Bilan du G20 de Cannes : 23 millions d'euros de budget, 4,5 millions pour la salle et 8 millions de moquettes et d'éclairages

Revue de presse · 6 nov. 2011 à 23:36

Sarkozy fait son cinéma

Il fallait au moins ça pour sauver le monde : un festival de Cannes et beaucoup de cinéma. A l'issue du premier G20 organisé en France, le bilan est (forcément) positif : Sarkozy a mangé un grec (Papandréou), Bill Gates a vendu sa solution pour aider les pays pauvres (Faire « Escape » puis télécharger le plugin « agriculture durable ») et les dirigeants de la zone euro ont définitivement rassuré les marchés avec un gros cachet (pas de l'aspirine, mais plutôt des milliards d'euros dont on ne sait plus vraiment dans quelles poches ils vont atterrir).

Clou du spectacle : la cérémonie de clôture diffusée sur TF1 et France 2 avec l'interview croisée Sarkozy-Obama. Une première mondiale made in USA, puisque comme chacun sait, ce sont bien évidemment les Etats-Unis qui en ont fait la demande (selon une source bien informée, Obama compte surfer sur la popularité de Sarkozy pour remonter dans les sondages).


Voilà pour le bilan de ce G20. L'autre bilan, c'est à lire dans le magazine Capital de ce mois-ci : en plus de la com' de Nicolas Sarkozy, la grande gagnante de ce festival est la ville de Cannes. Avec un budget de 23 millions d'euros, un palais des festivals loué pour 4,5 millions, des aménagements intérieurs évalués à 8 millions d'euros et des hôtels de luxe complets, ce grand barnum médiatique est un gouffre financier pour l'Etat et une aubaine pour la ville. D'ici à ce que l'on apprenne que la France a dû faire un emprunt pour financer ce G20...

Un budget de 23 millions d'euros

Il aura fallu une année d'organisation. Si les sommets précédents n'ont pas été très productifs comme l'a relevé le magazine Capital (à peine une mesure sur six de réalisée à chaque fois), le G20 reste une formidable vitrine médiatique pour le pays hôte et ses dirigeants. En l'occurrence ici, Nicolas Sarkozy. Cette campagne de publicité a tout de même coûté 23 millions d'euros. Une note salée mais qui reflète bien la démesure d'un tel événement : 33 délégations officielles, 7000 personnes (chefs d'Etat, ministres, conseillers, personnels, etc.), 3500 journalistes et... près de 10 000 membres de force de l'ordre pour sécuriser tout ce petit monde.

4,5 millions d'euros de location et 8 millions d'aménagement

D'après le magazine Capital, sur un budget de 23 millions d'euros, "le Quai d'Orsay, dont le chef du protocole Laurent Stefanini, a coordonné l'organisation du Sommet, a réglé rubis sur ongle 4,5 millions d'euros pour la location des 35 000 mètres carrés du complet pendant deux jours. Plutôt bien payé, en basse saison...".
La location de la salle, ce n'est rien comparé au coût de l'aménagement du palais du festival. "Pour faire équiper entièrement l'espace par la société spécialisée Decorama GL Events, l'Etat a dû flamber près de 8 millions d'euros supplémentaires", estime Capital. Pourquoi une somme aussi élevée ? "Il a fallu surélever les sols, poser des moquettes, construire des faux plafonds, installer meubles, cloisons et systèmes d'éclairages, et réaliser sur place, ex nihilo, un centre de presse de 13 000 mètres carrés". Normal : les G20 ne débouchent sur rien, ou presque, mais les citoyens ont quand même le droit de le savoir.

Le G20 vu par Capital


La ville de Cannes n'est pas la seule à avoir décroché le jackpot. Il y a aussi PSA qui a fournit "66 berlines haut de gamme avec chauffeur (606, 807, C6 et C8), ainsi que des dizaines de voitures et de monospaces plus modestes pour l'entourage des chefs d'Etat et de gouvernement" afin de transporter tout ce petit monde. Moquettes, éclairages, voitures avec chauffeurs ont donc grossi la facture. Et dans ce cortège de dépenses, un ami de Nicolas Sarkozy n'a pas été oublié...

Des délégations nourries et logées dans des hôtels dirigés par un ami de Sarkozy

Le groupe Lucien Barrière est l'autre gros bénéficiaire de ce G20. "Contrôlé par Dominique Desseigne, un ami de Nicolas Sarkozy, le groupe d'hôtels et de casinos possède deux des quatre palaces de la Croisette réservés pour les délégations, le Majestic et le Gray d'Albion", indique Capital. Et le mensuel de préciser qu'"au grand dam des traiteurs du coin, le groupe Barrière [a régné] aussi sans partage sur les repas. Un déjeuner pour les chefs d'Etat [s'est tenu] à La Petite Maison de Nicole, l'annexe du célèbre restaurant niçois très apprécié de Nicolas Sarkozy, située dans le Majestic. Le dîner [a eu lieu] au Fouquet's Cannes, la deuxième table du palace. Barrière [s'est également chargé] de fournir les dizaines de milliers de repas destinés aux sherpas, conseillers, interprètes, gardes du corps et journalistes. Ceux-là [ont été] servis dans l'enceinte du Palais des festivals".

D'après le mensuel, le prochain sommet de ce type ne devrait être organisé par la France que dans vingt ans. Ce sera toujours ça d'économiser.


*** Source
- Olivier Drouin, « G20. And the winner is... la ville de Cannes ! », Capital n°242, novembre 2011

*** Liens

Pour mieux comprendre l'actualité
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- Qu'est-ce que l'Eurogroupe ?
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