Les tensions au Parti Socialiste, vues par le Canard Enchaîné

Le Canard enchaîné · 20 nov. 2008 à 20:20

Le Canard Enchaîné

A l'issue du congrès de Reims, les socialistes apparaissent plus divisés que jamais. Depuis le ralliement surprise de Bertrand Delanoë, Martine Aubry a les cartes en main pour remporter l'élection au poste de Premier secrétaire. Quant à Ségolène Royal, elle apparaît comme la plus légitime auprès des militants, mais elle doit faire face à une forte hostilité de l'appareil, qui pourrait lui faire perdre l'élection. Dans tous les cas, les tensions risquent d'être très fortes au sein du Parti Socialiste, au point que certains en seraient presque à regretter la synthèse molle, version Hollande. Dans son édition du 19 novembre, le Canard Enchaîné revient sur ses tensions et publie les propos prononcés en aparté par les principaux dirigeants. Coups bas et insultes à peine feutrées sont au rendez-vous.


Source : "PS, les bas-fonds du congrès de Reims", Le Canard Enchaîné n°4595, 19 novembre 2008, page 2

Martine Aubry, la spécialiste du bluff

Le Canard Enchaîné s'est spécialisé dans la publication de propos prononcés en "off", c'est-à-dire ceux qui ne sont pas censés se retrouver dans la presse. La règle, au Canard, est la protection des sources. Tout le monde parle, rapporte des propos, sans être inquiété puisque le journal garanti l'anonymat des sources.
A ce petit jeu du "off", on perçoit un autre visage de Martine Aubry, qui n'a pas hésité à enfumer à la fois Ségolène Royal et Bertrand Delanoë. Selon le Canard, la maire de Lille aurait appelé Ségolène Royal la veille du congrès et lui aurait dit "C'est toi qui as la légitimité. Si tu es personnellement candidate au poste de premier secrétaire, je ne me présenterai pas contre toi. Mais si tu présentes quelqu'un d'autre à ce poste, alors j'irais". Elle a fait exactement le contraire.
Martine Aubry a également joué tactique avec Bertrand Delanoë. Le maire de Paris a expliqué à ses troupes, lors du débriefing après la nuit des résolutions que "toute la nuit, elle [leur] a fait croire qu'elle avait un accord avec Benoît Hamon en défendant sa candidature. C'était faux et uniquement pour qu'[il] se retire. Ce sont des méthodes à la limite de l'honnêteté (...) Martine a fait preuve d'une grande brutalité, elle a joué avec le feu. Elle a cassé le parti (...) Ce qu'elle a fait est totalement immoral". Ambiance...

Delanoë, un mauvais perdant qui se lâche

Bertrand Delanoë est le grand perdant du congrès à cause de son statut de favori. Il n'est arrivé que deuxième lors du vote sur les motions ce qui a été perçu comme un échec. Dès lors, une candidature contre Ségolène Royal apparaissait moins légitime. Il a donc renoncé en prenant le soin d'égratigner Martine Aubry, qui est la principale responsable de son échec. S'ils s'étaient alliés, Bertrand Delanoë serait devenu, à coup sûr, Premier secrétaire. Malgré ce ressentiment, au lendemain de la fin du congrès, le maire de Paris a appelé les militants à voter massivement pour Martine Aubry. Mais, face à ses partisans, lundi après-midi, il n'était pas tendre : "Ségolène n'est pas mon parti. Là où elle veut nous mener, ce n'est pas mon parti. Martine, elle, est archaïque, ringarde, c'est une salope. Elle m'a tué, mais c'est mon parti".


La lecture du Canard Enchaîné nécessité un certain recul étant donné l'anonymat des sources. Pour autant, l'absence le plus souvent de démentis des responsables politiques est le signe que l'hebdomadaire vise juste la plupart du temps. Cette information dérange car elle montre un visage de la politique qui n'est pas très glorieux. Voir notre dossier à ce sujet.




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