L'autre bilan de Brice Hortefeux : des chiffres gonflés, des régularisations trop ciblées, une politique à 500 millions d'euros

Revue de presse · 14 jan. 2009 à 19:38

Bilan de Brice Hortefeux

Au cours d'une conférence de presse, Brice Hortefeux a présenté le bilan de son année passée à la tête du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. Avec 29 796 reconduites à la frontière en 2008, Brice Hortefeux a dépassé l'objectif des 26 000 qui lui avait été fixé par le Premier ministre. Comme toujours, le bilan est apprécié différemment selon le bord politique. Le Figaro.fr présente ce bilan sans aucun recul en reprenant tous les chiffres du ministre. Le NouvelObs est forcément plus critique en préférant donner la parole aux associations de défense de Sans papiers.


Au-delà de ce bilan chiffré et des différences d'interprétation, la presse oublie parfois de rappeler trois informations qui font aussi partie du bilan de Brice Hortefeux : des statistiques volontairement gonflées, une tendance à la régularisation de domestiques et un coût qui avoisine les 500 millions d'euros. A l'occasion du départ de Brice Hortefeux de son ministère, retour sur 3 informations vite oubliées...

Brice Hortefeux s'arrange avec les statistiques pour faire du chiffre

Selon l'association Romeurop dont les chiffres ont été repris par le Canard Enchaîné, plus de 4 600 expulsés seraient des Roms, des bulgares et des roumains. Ces Européens représentent donc 40% des expulsés sur les cinq premiers mois de l'année. Or, ils ont tous bénéficié de l'aide au retour : 300 euros par adulte et 100 euros par enfant. Et une fois qu'ils ont passé la frontière avec le tampon de retour apposé sur leur passeport, ils reviennent en France, puisqu'il n'y a quasiment plus de contrôle à la frontière entre les pays européens. Autrement dit, ces expulsions très coûteuses ont avant tout pour but de faire du chiffre. La Roumanie et la Bulgarie souhaitent d'ailleurs adhérer à l'espace Schengen et obtenir la libre circulation de leurs ressortissants d'ici à 2011. Brice Hortefeux verra alors la moitié de son quota s'évanouir automatiquement. Pour faire du chiffre, le ministre compte donc jouer aussi sur les statistiques des naturalisations en les limitant... sans le dire.

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Des domestiques régulièrement régularisés dans le XVIe arrondissement de Paris

Alors que le temps est plus aux expulsions qu'aux régularisations, il semble que la politique d'immigration diffère selon les quartiers. Ainsi, selon le Canard Enchaîné, le maire du XVIe arrondissement de Paris a multiplié les demandes de régularisation de Sans-papiers auprès du ministère. Ces immigrés, la plupart originaire des Philippines, ont tous un point au commun : ils travaillent comme domestique dans les chics appartements du XVIe arrondissement.

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Une politique dont le coût dépasse les 500 millions d'euros

Lors de l'examen du budget 2009 concernant la mission "immigration, asile et intégration", le Sénat a évalué le coût d'une expulsion à 20 970 euros. Du centre d'hébergement au prix du vol aérien en passant par la mobilisation des effectifs de police pour accompagner la personne en situation irrégulière, le Sénat a donc estimé le coût moyen pour la collectivité. Or, à 20 970 euros l'expulsion, la politique de Brice Hortefeux est un véritable gouffre financier. Le Sénat préconise au ministre de l'Immigration de développer plutôt l'aide au retour volontaire, moins coûteuse, car en dépassant les 26 000 expulsions, le coût total de la politique de Brice Hortefeux va dépasser les 500 millions d'euros pour l'année 2008.

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