Quel est le bilan des villes dirigées par le Front national ?

Revue de presse · 28 mar. 2014 à 12:41 · Commentaires 0

Orange et Marignane, villes Front national

Moins d'impôts et des finances publiques assainies : tel serait le bilan des villes remportées par le Front national aux municipales de 1995. C'est en tout cas l'argument qu'a donné Marine Le Pen pour inciter les électeurs à voter FN au second tour des municipales : "Sur le plan fiscal et sur le plan des finances publiques, ces villes se sont portées mieux après [le] passage [des maires FN] qu'avant. Ça, c'est une certitude, c'est acté par la Cour des comptes. Partout, monsieur ! C'est vrai à Toulon, c'est vrai à Marignane, c'est vrai à Vitrolles. Vous irez regarder les rapports de la cour régionale des comptes", a-t-elle déclaré sur France info, le 26 mars.

Dans sa rubrique Desintox, Libération a voulu vérifier ces fameux rapports de la chambre régionale des comptes. Et le verdict est beaucoup plus nuancé que ce que dit Le Pen. Illustration avec les villes d'Orange et Marignane.

Marignane : "manque de rigueur", "avantages attribués dans des conditions illégales"

Entre 1995 et 2008, la ville de Marignane (Bouches-du-Rhône) a été dirigée par le maire Front national, Daniel Simonpieri. Dans un rapport de la chambre régionale régionale des comptes publié en 2006, il est d'abord noté que la "volonté d'assainissement des finances communales s'infléchit dès 1995". Que s'est-il passé ? "A son arrivée, Simonpieri a opté pour une forte diminution des taux de la taxe d'habitation et de la taxe foncière (non bâti), qui baissent de 56,4% entre 1995 et 2003. Mais ce choix politique entraîne une forte baisse des produits de fonctionnement (les recettes) de la ville, explique Libération. Pour rééquilibrer son budget 2004, Simonpieri réélu doit remonter le taux de trois taxes". Mais ce ne sera pas suffisant. Résultat ? La dette "augmente de 16,23% entre 1997 et 2003". Par ailleurs, le rapport souligne "le «manque de rigueur» de l'équipe municipale en matière de comptabilité". La chambre note également "que la baisse notable des charges de gestion de la ville a été rendue possible par la «forte diminution des subventions aux associations» entre 1997 et 2000". Enfin, Libération assure que le rapport mentionne "la générosité de Simonpieri, pas avare en logements de fonction gratuits et en «avantages en nature attribués dans des conditions illégales»". Pour la gestion irréprochable, on repassera.

Orange : "irrégularités" et "dépenses à caractère familial"


La situation est un peu meilleure à Orange, ville dirigée par Jacques Bompard depuis 1995 (entre-temps, Bompard a quitté le FN). Selon un rapport de la chambre régionale des comptes, qui date de 2002, la ville a une "situation financière saine". Cependant, dans un rapport qui date de 2011 et que Libération a également consulté, la chambre "dénonce des «irrégularités» dans la rémunération des collaborateurs du cabinet du maire, réélu en 2001 et en 2008". Le même rapport constate qu'il y a eu des "dépenses à caractère familial des Bompard (repas pris le week-end, sorties au spa, etc.) sans rapport avec les frais de représentation prévus". Un bilan mitigé donc, loin du satisfecit énoncé par Marine Le Pen.


*** Source
- Sarah Bosquet, "Quand le FN avait des maires", Libération, 28.03.2014

Desintox, villes Front national



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