Revue de presse du 23 Août 2007 : Les conséquences des suppressions de postes dans l'éducation

Revue de presse · 23 août 2007 à 11:42

Les suppressions de postes dans l'Education

De sources syndicales, le nombre de postes supprimés à la rentrée 2008 serait d'environ 11 000. Ces suppressions de postes interviennent dans le cadre de la politique de non-remplacements des départs à la retraite. Le chiffre était attendu depuis plus de deux mois.


Aujourd'hui, la presse commente ce chiffre. "Plus de 11.000 postes supprimés dans l'Education nationale" annonce Libération. Pour allumer un contre-feu, Xavier Bertrand, ministre du travail, a annoncé que "2700 postes seraient créés pour aider les élèves handicapés" (Nouvel Observateur).

Un chiffre attendu depuis 2 mois

Depuis plusieurs semaines, les syndicats d'enseignants attendaient le chiffre fatidique. Le 28 juin dernier, le ministre de l'Education, Xavier Darcos, avait avancé le chiffre de 10 000 postes supprimés. En révélant ce chiffre, le ministre a tenté de faire pression sur le ministère de l'économie et sur le Premier ministre car la première estimation avancée était de 17 000 postes. Avec ce chiffre de 11 000 postes supprimés, Xavier Darcos a donc gagné son bras de fer avec Bercy. Dans le cadre d'une politique de réduction des effectifs de la fonction publique, l'Education qui compte 1 115 000 fonctionnaires, dont 285 000 postes administratifs, devait s'attendre à ces suppressions de postes.

Les justifications chiffrées du ministre

Dans une interview à Paris Match, Xavier Darcos explique que le ministère de l'Education contribuera pour moitié à l'allègement de 22 700 suppressions d'emplois de fonctionnaires dans le budget 2008. Parmi les 11 000 postes supprimés, ce serait avant tout des postes de fonctionnaires non-enseignants (agents techniques ou administratifs) qui seraient concernés. Le second degré (collège et lycée) est principalement touché alors que le premier degré (écoles primaires et maternelles) verra ses effectifs augmentés d'environ 1000 postes.
Depuis 2002, chaque année, les gouvernements successifs de droite ont annoncé une baisse des effectifs dans l'Education nationale. A chaque fois, la même justification revient : le nombre d'élèves tend à diminuer dans le secondaire. Selon le ministre, en septembre 2008, il y aura 25 000 élèves de moins dans le secondaire et 25 000 élèves de plus dans le premier degré. Il ajoute que la France ne manque pas de professeurs en faisant une comparaison avec l'Allemagne et l'Angleterre. Selon lui, il y aurait 83 profs pour 1000 élèves en France, contre seulement 66 pour 1000 en Allemagne et 60 pour 1000 en Angleterre.

Réduire le nombre d'heures de cours

Paradoxalement, alors que la suppression de postes est toujours justifiée par la démographie, les conséquences sur le terrain sont tout autres. Le nombre d'heures par matière ne cessent de diminuer alors que les programmes scolaires restent intacts. Dans un établissement, la suppression d'une classe entraîne généralement une augmentation des effectifs des autres classes qui peuvent passer de 28 à 35 élèves avec des conséquences pédagogiques immédiates : moins de temps à consacrer par élève, discipline plus difficile à maintenir.
Par ailleurs, Xavier Darcos a expliqué que le gouvernement souhaitait réduire le nombre d'heures de cours, reconnaissant implicitement que l'ampleur de la baisse du nombre de professeurs allait au-delà des simples considérations démographiques.

L'Education perçue comme un simple "coût" pour le budget de l'Etat

L'Education nationale est le premier budget de l'Etat, juste après le remboursement des intérêts de la dette. Dans une politique de réduction des dépenses de l'Etat, l'Education nationale est donc la première visée car les effectifs y sont pléthoriques. Mais la politique de suppressions de postes est une simple vision comptable. Depuis des années, l'Education nationale est perçue comme un coût. Contrairement à des ministères où les politiques menées peuvent avoir des conséquences économiques immédiates (distribuer des aides aux entreprises pour relancer la croissance par exemple), les dépenses dans l'Education nationale sont des investissements à très long termes. Or, de plus en plus, les politiques sont guidées par des objectifs à court terme, visibles rapidement, de préférence dans les médias.

*** Liens

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