Revue de presse · 9 fév. 2015 à 12:40 · 0
Décidément, on peut tout faire avec de l'argent public. Selon Mediapart, "un ministre de Nicolas Sarkozy, Henri de Raincourt, arrondissait ses fins de mois au gouvernement grâce à une cagnotte secrète au Sénat". L'année dernière, Le Parisien et Le Canard enchaîné avaient révélé qu'une partie de l'argent du groupe UMP du Sénat - environ 400 000 euros - avaient été redistribués, par chèque ou en liquide, à quelques sénateurs via deux associations (toute l'affaire est ici). Un an après, Mediapart vient de découvrir que le groupe UMP du Sénat, dont le compte officiel était à la Société générale, avait un deuxième compte bancaire.
Le deuxième compte bancaire a "été ouvert chez HSBC au nom du « groupe UMP du Sénat »" et "certains dirigeants du groupe ignoraient [son] existence", révèle le site d'information. Ce compte bancaire n'aurait bénéficié seulement qu'à quelques élus, issus du même courant, celui des Républicains indépendants (vieux rivaux du RPR).
Et parmi les heureux bénéficiaires de cet argent, on trouve... un ancien ministre de Sarkozy. "Les pièces bancaires en notre possession indiquent qu'un sénateur UMP, devenu ministre de Nicolas Sarkozy en juin 2009, Henri de Raincourt, a été secrètement rémunéré depuis ce compte du « groupe UMP du Sénat » pendant qu'il était au gouvernement, via un virement automatique de 4 000 euros par mois, raconte Mediapart. D'après certains documents, ces versements auraient duré jusqu'en mars 2011".
Un ministre payé par une cagnotte de sénateur ? Mediapart a bien essayé de joindre Henri de Raincourt. Sans succès : "Coups de fil, e-mails, SMS, rien n'y fait. Quand on l'appelle sur son portable, il nous raccroche au nez (« Je ne répondrai pas ! »). Ce faisant, Henri de Raincourt ne dément pas".
Ces virements de 4 000 euros sont d'autant plus déroutants que de Raincourt, qui est aujourd'hui redevenu sénateur, n'était pas vraiment dans le besoin. Quand les virements ont débuté, il était président du groupe UMP au Sénat. A ce titre, il percevait 7 100 euros mensuels d'indemnité de base, 2 000 euros en tant que président de groupe, sans oublier l'enveloppe de 6 000 euros pour couvrir ses frais de représentation et 7 500 euros pour l'emploi d'assistants parlementaires. Pire : d'après Mediapart, ces virements ont continué quand il est devenu ministre en charge des relations avec le parlement et ministre de la Coopération, au mépris de la règle élémentaire de la séparation des pouvoirs. Entre juin 2009 et mars 2011, il aurait ainsi perçu 84 000 euros.
Une information judiciaire pour "détournements de fonds publics", "abus de confiance" et "blanchiment" est en cours.
*** Source
- Mathilde Mathieu, "Le compte caché des sénateurs UMP", Mediapart, 05.02.2015
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