Présidentielle/Législatives : un calendrier favorable au 1er vainqueur

Zapping radio · 4 juin 2007 à 11:19

Le calendrier électoral

La campagne législative intéresse peu et semble jouer d'avance. Avec plus de 40% d'intentions de vote, l'UMP va renforcer la majorité obtenue en 2002. La majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy devrait obtenir près de 400 députés sur un total de 577. Alors que la défaite de la gauche aurait du mobiliser les électeurs du PS pour prendre une revanche sur la victoire de Nicolas Sarkozy, l'absence d'enjeu de ces nouvelles élections et le défaitisme affiché par les responsables politiques et les militants du PS s'expliquent par le calendrier électoral. C'était le thème de France Info Politique aujourd'hui.

1965-2002 : des élections présidentielles et législatives distinctes

Depuis 1965 et la première élection présidentielle au suffrage universel direct, la politique française était marquée par deux élections nationales importantes : l'élection présidentielle pour désigner le pouvoir exécutif, et l'élection législative pour élire les députés de l'Assemblée Nationale. Jusqu'en 2001, les députés étaient élus pour 5 ans et le président de la République pour 7 ans. Autrement dit, les deux élections étaient distinctes. Les élections législatives de 1978 interviennent trois ans avant la fin du mandat de Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand a perdu deux fois les élections législatives en 1986 et 1993 et a été contraint de nommer un Premier ministre de droite.

La dissolution de 1997 et la réforme du quinquennat

Jacques Chirac a été élu président de la République en 1995. Au lendemain de son élection, aucune élection législative n'a eu lieu puisque la droite était majoritaire à l'Assemblée depuis 1993. Les prochaines élections législatives étaient donc prévues pour 1998. Mais un an avant l'échéance, Jacques Chirac a décidé de dissoudre l'Assemblée Nationale. Les députés de gauche sont devenus majoritaires à l'Assemblée et ils ont été élus pour 5 ans, c'est-à-dire jusqu'en 2002.
Or, cette dissolution a entraîné un bouleversement du calendrier : conformément à la durée des mandats (5 ans pour les députés, et 7 ans pour le président), des élections législatives devaient avoir lieu en mars 2002, et l'élection présidentielle en mai 2002. Autrement dit, les députés devaient être élus deux mois avant le président de la République. Par ailleurs, la réforme du quinquennat adoptée en septembre 2000 entraînait une coïncidence parfaite entre les élections législatives (tous les 5 ans) et l'élection présidentielle (tous les 5 ans).
Par conséquent, le hasard du calendrier et la réforme du quinquennat ont abouti à la tenue des élections législatives et présidentielles la même année.

La victoire à la présidentielle assure une victoire aux législatives

Trois semaines après la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle ont lieu les élections législatives. Depuis 2002, celles-ci sont devenues secondaires. La victoire d'un président insuffle une dynamique à son camp alors que la défaite jette le trouble dans l'opposition. La nette victoire de Nicolas Sarkozy indique que les Français souhaitent l'application de son programme. La logique veut donc que les élections législatives viennent confirmer le choix des Français lors de l'élection présidentielle.
Il apparaît impossible pour ceux qui ont perdu trois semaines plus tôt, de tirer les leçons de la défaite, de changer de programme et de leader. Les élections législatives deviennent alors secondaires, et constituent un deuxième second tour de l'élection présidentielle, une simple confirmation du choix.

L'ouverture à droite et la morosité à gauche

Si le calendrier électoral est nettement favorable au premier vainqueur, le contexte politique du moment joue également en faveur de la droite. Le gouvernement d'ouverture de Nicolas Sarkozy lui permet d'avoir une majorité élargie : droite et centre. En face, la défaite de Ségolène Royal, la crise de leadership au PS, la nécessité d'une refonte idéologique du PS plombe la campagne électorale. La gauche est déboussolée et ne constitue pas une alternative crédible.
Le PS et le Modem de Bayrou ont beau appeler à constituer une opposition forte à la majorité de Nicolas Sarkozy, le mouvement ne s'enclenche pas et l'UMP s'achemine vers une victoire écrasante. Toutefois, ce quitte ou double, une victoire à la présidentielle assurant une victoire aux législatives, ne signifie pas pour autant la fin du pluralisme et de l'opposition. Même si les élections législatives sont devenues secondaires, le calendrier électoral reste charger : en 2008 ont lieu les élections municipales, en 2009 ont lieu les élections européennes et en 2010 ont lieu les élections régionales. Autant d'occasion pour la majorité et l'opposition de s'affronter devant les électeurs.

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