Municipales 2008 · 26 mar. 2008 à 20:55
Laminée à l'élection présidentielle de 2007, Dominique Voynet a effectué un retour spectaculaire sur la scène politique en remportant la mairie de Montreuil lors des élections municipales. Son pari n'était pourtant pas gagné d'avance. Avec cette victoire, Dominique Voynet relance sa carrière politique. Retour sur une résurrection surprenante.
L'année dernière, Dominique Voynet était sortie rincée d'une campagne présidentielle calamiteuse. Critiquée au sein même de son propre camp, elle n'avait pas réussi à se faire entendre, le pacte écologique de Nicolas Hulot rendant tout discours écologique alternatif inaudible. Au premier tour, elle avait obtenu 1,57% des voix, le plus mauvais score des Verts depuis la création du parti en 1986. Les partisans de Noël Mamère, candidat à la présidentielle en 2002, s'en étaient pris à elle et à sa campagne jugée trop terne. En coulisses, ses détracteurs dénonçaient son autoritarisme et son incapacité à prendre des avis extérieurs.
Après cette déroute, elle s'était recentrée sur son mandat de sénatrice de Seine-Saint-Denis sans reprendre de fonctions de direction au sein des Verts.
Lors de la préparation des municipales, Dominique Voynet évoque son souhait de se présenter à Montreuil. Cette ville de plus de 100 000 habitants est détenue par le communiste Jean-Pierre Brard depuis plus de 20 ans. Mais avant de se lancer dans la bataille, elle a d'abord essayé d'obtenir le soutien du Parti Socialiste. Contrairement aux précédentes élections, le PS est en effet disposé à organiser des "primaires" dans les bastions communistes en présentant des candidats socialistes dans certaines communes du 93.
A Montreuil, le PS a choisi d'organiser une consultation au sein de la fédération socialiste pour connaître l'avis des militants sur le meilleur candidat : Dominique Voynet, ou le maire communiste sortant, Jean-Pierre Brard. En novembre 2007, ces primaires sont organisés et les résultats s'avèrent très serrés : Dominique Voynet est arrivée en tête avec seulement... six voix de plus que Jean-Pierre Brard. Pourtant, les socialistes ont estimé que le nombre très élevé de bulletins blancs annulait le choix. Il a donc fallu prendre une décision en interne sans se fier à l'avis des militants trop indécis.
Finalement, fin décembre, François Hollande annonce que le PS lâche Dominique Voynet et accorde son soutien au maire communiste sortant.
Malgré l'absence de soutien du PS, Dominique Voynet a maintenu sa candidature à Montreuil en composant sa liste avec des personnalités issues de tous horizons : des Verts mais aussi des socialistes dissidents soutenus discrètement par Claude Bartolone, chef de file du PS en Seine-Saint-Denis.
La campagne entre la candidate verte et le candidat communiste a été rude. Les deux camps se sont accusés de tous les maux, les insultes ont fusé et la bataille des colleurs d'affiches et des distributeurs de tracts sur les marchés a été rugueuse. Dominique Voynet a notamment dénoncé les promesses non tenues de l'équipe sortante : métro non prolongé, infrastructures périscolaires et sportives non construites comme prévu. Du côté des communistes, le soutien du PS et la présence de Bruno Rebelle, ex-conseiller écologiste de Ségolène Royal, sur la liste du maire sortant, sont autant de signes pour montrer que ce sont eux qui font bien partie de la liste d'Union de la gauche.
Au soir du premier tour, les résultats sont serrés. La liste de Jean-Pierre Brard, maire sortant, arrive en tête avec 39,4% des voix, suivie de près par celle de Dominique Voynet, créditée de 32,5% des suffrages. La droite étant éliminée dès le premier tour, le report des voix centristes ainsi que la mobilisation des abstentionnistes sont la clé du second tour.
Le 16 mars 2008, lorsque les résultats tombent, l'impensable se produit : le maire communiste est battu par Dominique Voynet avec plus de 2000 voix d'écart. Le rejet de la personnalité de Jean-Pierre Brard a joué à plein dans le report des voix au second tour. Déjouant tous les pronostics, Dominique Voynet a gagné son pari et est élue maire de Montreuil.
Paradoxalement, ce succès inattendu est accueilli froidement par certains dirigeants des Verts. Le retour en grâce de Dominique Voynet suscite déjà des inquiétudes. Dès le lendemain de sa victoire, plusieurs responsables écologistes ont réclamé qu'elle abandonne son mandat de sénatrice comme l'exigent les statuts du parti des Verts sur le non-cumul des mandats.
La nouvelle élue a aussitôt répondu à ses détracteurs en refusant de choisir entre ses deux mandats. Dominique Voynet est bien décidée à poursuivre son chemin, sans cette fois-ci être lestée par un parti écologiste qui n'en finit plus de se déchirer en interne. Si sa victoire à Montreuil relance sa carrière politique, il n'est pas certain qu'elle souhaite de nouveau replonger dans la cuisine interne d'un parti habitué à couper les têtes qui dépassent.
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