La fin du communisme municipal ?

Municipales 2008 · 25 mar. 2008 à 12:25

Communisme municipal

A chaque élection nationale ou locale, la presse décrit la lente agonie du Parti Communiste. Dépassé sur sa gauche par la Ligue Communiste Révolutionnaire et Lutte Ouvrière, pris en porte-à-faux en participant à des gouvernements socialistes dont la politique est d'abord d'inspiration social-démocrate, le PC n'en finit plus de perdre des élus. Les résultats des municipales 2008 ont confirmé ce lent déclin avec la perte de quelques bastions historiques du 93, notamment Montreuil. Dans le même temps, le PC a réussi à maintenir presque intact son réseau d'élus. Suite aux résultats de ses élections, peut-on parler de la fin du communisme municipal ?

Revue de presse du mardi 25 mars 2008

- Libération : La Seine-Saint-Denis se réveille socialiste
- Mediapart : Avec la perte du 93, une histoire communiste prend fin
- Le Monde : Le Parti communiste tient toujours dans le "9-4"

Seine-Saint-Denis : la banlieue rouge des années 1930

L'implantation du Parti Communiste en Seine-Saint-Denis remonte aux municipales de 1935. C'est après-guerre que la notion de "banlieue rouge" a été théorisée. Il s'agit de faire un lien entre la ville et la logique de classe. Ces villes de Seine-Saint-Denis sont devenues le symbole de la conquête du territoire par la classe ouvrière. Cette conquête se traduit symboliquement dans l'espace par la multiplication des monuments commémorant la résistance communiste de la Seconde Guerre mondiale. Progressivement, les communistes ont développé leur réseau, quadrillé le territoire, développé leurs thématiques propres : développement des associations, du sport, de la culture, politique du logement tourné vers les classes populaires.

Premiers signes de crise du communisme municipal dans les années 1970

Les premiers signes de crise du communisme municipal remontent au début des années 1970. Le Parti Communiste a d'abord perdu de son originalité avec la récupération de ses thématiques "sports, culture, politique de logement" par les maires des autres partis politiques. Créer un centre aéré ou bâtir des cités HLM pour accueillir les classes populaires n'ont plus constitué une spécificité communiste. Par ailleurs, avec la crise économique des années 1970 et le lent mouvement de désindustrialisation, le lien entre le territoire et les ouvriers a perdu de sa force. Le PC, localement, n'a pas pu répondre à la montée du chômage, à la précarisation, autant de problèmes qui ne pouvaient trouver qu'une solution à l'échelle nationale en participant à des gouvernements.

Entre pouvoir local et programme national : le dilemme communiste

Au fur et à mesure que le PC déclinait aux élections nationales (le parti est passé de 15% des voix à la présidentielle de 1981 à 1,9% à la présidentielle de 2007), les élus communistes se sont repliés dans leurs bastions communaux. Des tensions sont alors apparues entre le parti, qui défendait un programme communiste classique comprenant lutte des classes et les critiques contre la société capitaliste, et des élus locaux qui devaient gérer quotidiennement une mairie et constater le déclin industriel au profit du tertiaire. A Paris, le parti refusait la désindustrialisation du pays et le déclin de la classe ouvrière, dans les communes, les maires communistes devaient accompagner cette désindustrialisation en privilégiant le développement économique de leur ville, quitte à abandonner en partie la doctrine du parti.
L'évolution sociologique des communes communistes a également changé la donne. Le prix exorbitant des loyers à Paris a rejeté une partie de la classe moyenne vers la proche banlieue. Les bobos ont investi les communes du 93 et modifié la géographie électorale.

Un bilan mitigé pour les municipales 2008

Face aux difficultés du Parti Communiste, le PS a voulu s'attaquer aux mairies communistes lors des municipales de mars 2008. Des primaires ont lieu dans de nombreuses villes, notamment du 93. Et les résultats ont confirmé le déclin du Parti Communiste avec la perte de quelques bastions historiques : Aubervilliers, Montreuil, Calais. Autre symbole de ce déclin : la perte du conseil général de Seine-Saint-Denis, désormais présidé par le socialiste Claude Bartolone.
Malgré tout, le parti communiste a réussi à conserver de nombreux bastions en Seine-Saint-Denis: le Blanc-Mesnil, Bagnolet, La Courneuve, Saint-Denis et Villetaneuse. Les communistes ont même réussi à reprendre quelques communes comme Villepinte ou Villeneuve-Saint-Georges. Au final, le parti a donc résisté en conservant 89 villes de plus de 9 000 habitants et 28 villes de plus de 30 000 habitants. Mais, à chaque scrutin, inexorablement, le PS grignote un peu plus dans l'électorat communiste.



Le communisme municipal n'est donc pas mort en 2008. Le PC a plutôt mieux résisté que prévu. Mais la perte de quelques bastions symboliques confirme le lent déclin d'un parti qui n'est plus qu'une force locale.

Commentaires