Quand le cabinet noir d'Yves Bertrand voulait nuire à un candidat à la présidentielle…

Livres politiques · 8 déc. 2008 à 22:47

Jospin, Chirac, Yves Bertrand

L'ouvrage devait s'appeler Un passé qui ne passe pas - Les cauchemars en rose et brun qui hantent Lionel Jospin. Un éditeur avait été approché. Mais, à la dernière minute, le livre n'a pas été publié, l'éditeur a renoncé. Et pour cause, il s'agissait d'un brulot rédigé par des membres du cabinet noir d'Yves Bertrand pour nuire à Lionel Jospin en pleine campagne présidentielle. C'est ce que révèle Guy Birenbaum dans son ouvrage sur le cabinet noir.


Série : Quand les RG préparaient un livre contre Jospin...

Le cabinet noir

Quand le cabinet noir d'Yves Bertrand veut nuire au candidat Jospin en 2002

En 2002, pour préparer au mieux sa campagne présidentielle, Lionel Jospin souhaite publier son un livre d'entretien avec le journaliste Alain Duhamel, chez Stock. Mais ce projet n'est guère au goût de son principal adversaire : Jacques Chirac.
Selon Guy Birenbaum, il fait appel à Yves Bertrand et son équipe du cabinet noir pour trouver une idée pour mettre à mal la réputation du candidat socialiste. Le cabinet noir aurait donc fait appel à deux auteurs, Jean-Paul Cruse, l'un des fondateurs de Libération et Didier Mathis, un inconnu, pour écrire un document à charge contre Lionel Jospin.

Un passé qui ne passe pas, le livre qui n'est jamais paru

Le livre se serait intitulé : Un passé qui ne passe pas - Les cauchemars en rose et brun qui hantent Lionel Jospin . Il y montrerait comment le candidat socialiste aurait fait partie des trotskistes pour compenser un passé fort douloureux : les auteurs insinuent en effet que le père de Lionel Jospin aurait été une sorte de collaborateur pendant la Seconde guerre mondiale. Rien n'est prouvé, le seul objectif de la manoeuvre est de déstabiliser Lionel Jospin et de semer le doute sur son passé et ses véritables motivations politiques.
Le livre aurait dû être publié aux éditions Carnot. Guy Birenbaum a d'ailleurs récupéré la préface ainsi que la lettre de refus de l'éditeur Patrick Pasin. Celui-ci n'envoie pas son courrier aux auteurs Cruse et Mathis mais au Secrétariat général de la Défense nationale, Hubert Marty-Vrayance. Pour Guy Birenbaum ce détail a de l'importance. Il cherche alors à comprendre ce qui unit ces différentes personnes et ne tarde pas à le découvrir : Hubert Marty connaît bien Thierry Meyssan, l'auteur d'Effroyable imposture, publié chez Carnot. Dans ce document, l'auteur remet en cause la version officielle des attentats du 11 septembre. Guy Birenbaum a la preuve de l'implication de Hubert Marty-Vrayance dans ce livre : il est nommé dans les remerciements. D'ailleurs sa direction, en faisant la même constatation, décide de l'écarter de la Direction centrale de la sécurité des systèmes d'information.
Encore une fois, Guy Birenbaum soupçonne le Cabinet noir d'être à l'origine de ce livre scandaleux et mensonger sur Lionel Jospin. Selon lui, Hubert Marty-Vrayance « constitue un modèle d'officier des RG formé pour fomenter et intoxiquer ». Enfin, il est parvenu à savoir qui se cachait derrière le pseudonyme de Didier Mathis : il s'agit de Didier Rouch qui n'est autre que le chef du cabinet des affaires réservées du directeur central des RG, Yves Bertrand.

Pour Guy Birenbaum tout cela ne constitue pas un hasard : le Cabinet noir est au service de Jacques Chirac. Il organise son réseau pour détruire la réputation de ses ennemis ou empêcher le lancement d'un livre contre le président de la République. Tout se passe dans le secret : le vol, l'anonymat, la diffamation seraient les attributs principaux de ce cabinet.




Guy Birenbaum, Le cabinet noir : Au coeur du système Yves Bertrand, Editions Les Arènes, décembre 2008

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