Municipales : la parité va-t-elle permettre d’élire plus de femmes ?

Revue de presse · 28 jan. 2008 à 20:27

La parité en politique

Les élections municipales se préparent. Dans les médias, il est question d'alliance, de rivalités entre les différentes listes, d'ouverture. Mais qu'en est-il de la parité ? L'Observatoire de la parité a fait son enquête et a constaté que 85% des têtes de liste sont des hommes. Aujourd'hui encore, alors que la loi sur la parité a été votée en 2000, les femmes ne peuvent prétendre à devenir maires.

Revue de presse du lundi 28 janvier 2008

- Editorial du Monde : Parité ou frilosité
- Le Monde : Cette année encore, "madame le maire" restera une exception
- Libération : La loi sur la parité : bilan dans les mairies après sept ans

Qu'est ce que la loi sur la parité ?

La loi du 6 juin 2000 marque un tournant dans la vie politique puisqu'elle exige une stricte alternance hommes/femmes sur les listes dans les villes de plus de 3500 habitants. Ainsi, les femmes sont bien plus nombreuses dans les conseils municipaux qu'autrefois. Depuis 2001, 47,4 % des élus sont des femmes. Le problème, c'est que la loi jusqu'à présent n'oblige pas que les hommes cèdent leur place aux femmes en tête de liste. Elles sont juste « prioritaires » pour figurer sur les listes. Néanmoins, elles représenteraient environ 35% des adjoints dans certaines villes. Ce qui est encore peu. Pour palier cet écart de représentativité entre hommes et femmes, une nouvelle loi, votée en 2007, impose la parité aux postes d'adjoints. Enfin, si les femmes accèdent plus facilement au poste de maire, elles sont rares à siéger aux conseils généraux.
D'aucuns pensent que cette loi sur la parité est vaine. Pourtant, on note que dans les villes de moins de 3500 habitants, non soumises à cette loi, les femmes, en 2001, ne représentaient que 30% des élus aux conseils municipaux. Finalement, les conseillères municipales ne représentent que 33% et les femmes maires 11%. Les hommes demeurent donc encore très majoritaires et semblent freiner l'ascension des femmes dans leur accession au pouvoir.

L'omniprésence masculine : 85% des têtes de liste sont des hommes en 2008

Pour les élections municipales de 2008, les hommes représentent 85% des têtes de listes dans les villes de plus de 20 000 habitants. Même si les différentes lois permettent aux femmes d'être plus présentes dans les listes municipales, leur place est minime par rapport à celle des hommes. Il n'est pas encore admis, au vu des chiffres, de concevoir qu'une femme puisse devenir maire d'une grande ville. Les partis politiques privilégient les hommes au détriment des femmes. C'est le cas à Reims par exemple où Renaud Dutreil a été préféré à Catherine Vautrin dans le camp de l'UMP. Ce n'est pas toujours une question de compétence mais de symbole. L'homme, contrairement à la femme, représente le pouvoir. Malgré les lois, l'évolution des mentalités est difficile à mettre en oeuvre. Le recrutement des hommes et des femmes pour figurer sur les listes est radicalement différent : les premiers sont issus des partis politiques tandis que les secondes proviennent des associations et de la société civile. Les conseillères municipales sont en moyenne plus jeunes que les conseillers municipaux : elles représentent plus de 55 % des élus de 18 à 24 ans et seulement 42 % des plus de 65 ans.

Le choix des partis politiques

Les partis ont une grande part de responsabilité dans l'application de la loi et l'accession des femmes au pouvoir municipal. Ainsi, dans les villes de plus de 30 000 habitants, 15 % des têtes de liste UMP sont des femmes. Elles seraient trois fois plus nombreuses qu'en 2001. Mais la résistance est forte : certains estiment que les hommes qui sont maires sortants depuis longtemps n'ont pas de raison de céder leur place aux femmes sous prétexte qu'une loi l'exige. Difficile, dans ces conditions, que les femmes fassent leurs preuves et soient elles aussi tout aussi crédibles que les hommes. Le PS semble légèrement plus ouvert à la féminisation : dans les villes de plus de 20 000 habitants, les femmes représentent environ 20 % des têtes de liste.
Pour que la parité s'instaure, il faut une véritable volonté des élus comme des partis. L'Observatoire de la parité suggère également de limiter le cumul des mandats et de moderniser le statut des élus.

Les élections municipales de 2008 seront encore fort masculines, malgré les lois obligeant une certaine parité. Les partis proposent quelques femmes en tête de liste mais continuent de privilégier les candidatures des hommes. Certains au PS prévoient même que si 25% des têtes de liste de leur parti sont des femmes dans les 400 villes de plus de 20.000 habitants, seulement 28 sur 91 ont une chance de l'emporter. La parité politique n'en est encore qu'à ses balbutiements.

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