Tout à l'égout dans la résidence de Carla Bruni : Sarkozy met le préfet au placard

breve · 16 juin 2009 à 20:15

Le Cap Nègre en 2008

L'affaire remonte à l'été dernier. D'abord sortie par le Canard Enchaîné, elle a été reprise par Le Monde 2. En août 2008, Nicolas Sarkozy a assisté à une Assemblée générale de co-propriétaires du cap Nègre pour soutenir la démarche de la famille de Carla Bruni d'installer le tout-à-l'égout au Cap Nègre. Plusieurs réunions ont suivi. Le préfet a été mobilisé, des subventions ont été promises et le chef de l'Etat s'est engagé à accélérer le dossier pour que les travaux soient entrepris le plus vite possible.

Depuis plusieurs années, ce dossier est au point mort. Les villas du Cap Nègre sont équipées de fosses septiques qui polluent et qui ont été interdites par l'UE dans cette zone protégée. Mais le coût élevé des travaux a ralenti la procédure. En intervenant personnellement dans un dossier qui ne le concerne pas, le président de la République a pesé de tout son poids pour régler le problème.


Seulement, un an plus tard, le dossier est au point mort. Le financement n'a pas été réuni, une faible subvention a été octroyée par le conseil général, et le préfet, chargé par Sarkozy de suivre le dossier, semble ne pas avoir suivi les recommandations du président en renvoyant le problème aux autorités municipales, comme il est d'usage pour ce type de dossier.



Rien n'a été fait donc. Et le site d'information Mediapart vient de révéler que le préfet en charge du dossier a été muté d'office par un décret présidentiel en date du 5 juin 2009. Michèle Alliot-Marie a rejeté toute idée de sanction, le préfet en question réintégrant son corps d'origine, c'est-à-dire la Cour des Comptes. Mais Mediapart maintient ses informations et confirme que ce préfet a bien été mis au placard :

Les fonctions de M. Jacques Laisné ont pris fin le 5 juin 2009 mais "ce dernier, bizarrement, ne reçoit pas de nouvelle affectation territoriale ; il devra se contenter de rejoindre la Cour des comptes. Dans les couloirs feutrés de la «préfectorale», il se murmure toutefois que la brutalité de cette éviction serait liée à l'implication du chef de l'Etat dans cette très locale affaire de propriétaires qui secoue le cap Nègre.

A la recherche d'une explication officielle sur cette drôle de mutation, Mediapart a fait le détour par les arcanes de l'administration préfectorale. Joint en ses bureaux toulonnais, le préfet Laisné a confirmé son départ. Mais l'intéressé n'a «strictement rien à dire» sur une décision qui relève «traditionnellement de la discrétion du gouvernement. Point barre».

Même fermeté, à l'Elysée : «Aucun commentaire.» Même si le décret est signé de la main du président Sarkozy ? Oui. «C'est le ministère de l'intérieur qui gère le corps préfectoral.» Direction la place Beauvau, donc, où l'on évoque d'abord la routine d'«un mouvement préfectoral» inscrit ce jour-là au conseil des ministres. Mais, fait-on remarquer, un sort exceptionnel a été réservé au préfet Laisné puisque tous ses collègues ont obtenu - eux - une affectation"
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Pages Vues sur Mediapart et Lues dans Le Monde 2

Sarkozy et le tout à l'égoût

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