions d'euros ont été versés au champion de la tomate industrielle française

Le Canard enchaîné · 10 sep. 2013 à 06:46 · Commentaires 0

Tomates sous serre

Connaissez-vous la "pétro-tomate" ? C'est une tomate qui consomme dix fois plus de pétrole qu'une tomate classique qui pousse en plein champ. Pas vraiment écolo. Et pourtant l'Union Européenne a distribué près de 13,6 millions d'euros d'aides à un industriel breton, dont 2,6 millions d'euros pour sa com'. C'est Le Canard enchaîné qui a raconté l'histoire en découvrant qu'une affiche publicitaire vantant la tomate industrielle mentionnait que la campagne avait été financée par la commission européenne. Explications.

Manger des tomates, entre novembre et mai, c'est-à-dire hors saison, a un coût pour l'environnement. D'après des chiffres de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), repris par Le Canard enchaîné, une tonne de tomates cultivée en serre consomme 946 kilos d'équivalent pétrole (à cause de l'électricité) contre seulement 95 kilos d'équivalent pétrole pour les tomates cultivées en plein champ (un coût notamment lié à l'arrosage et aux engrais). Des chiffres issus d'un calcul assez simple : une serre chauffée consomme en électricité 11 kWh et un watt représente 86 grammes d'équivalent pétrole.

Autrement-dit, une tonne de tomate industrielle, cultivée sous serre, représente environ une tonne d'équivalent pétrole. Paradoxalement, consommer des tomates hors saison mais qui proviennent des pays du Sud est plus écolo. D'après Le Canard enchaîné, une tomate cultivée au Maroc, sous une bâche, malgré les 3200 km de trajet jusqu'au marché de Rungis, coûte 13 fois moins d'équivalent pétrole qu'une tomate sous serre cultivée en France. Voilà pour les chiffres de l'Ademe. Quel rapport avec la politique ?

L'UE subventionne la pétro-tomate

Dans son édition du 12 juin 2013, Le Canard enchaîné a révélé que l'Union européenne avait accordé 2,6 millions d'euros, entre 2009 et 2011, à un industriel breton (spécialiste de la tomate sous serre), pour faire sa com'. Un soutien qui s'inscrit dans le "programme de gestion des marchés - régime des fruits et des légumes". Objectif : soutenir la filière en encourageant la consommation de fruits et légumes. Ce même industriel ne s'est pas contenté des 2,6 millions d'euros, il a également reçu 11,6 millions d'aides pour investir, notamment pour la construction de hangars.

Si le Canard s'est intéressé aux subventions de la "pétro-tomate" par l'UE, c'est tout simplement parce que l'industriel en question a commis la maladresse d'indiquer sur ses affiches publicitaires que cette campagne "avait été réalisée avec le soutien de la commission européenne". Un mois après la publication de l'article du Canard enchaîné, l'hebdomadaire a expliqué que l'industriel avait retiré cette mention des affiches. Par crainte de la polémique ? Interrogé par Le Canard, l'industriel s'est justifié en déclarant que ce retrait avait été effectué "par précaution" : "La possibilité de faire référence à un financement communautaire en association avec une marque commerciale semble contestée par l'administration française". Et Le Canard d'ironiser : "Il est vrai que ça la fiche mal d'apprendre que Bruxelles a donné au géant français de la tomate 2,6 millions d'euros en trois ans pour qu'il soigne sa com'. D'autant que l'obole était versée, notamment, au nom du recours aux techniques de culture et de production respectueuses de l'environnement". Ecolo, la pétro-tomate ? Si l'UE le dit... Et pour information, les subventions de l'UE, ce sont les contribuables européens, donc vous. Bon appétit !


*** Sources
- "Tomates farcies à l'oseille", Le Canard enchaîné n°4833, 12.06.2013
- "Ca boume pour la pétro-tomate", Le Canard enchaîné n°4837, 10.07.203

Les pétro tomates dans Le Canard enchaîné


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