Yves Jégo, portrait d’un secrétaire d’Etat à l’Outre-mer dans la tourmente

Enquête · 12 fév. 2009 à 23:09

Yves Jégo

Secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo occupe une fonction secondaire au sein du gouvernement Fillon. N'ayant participé à aucun gouvernement jusqu'à présent, ce proche de Nicolas Sarkozy était censé acquérir de l'expérience pour prétendre à un poste plus exposé. Mais depuis plusieurs semaines, le secrétaire d'Etat est confronté à une crise sans précédent dans les Antilles. Le mouvement de contestation est parti de la Guadeloupe et semble s'étendre aux autres départements d'Outre-mer. En privé, Nicolas Sarkozy s'inquiète de voir le conflit s'enliser. Le président ne peut que constater les difficultés de son secrétaire d'Etat pour résoudre cette crise, sans chercher à débloquer les fonds nécessaires pour y mettre un terme.


Portrait.

Origines et formation

Yves Jégo est né à Besançon le 17 avril 1961. Il fait des études de Droit d'abord à l'Université de Franche-Comté puis à Paris et obtient une maîtrise de Droit avant de passer un DEA d'études politiques. Contrairement à la plupart des ministres sous la Vème République, Yves Jégo n'a pas un parcours commun à l'élite politique.

Une carrière politique débutée en Seine-et-Marne

A l'âge de 25 ans, Yves Jégo est nommé chef de cabinet du maire UDF, Claude Eymard-Duvernay, d'une petite ville de Seine-et-Marne : Montereau-Fault-Yonne. En 1990, il quitte ce poste pour devenir conseiller municipal.
En 1992, il quitte la Seine-et-Marne pour travailler dans l'Oise auprès du député RPR Jean-François Mancel qui l'a nommé directeur de cabinet. Il conserve ce poste pendant six ans, même si en 1995 il se présente aux élections municipales et est élu maire de Montereau-Fault-Yonne et reconduit à cette fonction à chaque nouvelle élection.
En 2002, Yves Jégo se présente aux élections législatives : il est élu député UMP dans la troisième circonscription de Seine-et-Marne. Si Yves Jégo a pu travailler à la relance du courant gaulliste et républicain "Debout la République" de Nicolas Dupont-Aignan en tant que courant "gaulliste authentique" du Rassemblement pour la République (RPR) au début des années 2000, il s'en est vite éloigné pour rejoindre le clan de Nicolas Sarkozy.

Un proche de Nicolas Sarkozy

Le 28 novembre 2004, Nicolas Sarkozy est élu à la tête de l'UMP. Yves Jégo est alors nommé secrétaire national en charge des nouveaux adhérents entre 2004 et 2007, poste consistant à plébisciter le futur candidat à l'élection présidentielle. Il organise des rencontres entre les nouveaux adhérents et Nicolas Sarkozy pour rendre la figure de chef du parti plus accessible.
Pendant la campagne présidentielle de 2007, fort de ses connaissances des blogs et d'Internet, Yves Jégo s'occupe des dossiers liés à ce domaine. Il est également responsable de l'équipe chargée non seulement de s'occuper du site Sarkozy.fr mais aussi de diffuser sur la toile les propositions du candidat UMP en mobilisant les blogueurs autour des thèmes liés à l'actualité.

Secrétaire d'État chargé de l'Outre-mer

Lors du troisième remaniement du gouvernement Fillon, le 18 mars 2008, le Premier ministre nomme Yves Jégo secrétaire d'État chargé de l'Outre-mer. Yves Jégo se rend donc dans les DOM-TOM pour mettre en place la loi-programme d'Outre-mer. Ses visites permettent de rappeler les promesses du président de la République portant sur les 100 millions d'euros du projet de loi-programme pour l'Outre-mer. Il souhaite installer également à Saint-Paul de la Réunion une « Ecopolis », ville écologique d'au moins 50 000 habitants fonctionnant sur la base des énergies renouvelables.
En février 2009, une grève générale paralyse la Guadeloupe : d'un côté les 115 gérants des stations-service de l'île refusent de nouvelles implantations de commerces, de l'autre 52 organisations réunies dans un « Comité contre l'exploitation outrancière » (LKP) réclament une baisse des prix ainsi qu'une hausse des salaires les plus bas. Yves Jégo passe dix jours en Guadeloupe et parvient à négocier la réouverture des magasins ainsi qu'une baisse de10% sur une centaine de produits de base. En revanche, il s'avance trop vite quand il promet une hausse des salaires de 200 euros aux salaires les plus bas : le Premier ministre le rappelle en métropole et le dédit. L'Etat n'interviendra pas, ne devant se substituer aux partenaires sociaux. Suite à cette grève générale de la Guadeloupe, les autres départements d'Outre-mer protestent à leur tour.

Plusieurs échos dans la presse ont fait un état d'un certain agacement de Nicolas Sarkozy à l'égard de son secrétaire d'Etat. Il lui reproche de ne pas avoir su mettre un terme rapidement à la contestation et le tiendra pour responsable si la situation dégénère.




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Crise en Guadeloupe

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