Bayrou : la stratégie de l'après 6 mai

Télévision · 3 mai 2007 à 20:52

La stratégie de Bayrou

François Bayrou vient de déclarer qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy. Si cette information n'a surpris personne, elle en dit un peu plus sur la stratégie du candidat de l'UDF. Les invités d'Yves Calvi ces dernières semaines ont essayé de décrypter la stratégie du candidat de l'UDF et les risques qu'il prenait. Quel score fera-t-il aux Législatives ? Soutient-il Ségolène Royal ou veut-il prendre sa place de leader de l'opposition ? Christophe Barbier et Roland Cayrol ont répondu à ces questions.

Législatives : Bayrou à quitte ou double

Si les 18% correspondent à des électeurs mécontents sur le moment, on peut s'imaginer que l'aventure Bayrou se termine en déroute les 10 et 17 juin prochains lors des élections législatives. Dans ce cas là, il n'est plus rien.
Dans le même temps, s'il s'agit d'un vote d'adhésion, il peut très bien provoquer des triangulaires et obtenir 60 députés. Il deviendrait une force incontournable pour constituer une nouvelle majorité.

Les stratégies du ni-ni, et-et, ou-ou

Pendant longtemps, François Bayrou a été accusé d'avoir la stratégie du ni-ni, ni droite, ni gauche. En réalité, il applique la stratégie du "et droite, et gauche". Il veut faire travailler le PS et l'UMP ensemble avec le parti démocrate comme force centrale car il est convaincu que chacun des électeurs est au fond de lui-même un peu de droite et un peu de gauche. L'électeur peut être à droite sur les questions de sécurité et plus à gauche sur les questions économiques et sociales.
François Bayrou a donc fait le pari du "et-et" avec une certaine réussite. Cependant, lorsqu'il faudra construire une majorité à l'Assemblée Nationale, Bayrou devra choisir l'un des deux camps. C'est la stratégie du "ou ou", ou la gauche, ou la droite. Mais il ne pourra pas constituer une majorité avec les deux étant donné qu'il peut raisonnablement espérer 60 députés à l'Assemblée mais pas plus aux prochaines élections législatives.

L'avenir de Bayrou dépend de l'avenir du PS

Si elle gagne, les tenants d'un PS très à gauche se retrouvent marginalisé. Si elle perd honorablement à 49%, le courant le plus à gauche pourra difficilement critiquer sa stratégie.
A moins de 48%, les socialistes historiques, rangés derrière Laurent Fabius, pourraient ré-ancrer le Parti Socialiste très à gauche en soulignant la stratégie de l'échec de vouloir s'allier à l'UDF.
Dans ce cas, ce serait un boulevard pour le parti démocrate de Bayrou.

Y'a-t-il de la place pour un parti démocrate et un parti socialiste ?

Si le parti socialiste devient un véritable parti social-démocrate alors le parti de Bayrou n'a aucune chance de survie. Mais si le PS maintient sa contradiction, tendance réformiste avec une pointe très à gauche, alors le parti démocrate de Bayrou peut occuper l'espace social-démocrate. Tout se jouera aux législatives.

La véritable stratégie de Bayrou : prendre la tête de l'opposition

François Bayrou a déclaré aujourd'hui qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy. Dans l'émission C dans l'air sur France 5, le directeur de L'Express, Christophe Barbier, a estimé que la position de Bayrou ne changeait rien. C'est lors de la première semaine de campagne du deuxième tour que le candidat de l'UDF a vraiment pesé.
Aujourd'hui, lorsqu'il dit qu'il ne vote pas Sarkozy, cela signifie qu'il entre dans l'opposition car il est persuadé que Nicolas Sarkozy va gagner. Bayrou veut être le chef de cette opposition.

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