Rejet des comptes de campagne de Sarkozy : un risque pour les finances de l'UMP

Revue de presse · 23 juin 2013 à 12:34 · Commentaires 0

Rejet des comptes de campagne

Le Conseil constitutionnel va-t-il confirmer le rejet des comptes de campagne de Sarkozy ? En décembre 2012, la commission chargée de vérifier les comptes de campagne des candidats à la présidentielle a rejeté ceux de Nicolas Sarkozy. Motif ? Le candidat a minoré des dépenses et dépassé le plafond autorisé par la loi (fixé à 22,5 millions d'euros). Depuis, l'ancien candidat a porté l'affaire devant le Conseil constitutionnel. En cas de confirmation du rejet, Sarkozy perdrait le remboursement des frais personnellement engagés, soit 11 millions d'euros. Question : qui serait alors obligé de les rembourser ?

Selon le site Mediapart, qui suit cette affaire depuis le début et déplore le refus de la commission de transmettre l'argumentaire détaillé qui a entraîné ce rejet, l'UMP est bien évidemment le premier concerné, mais Nicolas Sarkozy pourrait aussi "mettre la main au porte monnaie". Pourquoi ? Tout simplement parce que ces 11 millions d'euros ont été empruntés par Nicolas Sarkozy. De fait, c'est à lui de les rembourser. L'UMP ayant soutenu Sarkozy, le programme des législatives étant identique à celui de la présidentielle, il apparaît évident que le parti prendrait en charge ces 11 millions d'euros.

Sauf que cette évidence n'en est pas une. Interrogé par Mediapart, la trésorière du parti est resté très évasive quant à la suite de cette affaire : "Ça générera forcément une discussion avec le candidat pour savoir comment (l'addition) sera prise en charge. Je ne dis pas que le parti n'assumera pas, on est quand même dans la famille. Mais ça peut faire l'objet d'une discussion. Rien n'empêche une conversation avec le candidat...". Car si l'UMP n'est pas prête à faire le chèque les yeux fermés, c'est tout simplement parce que ces comptes sont dans le rouge.

Rigueur à l'UMP : fin des CDD, hausse des cotisations, emprunts...

En 2013, l'UMP affiche un budget de 35 millions d'euros, soit 20 millions d'euros de moins qu'en 2011. En raison des mauvais résultats aux législatives, l'UMP a en effet perdu plus de 10 millions d'euros par an de subventions publiques. En outre, le parti connaît une véritable désaffection de ces adhérents. D'après Lepoint.fr, seuls 30 % des adhérents 2012 ont repris leur carte, notamment en raison de la guerre interne entre Jean-François Copé et François Fillon. Dans le même temps, le parti s'est lourdement endetté, notamment après avoir contracté un prêt en 2011 afin d'acheter son nouveau siège, rue de Vaugirard à Paris. Endetté à hauteur de 55 millions d'euros, les banques ont laissé à l'UMP jusqu'en 2017 pour les rembourser. Autant dire que l'heure est à la rigueur...

"On n'a pas cinquante variables d'ajustement, a expliqué Catherine Vautrin au site Mediapart. En début d'année, on a voté une augmentation des cotisations versées par les élus, de 3% à 5% de leurs indemnités. La cotisation payée par les militants, quant à elle, n'a pas augmenté mais un appel aux dons a été lancé. Au chapitre des dépenses, il y a eu une compression de personnel : près de 80 CDD n'ont pas été renouvelés. Et tous les frais sont désormais calculés au plus serré (limitation des déplacements, des locations de salle, des opérations de marketing).

Dans ce contexte, la confirmation du rejet des comptes de campagne de Sarkozy s'avère donc risquée pour l'UMP. Et Sarkozy n'aurait pas les moyens de rembourser seul les 11 millions d'euros. Le Conseil constitutionnel, présidé par Jean-Louis Debré et composé de plusieurs personnalités de droite, pourrait tout de même trouver une porte de sortie : les comptes pourraient être juste "corrigés" et non "rejetés". "Dans ce cas, Nicolas Sarkozy toucherait une partie des onze millions d'euros publics sur lesquels il tablait. À l'arrivée, il pourrait par exemple être contraint d'éponger 300 000 ou 500 000 euros seulement", indique Mediapart. Une somme qu'il pourrait rembourser... en faisant un peu plus de conférences chez Goldman Sachs par exemple.


*** Sources
- Mathilde Mathieu, Compte de campagne de Sarkozy rejeté : l'addition pourrait être salée, Mediapart, 21.12.2012
- Mathilde Mathieu, Compte de campagne: et si Sarkozy mettait la main au porte-monnaie..., Mediapart, 19.06.2013


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