Revue de presse · 24 jan. 2009 à 17:46
A l'issue du congrès de Reims, la presse était unanime : le PS est affaibli, les querelles intestines sont désastreuses pour l'image d'un parti désormais coupé en deux, entre les partisans de Ségolène Royal et la coalition anti-Royaliste (Hamon, Delanoë, Aubry). Pire, les prochaines échéances électorales s'annoncent délicates puisqu'il sera difficile pour le PS de réitérer le bon score des Européennes 2004. Où en est le Parti Socialiste deux mois après son congrès ? Retour sur la semaine politique du PS, symptomatique de ses travers.
- Rue89 : Sans faire de "l'humour", Royal répète avoir "inspiré" Obama
- NouvelObs : La bataille du droit d'amendement tourne à la crise politique
- Le Point : L'offensive du PS avec son contre-plan de relance de l'économie
Fidèle à elle-même, Ségolène Royal est la seule responsable politique de premier plan à avoir fait le déplacement aux Etats-Unis pour saluer la victoire de Barack Obama. Son déplacement a valeur de symbole, il s'apparente presque à un voyage initiatique en attendant l'espoir de son élection en 2012.
Pensant avoir rendez-vous avec l'histoire, Ségolène Royal a pourtant commis une double erreur. D'abord, elle a prêté le flanc à la critique en faisant un déplacement qui n'avait aucun contenu politique. Ségolène Royal aux Etats-Unis, c'était simplement une opération de communication doublée d'une envie personnelle certainement. Mais d'un point de vue purement politique, le déplacement a été inutile et incompris de l'opinion. Comme le révélait le Canard Enchaîné cette semaine, l'ex-candidate à la présidentielle a bien décroché une invitation sur une tribune officielle, mais elle a dû se contenter d'un entretien avec le conseiller diplomatique... du vice-président Joe Biden. Mais surtout, Ségolène Royal a commis une petite bourde dont elle a le secret.
Du voyage de Ségolène Royal aux Etats-Unis, les médias n'ont retenu que sa déclaration maladroite sur la campagne de Barack Obama, qui aurait été inspirée en partie par sa campagne en 2007. "Oui, j'ai inspiré Obama et ses équipes nous ont copiés" a-t-elle déclaré mardi au journal Le Monde. Cette phrase rappelle celle de Christian Estrosi qui attribuait une partie de la victoire d'Obama à Nicolas Sarkozy.
La presse a ironisé sur les propos de Ségolène Royal qui a cru bon de devoir apporter une précision sur son site "Désirs d'avenir" dès son retour : "Je viens de prendre connaissance des commentaires moqueurs sur les radios, ce matin, au sujet d'une de mes déclarations sur la campagne de Barack Obama, que j'aurais 'inspirée'. Je comprends que cette phrase ait pu surprendre ceux qui, à distance, n'avaient ni le son ni l'image (...) c'est à une question amicalement provocatrice d'un des journalistes que j'ai répondu de façon humoristique !".
En clair, les journalistes auraient mal compris. Manque de chance, sur le site du Monde, le journaliste maintient son interprétation et affirme qu'il n'avait pas décelé de pointe d'humour. En outre, Rue89 a refait la chronologie des événements et démontrer que les justifications de Ségolène Royal sont bancales. L'ex-candidate à la présidentielle est convaincue que sa démocratie participative a inspiré la net-campagne du nouveau président des Etats-Unis.
Pendant que Ségolène Royal était aux Etats-Unis, deux événements médiatiques distincts étaient orchestrés par le Parti Socialiste à Paris. Dans la nuit de mardi à mercredi, les députés socialistes de l'Assemblée nationale se sont vivement opposés contre la réforme du travail parlementaire qui vise à limiter la durée des débats à l'Assemblée. Pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme une volonté de "bâillonner" l'opposition, les députés socialistes ont donc tout essayé pour faire du bruit médiatique et ont découvert à cette occasion le buzz-vidéo : Boycott, Marseillaise chantée, toutes les images ont été aussitôt mises en ligne sur le compte Dailymotion du groupe socialiste à l'Assemblée.
Revers de la médaille, la présentation, le lendemain, du contre-plan de relance de Martine Aubry, faisait pâle figure à côté de l'agitation parlementaire. Volontairement ou involontairement, Jean-Marc Ayrault, le chef de file des socialistes à l'Assemblée nationale, a donc éclipsé en partie l'effet d'annonce de Martine Aubry qui a avancé des contre-propositions pour résoudre la crise avec un plan de 50 milliards d'euros pour le pouvoir d'achat et contre le chômage.
Ces trois visages du Parti Socialiste reflètent le principal problème du Parti Socialiste : une crise de leadership qui laisse s'épanouir au grand jour les divisions. Mais il ne s'agit pas simplement d'un combat de personnes, il s'agit d'une division stratégique. Il n'y a toujours pas de cohérence entre toutes les forces du PS. Les députés socialistes s'opposent, Martine Aubry tente de donner du contenu, Ségolène Royal poursuit une campagne médiatique hors du calendrier du PS. Tout ceci se fait en ordre dispersé et donne une image confuse de l'opposition qui décrédibilise en quelque sorte son travail.