"Moi, président de la République" : 3 minutes qui resteront dans l'histoire des débats de la présidentielle

Vidéos · 3 mai 2012 à 23:19 · Commentaires 0

Hollande, moi président de la République

Trois longues minutes qui ont dû paraitre une éternité à Nicolas Sarkozy. Pourquoi le président sortant n'a-t-il pas interrompu le candidat socialiste ? On ne saura jamais. Toujours est-il que l'histoire des débats de second tour des campagnes présidentielles retiendra pour l'édition 2012 la longue tirade de François Hollande sur la présidence qu'il souhaite incarner. A l'exact opposé de celle de Nicolas Sarkozy.

Des phrases apprises par coeur ou improvisées ? Hollande a assuré que ce n'était pas prémédité. Le coup est dans tous les cas réussi. "Moi, président de la République". Hollande l'a répété une dizaine de fois, en faisant un réquisitoire implacable de la présidence de Sarkozy.

En 2007, il y a eu le clash entre Royal et Sarkozy sur le handicap. L'élection 2012 retiendra ses 3 longues minutes où François Hollande est devenu le prochain président de la République :

François Hollande, quel président comptez-vous être ?

Un président qui, d'abord, respecte les Français, qui les considère. Un président qui ne veut pas être président de tout, chef de tout et en définitive responsable de rien.

Moi président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrais pas les parlementaires de la majorité à l'Élysée.

Moi, président de la République, je ne traiterai pas mon premier ministre de collaborateur. Moi, président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti dans un hôtel parisien.

Moi, président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante, je ne nommerais pas les membres du parquet alors que l'avis du conseil supérieur de la magistrature n'a pas été dans ce sens.

Moi, président de la République, je n'aurais pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publique, je laisserai ça à des instances indépendantes.

Moi, président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire. Moi président de la République, j'aurais aussi à cœur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l'État, je le ferai réformer de façon à ce que si des actes antérieurs à ma prise de fonctions venaient à être contestés, je puisse dans certaines conditions me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m'expliquer devant un certain nombre d'instances.

Moi, président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire, autant de femmes que d'hommes. Moi, président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d'intérêts.

Moi président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local parce que je considère qu'ils devraient se consacrer pleinement à leurs tâches. Moi président de la République, je ferai un acte de décentralisation parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d'un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés.

Moi président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui relève de la négociation.

Moi président de la République, j'engagerai de grands débats. On a évoqué celui de l'énergie et il est légitime qu'il puisse y avoir sur ces questions de grands débats citoyens.

Moi président de la République j'introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives, pour les élections, non pas celles de 2012, mais celles de 2017, parce que je pense qu'il est bon que l'ensemble des sensibilités politiques soient représentées.

Moi président de la République, j'essaierai d'avoir de la hauteur de vue pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps je ne m'occuperai pas de tout, et j'aurai toujours le souci de la proximité avec les Français.

J'avais évoqué une présidence normale. Rien n'est normal quand on est président de la République, puisque les conditions sont exceptionnelles, le monde traverse une crise majeure, en tout cas l'Europe, il y a des conflits dans le monde, sur la planète, il y a l'enjeu de l'environnement, du réchauffement climatique. Bien sûr que le président doit être à la hauteur de ces sujets. Mais il doit aussi être proche du peuple, être capable de le comprendre.



>> Sarkozy/Royal : le clash sur le handicap en 2007

Clash Sarkozy/Royal

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