Kadhafi et l’Occident : histoire d’un rapprochement contesté

Revue de presse · 11 déc. 2007 à 16:37

Kadhafi

La visite du dirigeant libyen, le colonel Kadhafi, n'en finit plus de créer la polémique. Les défenseurs des droits de l'homme dénoncent la visite d'un chef d'Etat qui autorise toujours la torture dans les prisons libyennes. Nicolas Sarkozy rejette ces critiques et fustige les donneurs de leçon. De son côté, Rama Yade, secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, a été priée d'adoucir ses propos sans complaisance à l'égard de Kadhafi. Le dirigeant libyen savoure ce voyage officiel qui marque le retour de la Libye sur la scène internationale après avoir été mis au ban de celle-ci pendant près de 30 ans. Retour sur un rapprochement dénoncé par les défenseurs des droits de l'homme.

Revue de presse du mardi 11 décembre 2007

- Le Monde : Mouammar Kadhafi reçu à l'Assemblée nationale
- Le Figaro : Droits de l'homme : couac entre Kadhafi et Sarkozy
- Libération : Khadafi et la presse étrangère: Quand on dîne avec le diable...

Les attaques terroristes des années 1970 et 1980

Après avoir pris de force le pouvoir en faisant en coup d'Etat contre le Roi Idris al-Mahdi, Kadhafi a instauré en Libye un socialisme d'Etat, prônant ainsi la « révolution du peuple ». Dans les années 1970-1980, il a rejeté le modèle occidentale et s'est distingué par ses participations à plusieurs actes terroristes dans différents coins du monde. En 1986, un attentat est perpétré dans une discothèque à Berlin, fréquentée par des soldats américains, provoquant la mort de l'un d'entre eux. Renald Reagan a riposté en ordonnant un raid de bombardement contre Tripoli et Benghazi. Deux ans plus tard la Lybie est accusée d'être responsable de l'explosion d'un avion américain en Ecosse causant la mort de 270 passagers puis de celle d'un avion français, en 1989, faisant 170 morts. A cette époque, la Lybie est considérée par les Etats-Unis comme le symbole de l' « Etat voyou ».

Kadhafi veut rompre l'isolement de la Libye à la fin des années 1990

La Lybie est obligée, si elle veut tenter de renouer un dialogue international, de changer de position et de trouver un mode diplomatique adéquat. Pour retrouver sa place sur la scène internationale et renouer le dialogue avec les autres nations, Kadhafi va changer de politique. Suite aux négociations de Nelson Mandela avec la Lybie entamées en 1998, deux suspects libyens dans l'attentat écossais sont arrêtés. L'un d'eux est condamné à la prison à vie. Ces arrestations permettent à la Libye de rétablir ses relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne. L'ONU, de son côté, est tenu de suspendre ses sanctions.

Le rapprochement avec l'Occident après le 11 septembre

Pour marquer son désaccord avec l'attentat du 11 septembre 2001, la Libye décide de coopérer avec les Etats-Unis en matière de sécurité internationale. Kadhafi cherche à s'allier aux puissances occidentales. En 2003, alors que la Libye continuait à nier sa participation dans l'attentat écossais et parisien, elle se décide à reconnaître officiellement sa responsabilité et verse 2,16 milliards de dollars aux familles des victimes. L'année suivante, pour soutenir les Américains, il déclare renoncer officiellement à son programme d'armes de destruction massive. Grâce à ces différentes alliances et compromissions, Kadhafi a su ainsi faire amande honorable et retrouver une part de légitimité auprès de la communauté internationale.

Un retour progressif de la Libye sur la scène internationale

En avril 2004, le président de la Commission européenne, Romano Prodi accueille à Bruxelles Kadhafi. De même, Jacques Chirac, Tony Blair et Silvio Berlusconi se rendent quelques mois plus tard à Tripoli pour rencontrer le chef d'Etat. Néanmoins si Kadhafi semble vouloir donner une image positive et tolérante de son pays, une affaire entache sa nouvelle réputation : les infirmières bulgares accusées à tort d'avoir inoculé le virus du sida à des enfants et condamnées à mort. Kadhafi a médiatisé cette affaire pour faire-valoir ses propres intérêts politiques. Finalement, en juillet 2007, la France, chapeautée par la communauté européenne, met fin à la détention des infirmières, en passant des accords avec la Libye.

Depuis le dénouement de la crise sur les otages bulgares, Nicolas Sarkozy accompagne la normalisation des relations entre l'Occident et la Libye au risque de légitimer un régime dictatorial qui pratique toujours la torture contre ses opposants. Une fois de plus, les droits de l'homme s'accommodent mal avec la diplomatie des contrats. Sarkozy et Kadhafi ont signé des accords commerciaux pour un montant qui dépasse les 10 milliards d'euros.

*** Liens

- Qu'est-ce que les droits de l'homme ?
- Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (1948)
- Kadhafi en France : le jeu de rôle de Sarkozy, Kouchner et Rama Yade
- Les grandes lignes de la politique étrangère de Sarkozy

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