Présidence française de l'UE : rien ne s’est passé comme prévu

Revue de presse · 13 oct. 2008 à 12:09

Sarkozy, président de l'Europe

Avec un budget de 190 millions d'euros pour six mois, la présidence française de l'Union Européenne se voulait flamboyante. Nicolas Sarkozy avait renoncé à un remaniement ministériel pour que ses ministres soient au fait de leurs dossiers. Après la signature du traité de Lisbonne, il voulait relancer la construction européenne en mettant en avant des dossiers concrets : la Défense, l'immigration. Mais trois événements majeurs sont venus bouleverser les projets du président de l'Union Européenne pour six mois : le Non irlandais au traité de Lisbonne, la crise géorgienne et la crise financière. Depuis, rien ne va plus.

Revue de presse du lundi 13 octobre 2008

- L'Express : L'UE veut rassurer ses citoyens et aider ses banques
- Le Figaro : Sarkozy veut remettre à plat la sécurité en Europe
- Rue89 : Nicolas Sarkozy est-il vraiment président de l'Europe ?

Les objectifs oubliés de la présidence française

Pendant six mois, la France devait être au coeur de l'Europe, et Nicolas Sarkozy, le président intérimaire d'une Union Européenne relancée. Le budget de la présidence française était à la hauteur de ses ambitions : 190 millions d'euros, quand la présidence anglaise de l'UE n'avait coûté "que" 16 millions d'euros en 2005.
Six mois de festivités avaient été prévus : des grandes conférences, des colloques internationaux, mais aussi des défilés et des cérémonies. En matière d'événements médiatiques, les services de l'Elysée semblaient avoir une imagination débordante : ils voulaient par exemple renvoyer les dirigeants européens dans le collège de leur enfance pour expliquer l'Europe.
Quatre dossiers étaient prioritaires : lutte contre le réchauffement climatique (réduction de 20% des gaz à effet de serre d'ici à 2020), mise en place d'une politique d'immigration commune, début des négociations sur la réforme de la Politique Agricole Commune, relance d'une politique de la Défense (objectif : mobilisation de 60 000 soldats européens en permanence). Mais trois événements inattendus sont venus bouleverser les plans de Nicolas Sarkozy.

Non irlandais, crise géorgienne, crise financière : un calendrier bouleversé

Le traité de Lisbonne devait entrer en vigueur le 1er janvier 2009. Nicolas Sarkozy devait donc être le dernier président tournant de l'Union Européenne, puisque le traité prévoyait une présidence stable, assurée par un responsable politique à temps plein. Mais quinze jours avant le début de la présidence française, le non irlandais au traité de Lisbonne a changé la donne. Nicolas Sarkozy a dû revoir à la baisse ses ambitions et gérer une nouvelle crise de la construction européenne. Le chef de l'Etat souhaitait donc réorienter la présidence vers des sujets concrets, proches des citoyens européens. L'immigration et le réchauffement climatique étaient au programme.
Mais en plein coeur de l'été, nouveau coup de théâtre : la Russie envahit une partie de la Géorgie après que le président géorgien ait décidé d'employer la force pour reprendre le contrôle d'une région géorgienne autonomiste. La communauté internationale a fermement condamné l'invasion russe. Et Nicolas Sarkozy, en tant que président de l'Union Européenne en exercice, a joué le rôle de médiateur. Pendant plusieurs jours, il a négocié pour obtenir un retrait des troupes russes. Mais une fois l'accord signé, il aura encore fallu plusieurs mois pour que la Russie rende ce départ de Géorgie effectif. Le bilan de l'action de Nicolas Sarkozy est donc mitigé sur ce point.
Depuis quinze jours, c'est la crise financière qui domine les débats entre Etats européens. En tant que président de l'UE, Nicolas Sarkozy doit gérer une crise sans précédent, qui met à mal la solidarité européenne : au début de la crise, les Etats sont partis en ordre dispersé pour sauver leur système bancaire, sans concertation avec leurs partenaires européens. Tout le travail de Nicolas Sarkozy consiste donc à essayer de donner une cohérence à l'action des pays européens pour apporter une réponse efficace à la crise. La réunion de l'Euro-groupe, ce week-end, allait dans ce sens.


Si tout ne se passe pas comme prévu, les événements récents permettent tout de même à Nicolas Sarkozy d'apparaître comme le principal acteur de la riposte européenne pour faire face à la crise financière. La présidence française de l'UE sera jugée sur la capacité des Etats européens à coordonner leur politique économique. Ce n'est pas le moindre des paradoxes, pour un président français accusé souvent de vouloir faire cavalier seul et de vouloir tirer la couverture à lui.

*** Liens

- Qu'est-ce que le traité de Lisbonne ?
- Traité de Lisbonne : pourquoi les irlandais ont dit non ?
- Présidence française de l'UE : 1 million d'euros dépensé chaque jour pour la communication

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