Après les 800 000 euros du parti "Le trèfle", Jean-Louis Borloo crée l'Urcid pour récupérer l'argent des Législatives

Revue de presse · 4 juin 2012 à 19:48 · Commentaires 0

Borloo, l'Urcid et le trèfle

Connaissez-vous le Trèfle ou l'Urcid ? Non ? C'est normal. Ce sont les dernières trouvailles de Jean-Louis Borloo pour que son mouvement politique, le parti radical, fasse le plein des subventions publiques. Si tout est légal, ces procédés relèvent davantage de l'artifice comptable que du véritable débat d'idées. Explications.

Depuis 2007, l'UMP reversait 1 million d'euros par an au parti radical

Au départ de toute cette histoire, il y a le financement public de la vie politique. En 2007, le parti radical de Jean-Louis Borloo s'est allié à l'UMP pour les élections législatives. Une alliance politique mais aussi financière : avec 1,63 euro par voix obtenue si les candidats d'un même mouvement dépasse les 1% des voix dans plus de 50 circonscriptions (plus un bonus par député élu), les législatives constituent le passage obligé pour un parti en quête de subventions publiques. Encore faut-il pouvoir réunir ces critères.
En s'alliant à l'UMP en 2007, le parti Radical s'est assuré d'obtenir des subventions publiques : pendant toute la durée de la législature, l'UMP s'est engagée à reverser 1 million d'euros de subventions au parti radical. Un accord rompu en 2011 : en laissant planer le doute d'une candidature à la présidentielle et en proclamant l'autonomie du parti radical vis-à-vis de l'UMP, Jean-Louis Borloo s'est attiré les foudres du parti présidentiel. Résultat : Copé a stoppé le versement du million d'euros, avant de céder en lâchant 500 000 euros.

Le Trèfle, un parti écologiste de Marseille qui rapporte 800 000 euros

Pour pallier à cette défection, Borloo et les radicaux ont trouvé une solution temporaire : faire une alliance avec un parti qui bénéficie déjà des subventions. Selon un article de Rue89 de février 2012, pour cette année, le parti radical s'est affilié à un parti écologiste marseillais. Le Trèfle, c'est le nom de ce parti, a obtenu en 2007 plus de 1% des voix dans plus de 50 circonscriptions et touche donc une subvention publique qui s'élève à 155 000 euros en 2012. En revanche, ce parti n'a aucun député et ne bénéficie donc pas de la deuxième partie du financement (le fameux bonus par élu). C'est là que le parti radical entre en scène : avec 13 députés et 6 sénateurs, le parti de Borloo a flairé l'affaire et s'est affilié au Trèfle, qui a désormais officiellement... 13 députés et 6 sénateurs avec à la clé un bonus de 800 000 euros de subventions publiques. Le Trèfle s'est engagé à reverser cette somme au Parti radical, comme le faisait l'UMP auparavant.
Officiellement, cette alliance est politique : "Jean-Louis Borloo est le père du Grenelle de l'environnement. On soutient son action et notre programme se rapproche du centre", a déclaré le président du Trèfle à Rue89. Un accord sur les programmes et pour les législatives a même été scellé entre les deux partis mais selon le site d'information, les deux partis devraient retrouver leur autonomie après les législatives. Une alliance de circonstance donc...

L'Urcid, le nouveau parti attrape-cash 2012

Pour la nouvelle législature, le parti radical de Borloo a trouvé une autre solution d'après Le Canard enchaîné du 30 mai 2012. Fini l'alliance avec l'UMP, exit la combine du Trèfle, place à... l'Urcid, l'Union des radicaux, centristes, indépendants et démocrates. Créé en avril 2011, ce parti n'a aucun militant : ce sont les radicaux de Jean-Louis Borloo, alliés aux dissidents du Nouveau Centre (comme Jean-Christophe Lagarde et François Sauvadet). Pour Le Canard, "ce n'est qu'une pompe à fric destinée à encaisser l'argent public". Grâce à l'Urcid, le parti radical pourra enfin avoir son autonomie financière sans dépendre d'un parti existant. Des combines bien éloignées du débat d'idées, qui rappelle celle du Nouveau Centre de Hervé Morin : en 2008, lors de sa création, le tout nouveau parti avait pu bénéficier d'un financement public de 800 000 euros grâce à un parti politique... de Papeete.


*** Sources
- D. Hassoux, "La pompe à fric public de Borloo", Le Canard enchaîné n°4779, 30.05.2012
- F. Krug, "Borloo reconstitue son trésor de guerre avec des inconnus", Rue89, 10.02.2012
- "L'UMP a versé une dotation de 500 000 euros au Parti radical", Lemonde.fr, 05.10.2011

Fric de Borloo



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