Revue de presse du 21 Août 2007 : la visite surprise de Bernard Kouchner en Irak

Revue de presse · 21 août 2007 à 10:44

Kouchner en Irak

Aujourd'hui, Bernard Kouchner achève une visite de trois jours en Irak. C'est la première fois qu'un membre du gouvernement français se rend dans le pays après l'invasion américaine de 2003. Cette visite surprise signe un changement d'orientation de la diplomatie française. Mais dans quel but ?

A la Une de la presse

La presse revient aujourd'hui sur ce déplacement surprise. Selon le Monde, "Kouchner est en quête d'une solution politique" au conflit. Ce premier voyage est d'abord une reprise de contact. A Bagdad, "Kouchner prêche la patience aux Irakiens" titre Libération. "Kouchner est à l'écoute" affirme Le Figaro.

Un déplacement surprise pour témoigner de la solidarité de la France

Jusqu'au dernier moment, pour des raisons de sécurité, le voyage de Bernard Kouchner en Irak était tenu secret. Cette visite surprise est historique. Depuis la visite de Roland Dumas en 1988, aucun ministre français des affaires étrangères ne s'était rendu en Irak. Ce voyage est d'abord une reprise de contact avec un pays en pleine guerre civile. Kouchner n'arrive avec aucune proposition concrète, il veut simplement être à l'écoute et témoigner aux Irakiens de la solidarité de la France.

Rencontres avec des officiels mais les déplacements sont limités

Bernard Kouchner a rencontré le Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, ainsi que le président d'Irak, Jalal Talabani. Mais le ministre des Affaires étrangères ne rencontrera pas d'officiels américains car même si cette visite marque un tournant de la politique étrangère française, Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner n'ont pas l'intention de cautionner après coup l'intervention américaine de 2003. Tout a été fait pour que ce voyage ne soit pas interprété comme un soutien à la politique du président américain, George Bush.
Cette visite se heurte toutefois à quelques impératifs. Un temps envisagée, la visite à l'ambassade de France s'est avérée impossible. Située dans la "zone rouge", l'ambassade est soumise à couvre-feu dès 16 heures et ne dispose plus que d'une heure et demie d'électricité par jour.

La situation en Irak : guerre civile entre Chiites, sunnites et Kurdes

La guerre en Irak est officiellement terminée depuis 2003. En réalité, une guerre civile qui ne dit pas son nom a lieu dans ce pays depuis cette date. Les attentats se multiplient, d'abord contre les militaires américains perçus comme des envahisseurs mais aussi et surtout contre les Irakiens eux-mêmes. L'Irak est un pays divisé en trois communautés : les Kurdes et les Chiites d'un côté, les sunnites de l'autre. Pendant tout le règne de Saddam Hussein, les Sunnites ont dominé l'Irak et opprimé les deux autres communautés. Depuis la chute du régime irakien en 2003, les communautés s'affrontent entre elles. Des groupes armés sunnites organisent des attentats contre les Kurdes et les chiites. Ces derniers ont aussi une soif de revanche contre les sunnites après tant d'années d'oppression sous Saddam Hussein. L'administration Bush avait fait de la réconciliation une priorité pour que l'Irak puisse se reconstruire. Seulement, la semaine dernière, le gouvernement d'Union nationale a éclaté. Tous les ministres sunnites ont démissionné pour protester contre la politique menée par le Premier ministre.

Que peut faire la France ?

Le déplacement de Bernard Kouchner s'inscrit dans une politique volontariste souhaitée par Nicolas Sarkozy. Après l'Union Européenne, la prise d'otage des infirmières bulgares par la Libye, la France veut intervenir dans le dossier irakien. Pour l'instant, il s'agit d'une simple prise de contact. Mais que peut faire le gouvernement français par la suite ? La crise en Irak est si importante, la situation si troublée et bloquée que la France est en position d'attente. Selon plusieurs diplomates, la seule solution serait d'attendre la fin de la guerre civile, c'est-à-dire la victoire des chiites, majoritaires et opprimés du temps de Saddam, sur les sunnites.

*** Liens

- Vidéo : quand Bernard Kouchner s'emporte...



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