Investissements publics : d'où viennent les 10,5 milliards d'euros du plan de relance ?

breve · 19 déc. 2008 à 23:02

Investissements publics

Selon Patrick Devedjian, le plan de relance de 26 milliards d'euros doit permettre de créer 150 000 emplois en 2009, rien que ça. Depuis l'annonce de ce plan le 4 décembre 2008, Nicolas Sarkozy a procédé à plusieurs nominations (ministre, secrétaire d'état, commissaire à la diversité), il a également fait voter le paquet climat pour terminer la présidence française de l'UE. Il faut ajouter à cela trois grands discours : l'un pour les 60 ans de la déclaration des Droits de l'homme, un autre à Strasbourg pour faire le bilan de la présidence française et un dernier à l'école Polytechnique sur l'égalité des chances. Autant dire que l'annonce du plan de relance 2009 est à des années-lumière en chronologie Sarkozy. Vu la complexité et la multitude des mesures annoncées jeudi 4 décembre 2008, l'opinion n'a pas vraiment eu le temps d'intégrer exactement ce qu'était ce plan de relance. Seul le chiffre de 26 milliards d'euros, suffisamment frappant, fait foi. Nous avons donc décidé de reprendre quelques mesures de ce plan de relance pour comprendre notamment la part de bluff de ce plan.


Mini-série 2/5 : Faire du neuf avec du vieux pour les investissements publics

Plan de relance



Sur les 26 milliards d'euros du plan de relance, 10,5 milliards concernent les investissements publics. Nicolas Sarkozy s'est engagé à ce que les pouvoirs publics accélèrent leur investissement pour doper la croissance économique et mettre un peu de carburant dans une économie à l'arrêt. Sur les 10,5 milliards prévus, il y a "4 milliards d'euros pour les investissements décidés par l'Etat (contrat de plan Etat-régions, loi de programmation militaire, nouveaux établissements pénitentiaires, infrastructures routières et ferroviaires...), 4 milliards pour les investissements des entreprises publiques (EDF, GDF, La Poste, RATP...) et 2,5 milliards d'euros pour les investissements que pourraient décider les collectivités locales, en contrepartie d'une aide de l'Etat" (Mediapart).

Autrement dit, ce n'est pas l'Etat qui va investir 10,5 milliards d'euros mais bien différents acteurs publics... qui n'ont pas été consultés lors de l'élaboration du plan de relance. Ainsi, le plan prévoit que les collectivités locales procèdent à des investissements (constructions, voiries, aménagements) à hauteur de 2,5 milliards d'euros. Mais ces dernières n'ont pas été associées à l'élaboration du plan et rien n'indique que les collectivités locales pourront mobiliser ces sommes dans leur budget en période de crise. Il s'agit donc d'un engagement virtuel, qui n'est pas assuré.

De la même manière, les 4 milliards d'investissements des entreprises publiques ne correspondent pas à 4 milliards d'euros mis sur la table immédiatement par l'Etat. L'Elysée s'est engagée sur ce montant, sans que l'on sache si les entreprises publiques ont effectivement les capacités d'investir cette somme. Par exemple, dans son discours du 4 décembre, Nicolas Sarkozy a évoqué "Gaz de France" comme entreprise publique susceptible d'investir. Sauf que "Gaz de France" n'est plus une entreprise publique, l'Etat ne possède plus que 35,7% du capital de GDF-Suez... entreprise privée. Autre exemple : pour illustrer la relance des investissements publics, Nicolas Sarkozy a cité le projet de construire 4 lignes de chemin de fer à grande vitesse entre 2010 et 2014. Inclus dans le plan de relance, cet investissement était déjà prévu dans le Grenelle de l'environnement. Nicolas Sarkozy ou l'art de faire deux annonces pour le même projet.


Par conséquent, sur 10,5 milliards d'euros d'investissements publics, seuls les 4 milliards d'euros effectivement investis par l'Etat sont garantis. Et ces 4 milliards d'euros ne constituent pas forcément un effort supplémentaire de l'Etat puisque ce chiffre prend en compte des investissements publics déjà prévus. Mais dans l'esprit du public, seul compte le chiffre virtuel de 26 milliards d'euros...

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